Chapitre 2 : Les jeunes recrues du baron

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Le camp était silencieux, seul le croassement des corbeaux troublait la paix du bivouac.

Allongé sur le sac de couchage rudimentaire qu'il transporté avec lui, Rim réfléchissait. Une odeur de sueur avait envahi sa tente, le mercenaire soupçonnait ses aisselles d'en êtres responsables.
Il ne parvenait pas à trouver le sommeil.

D'après Evendeur, la campagne devrait commencer le lendemain. Partagé entre la peur et le désir de vengeance pour ses frères tombés au combat, Rim ne savait trop quoi penser de son imminente rencontre avec les vampires. << Vampire >> ce mot resonnait dans sa tête.

D'après le plan du baron, les prémices de l'opération consisteraient en la prise de villes stratégiques adjacentes à la frontière, s'en suivrait également le sac des forteresses alentours et le pillage des villages, l'objectif étant durant les premières semaines, d'éloigner tout danger de la future colonie.
S'il n'approuvait pas particulièrement ce plan, Rim se gardait d'exprimer ses doutes. Après tout, il serait dommage de vexer le baron et de se priver d'une si belle occasion d'assouvir vengeance. En vérité, le mercenaire ne voyait en cette campagne militaire qu'une nouvelle opportunité de châtier la maudite race vampire pour ses maintes exactions. Autrefois stratège accompli et commandant de renom, le reitre n'était à ce jour que l'esclave d'un fanatisme borné.
La perte de sa compagne, et de tant de ses frères d'armes, avait fait de lui une bête exsangue de tout sentiment, qui tuait pour étancher sa soif sanglante.

Le reitre observait avec compassion la bougie mourante qui illuminait la tente. Sa danse gracieuse le renvoyait à ses jours heureux.
Lassé d'un spectacle si ennuyeux le mercenaire finit par se lever, et continuant sa réflexion tira son arme de son fourreau.
Une magnifique épée dont la lame miroitait les éclats de la petite flamme.
La garde était légèrement abîmée mais le manche lui était resté intacte malgré les années. Rim sortis de son sac un chiffon et se mit à astiquer en astiquer le fer de sa Claymore, l'ôtant de ses rares taches et imperfections.

L'espérance : voilà le joli petit nom dont il l'avait affublé. Elle comptait beaucoup à ses yeux. Le mercenaire en avait fait l'achat il y une décennie de cela, auprès d'un forgeron dépourvu de talent. Depuis ce jour, l'épée le suivait partout où il allait, tenant résidence à gauche de son baudrier, emmitouflée dans le cuir d'un fourreau brodé de cuivre.

Une fois son arme de poing révisée, Rim décida d'ausculter son heaume. Récupéré sur le visage béant d'un étripé après une bataille meurtrière, ce dernier conservait de ses deux années de service une surface cabossée sur son flanc droit. Le soudard essuya à l'aide de son chiffon, les dernières traces de carmin qui entachait sa visière.

Rim rangea son attirail, il s'apprétait à souffler sa bougie lorsque. Lorsque Darquois pénétra la tente. L'air froid s'engouffra à sa suite, soufflant les chandelles en une brève bourrasque.

- Que viens-tu donc faire ici à une heure si tardive !

- Disons que j'ai eu quelques problèmes avec une escouades de piquiers, je suis venu chercher l'asile.

Darquois portait sous sa cuirasse rayée une épaisse cotte de mailles. Ses cheveux habituellement plaqués sur l'arrière de sa tignasse descendaient vers le haut de son front, emportés par le poids de la neige qui s'y était amassée.
Ses joues creusées rougissaient du feu dansant de sa torche, de surcroit, il affichait son air satisfait habituel, faisait fi de sa récente mésaventure.

- Ne me dis pas que tu as encore abreuvé de pauvres gens de tes fameuses << idées révolutionnaires >>, toutes inspirées de l'idéologie Rotiste !

Mercenaire le tribut du sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant