3. La rencontre

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Mes pas avaient foulé le sol de manière déterminé. Prête à tout pour y arriver.
Il s'agissait de ma première année à l'université. Fac de droit plus précisément. Ce choix de spécialité a choqué tout le monde dans mon entourage. À la base, j'étais destinée à devenir kinésithérapeute. C'est ce que j'avais toujours dit, ce que j'avais toujours compté faire.. Ou plutôt devrais-je dire ce que l'ancien moi avait toujours envisagé. La "nouvelle" moi avait besoin de changement. Changement capillaire, changement stylistique et donc changement d'orientation.
Premier cours du matin : histoire du droit. Et j'étais pile à l'heure.
Je me souviens avoir balayé la salle de cours. Un amphithéâtre. Voilà ce que c'était. Oui, c'est grand ! Des sièges rouges alignés avec des plates-formes pour pouvoir poser cahiers, ordinateurs... et tout ce que l'on veut, une estrade pour le professeur, un vidéo projecteur avec son écran associé. Sans oublier l'amas d'au moins 200 personnes qui le composait. Aucun visage familier, personne ne me connaissait et cela m'a enchantée.
Ce cours était parfait. Il m'apprit des tas de choses. Il était beaucoup moins barbant que ce que j'imaginais. Ceci dit le mot "histoire" m'avais bien trompé. Je m'étais attendu à un cours lancinant, barbant même, dans lequel j'aurais sûrement terminé ma nuit...
C'était dans le cours suivant que je fis la connaissance d'Emma.
- Le siège est libre ? me demanda cette jeune femme aux cheveux rouges qui n'a pas attendu ma réponse pour s'installer.
Elle était surexcitée.
- Ce n'est rien, me souviens-je avoir répondu. Ruby, enchantée.
Emma s'était mise à rire et moi, j'avais souri. Ce petit bout de femme m'avait l'air d'être une véritable boule d'énergie. Tous au longs du cours, elle s'était mise a me parler. Une véritable pipelette.
- Tu viens manger ? m'a-t-elle demandé. Ce que j'ai refusé sur le moment.
- Allez, a-t-elle insisté en me prenant par le bras.
Étourdie, Angoissée, voilà ce qui ce passa à ce moment là. J'avais essayé de ne rien laisser paraître, mais c'était plus fort que moi. Les contacts physiques ne me plaisaient pas. Je les évitais au maximum. Je me suis libérée de cette prise, assez brusquement vu sa réaction et suis partie rapidement vers un banc à l'extérieure de la fac sur lequel j'ai mangé et attendu que le prochain cours commence.

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Aedan. Voilà son prénom. Connotation irlandaise qui sonnait convenablement sur la langue.
"Il est craquant". Voilà ce qu'Emma m'a dit la première fois qu'elle l'a vu. Voilà les premières paroles que j'ai pu entendre sur lui. Emma était, à ce moment-là, une connaissance que je venais de me faire en fac de droit, maintenant, c'est la meilleure des amies que je puisse avoir.
Notre professeure, Madame Saruezze, était enceinte et nous présenta Aedan comme étant son assistant. Il était beau. Véritablement beau. Ses parents devaient être des gens bien pour avoir engendré un enfant aussi beau. Je sais, de nombreux adjectifs pouvait être utilisé pour le décrire, mais à ce moment-là seul cet adjectif enfantin parvenu à mon esprit.
Aedan était brun. Le beau blanche. Assez grand. Il portait un jean noir, simple et un sweat blanc à capuche noir. Il avait un corps proportionnel, ni trop gros, ni trop fin. Musclé, mais pas trop. Aedan était mon idéal masculin. Mais tout compte fait, ce n'était pas ça qui m'intrigua le plus. Nous aurions pu nous en tenir là. Moi, en amphi, en train de la regarder. Lui, n'ayant pas connaissance de la situation. Mais ceci ne se passa pas comme ça. Non. Il fallut que je fasse tomber ma trousse sur ma voisine d'en face. La question : mais pourquoi ai-je emmené une trousse dans un amphi ?. Réponse : toujours aucune idée. Le bruit que fit le déballage de ma trousse ainsi que les injures porté en ma personne par ma camarade d'en face portèrent l'attention sur moi. Il porta son attention sur moi.
Il me regarda. Droit dans les yeux et blêmi. Pourquoi ? Je n'en ai pas la moindre idée. Et cela, m'importais peu. Rien ne comptait à ce moment-là. Son regard plongeait dans le mien comme s'il voulait y trouver une réponse à une question qu'il se posait. Personnellement, j'étais comme paralysée. Impossible de soutenir son regard, mais aussi impossible de détourner mes yeux. J'étais dans une sorte d'entre-deux complètement incompréhensible exprimant ma totale incompréhension. Ce floue total entre nous sembla le surprendre autant que moi.
- Tes affaires, me cria la victime de ma trousse.
Voilà ce qui nous déconnecta. Sans un mot échangé, nous détournâmes les yeux et le cours pu commencé.
Je me souviens, que ce cours avait été l'un des plus longs de ma vie. J'avais du mal à rester concentré. La présence d'Aedan me perturbait et je n'avais pas pris réellement de notes.
Le soir même, en rentrant chez moi, j'avais appelé ma grand-mère. Je lui avais raconté ma journée et lui avait promis de venir la voir très bientôt - ce que je fis. Carole Wesfeild, la bonne cinquantaine, bien portante, cheveux colorés, était une femme pleine de vie, toujours en mouvement, toujours à prendre soin d'elle et surtout toujours là pour moi.
Ensuite comme tous les soirs, j'avais arpenté les murs des publications de mes réseaux sociaux. Des banalités, comme toujours, mais un passe-temps dont j'étais/je suis malheureusement addicte. Ma routine internet terminée, j'avais décidé d'aller prendre une douche, la troisième de la journée, en envisageant de retravailler mes cours devant une bonne série juste après.

La Joie d'un MasqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant