13. Excuses et hôpital.

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Jeudi matin, il faisait encore nuit quand je suis sortie de chez moi. Cela faisait trois jours que le père d'Emma était à l'hôpital. Cancer. Voilà ce qu'elle m'a annoncé. Je me souviens quand elle a cru que c'était moi qui en avais un. Je m'en suis instantanément voulu de m'être disputée avec elle et surtout d'avoir passé mes nerfs sur elle. Après un long échange au téléphone, je me rendis compte que finalement notre amitié n'avait pas bougé. Aussi casse-pieds et énervante soit Emma c'était ma seule amie et la seule pensée de savoir Emma à l'hôpital, mal et triste me fit mal au cœur.
Étape 1 : Direction le bus. 7 minutes à pied exactement. Il y avait peu de luminosité et cela m'inquiétait. Je faisais des pas rapides vers mon objectif. J'analysais tout. Je ne pouvais m'en empêcher. Je me surprenais à me retourner plusieurs fois pour vérifier que personne ne soit derrière moi. La rue me menant à ma première destination était complètement déserte. Elle longeait de nombreuses maisons mitoyennes semblables les unes avec les autres. Cependant, l'une accrocha mon regard. Elle était en briques rouges, malheureusement délavées, mais avec une très jolie porte bleu, au contraire de ses compères qui se contentaient d'une porte en bois vert. En continuant mon chemin, je passais devant un petit magasin   d'alimentation,bien évidemment fermé à cette heure. Arrivée à l'arrêt, j'étais à bout de souffle. C'est à cet instant que je me rendis compte que je n'avais pas respiré convenablement depuis quelque temps..
Étape 2 : Le car maintenant. J'arrivais aussi pitoyablement que pour le bus. Le chauffeur n'était pas très aimable et ne répondait pas au bonjour respectueux que je lui donnais. Vive la politesse. Ce n'était qu'au moment de payer mon trajet que je me rendis compte qu'il avait bien une langue. Douze euros vingt. Voilà ce qu'il m'annonça. Voilà le son qui sortit de sa bouche. Il était plutôt grand, quasiment chauve et porteur de lunettes. Son physique montrait qu'il avait un bon coup de fourchette. Ce qui prouvait que sa bouche pouvait s'ouvrir.
Le paysage : De la verdure. Encore et toujours et quelques fois quelques petits villages.
Étape 3 : L'hôpital. Et pour cela pas besoin d'un bus. Seul mes petites jambes pouvaient m'y amener.
Arrivée ! Enfin. Je me félicitais psychologiquement d'avoir tenue le coup.
Prochaine étape et non des moindres : Rejoindre Emma dans la chambre de son père.
Elle se situais au troisième étage. Direction l'oncologie. Je rejoignis l'ascenseur et fus surprise de tomber sur Emma qui en sortait.
- Ruby ! Tu es enfin là ! Je suis tellement heureuse m'avait-elle dit toute émue.
- C'est normal. Comment va ton père ?
- Oh il va bien. Tu sais il est assez optimiste. En plus, le cancérologue nous a dit qu'un cancer de la prostate se soignait bien.
- Je suis soulagée d'entendre ça. Il est dans sa chambre ?
- Oui je vais lui chercher un café. Tu m'accompagnes ?
- Bien sûr. Je ne vais quand même pas faire toute seule la rencontre avec ton père. Déjà que l'endroit n'est pas super idéal alors tu imagines...
- Oui question bête. Mais ne t'inquiète pas mon père est cool. Je te remercie encore d'être venue m'avait-elle dit.
- C'est normal, tu es mon amie. Je suis encore désolée pour la dernière fois avais-je répondu.
- Tout est oublié. Tu es là maintenant c'est tout ce qui compte. Mais compte sur moi pour te rappeler que tu me dois quelques petites explications...
- Le contraire m'aurait étonné... mais pour le moment le sujet principal c'est ton père.
Nous partîmes donc chercher trois cafés ainsi que des journaux parlant de sport que j'ai payé malgré une bataille acharnée avec Emma. Je me sentais assez coupable d'être venue les mains vides et après un interminable débat et un raclement de gorge du caissier, Emma a capitulé.
Une chambre d'Hôpital n'est pas ce qu'il y a de mieux pour faire des rencontres et encore moins des présentations. Malgré cette ambiance quelque peu étrange, James Dezart est un homme d'une quarantaine d'année très gentil et très drôle. Malgré sa situation, il garde le moral. Je sais qu'il essaie de garder la face devant sa fille. Il faut dire que je suis une experte dans ce domaine.
La journée passa rapidement.
17 heure : il était temps de partir. Direction le bus..
En sortant de l'ascenseur, je me heurtais violemment contre quelqu'un. Et ce quelqu'un c'était Aedan. Forcément ! Il fallait qu'il soit là lui aussi. C'est temps-ci, j'avais l'impression de le croiser partout. Il était toujours là au bon moment.
- Désolée Ruby, tu ne t'es pas fait mal ?
- Non. Tu n'es pas un mur donc tout vas bien. Que fais tu ici ?
- Je viens voir ma tante. Elle travaille ici. Et toi que fais tu là ?
- Le père d'Emma est ici. C'est un patient.
- C'est grave demanda-t-il assez inquiet.
- Ça va aller. Voici la seule réponse que je fut capable de lui donner.
J'étais sur le point de partir quand il me dit :
- Tu rentre comment ?
- En car, pourquoi ?
- Tu veut que je te ramène ?
- Pourquoi ferait tu ça ?
- Parce qu'on habite dans la même ville. Ne t'inquiète pas je ne te raccompagnerais pas chez toi. Je te déposerais au parc.
- OK. Si tu insiste. Mais tu ne devais pas aller voir ta tante ?
- Je repasserais. Elle comprendra.
- Je ne veut pas compromettre tes plans. Je suis désolée. Je t'assure que je peux rentrer en car.
- Je sais que tu peux le faire. Mais c'est mieux de rentrer en voiture non ? J'acquiesçais. Et ne t'inquiète pas pour ma tante. Je la vois souvent.
Nous gagnâmes rapidement sa voiture. Durant le chemin, nous parlâmes de chansons et de fac. Pas une fois nous ne reparlions du baiser échangé. Et à vingt heures j'étais rentrée chez moi. Aedan est vraiment un gars bien. Il est beau et séduisant, ça, on ne peut pas le nier. En plus, il est intelligent et il écoute de la bonne musique.

C'est un ami. Je suppose . Et j'espère que ça ne changera pas. J'espère qu'il ne tentera pas une approche plus intime comme la dernière fois. Pas que je ne le veuille pas. C'étais si bon.. Mais on ne dois pas... J'adore cet homme et je ne veux pas le faire souffrir... C'est ça mon problème.

La Joie d'un MasqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant