7. Le devoir insurmontable

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Moi : comment tu connais mon prénom ?
Inconnu : je te connais.
Moi : tu me connais ? C'est-à-dire ? De mon ancien lycée ? De la fac ?
Inconnu : je suis à la fac. Mais je te connais ni de l'un ni de l'autre.
Moi : vraiment bizarre comme mec... Que connaît tu d'autres sur moi ?
Inconnu : je sais que tu adores lire et écouter de la musique. Que tu as un petit frère et que tu fais semblant que tout va bien même quant au fond de toi, tu sais que ce n'est pas le cas
Inconnu : je sais aussi que, quelques fois, tu t'autorises à sourire et à rire sincèrement... Ces fois-là sont peu nombreuses d'ailleurs
Moi : ouah ! Tu en sais beaucoup sur moi. Je t'assure que ça fait cingler.
Inconnu : bon, que fais-tu mademoiselle Ruby ?
Moi : je me prépare pour aller en cours et vu que je suis en avance, je te parle. Ma copine n'est pas là de la semaine et donc je n'ai que ça à faire.
Moi : Ps : ne va pas croire que j'aime te parler, c'est juste faute de mieux.
Inconnu : tu viens de me briser le cœur Mademoiselle Ruby. Fait toi d'autres amies.
Moi: je ne suis pas très sociable... Tu devrais le savoir toi qui connais tant de choses sur moi.
Inconnu : je ne sais pas tout... Mon cours commence. Passe une bonne journée Ruby.
Ces échanges me semblaient de plus en plus étranges. Mais cela devenait un véritable passe temps. Emma n'était pas là de toute la semaine. Ça allait être long.
« Aujourd'hui, je vais vous donner un sujet de devoir à me rendre pour vendredi soir. Il est à faire seul ou en duo. Si vous avez des questions ou des difficultés n'hésitez surtout pas à m'envoyer un mail. Maintenant, reprenons le cours d'aujourd'hui ».
Voilà comment avait commencé mon cours de droit civil.
Sujet : « Faites un commentaire de texte synthétisé avec deux grandes parties et sous parties sur les notions et mécanismes du droit civil susceptible d'être utilisés en droit des affaires... »
Et forcément, Emma n'était pas là.

Jeudi est arrivé, et je n'avais toujours pas la moindre idée de comment le traiter. C'était une catastrophe.
Inconnu : Hey, Mademoiselle Ruby comment vas tu ?
Moi : salut. Je suis déprimée. J'ai un devoir en droit civil que je dois rendre demain est impossible de m'y mettre. Je galère.
Inconnu : mais non t'inquiète, tu vas y arriver. Je crois en toi.
Ce message m'a touché plus que ce que j'aurais voulu. Cela m'a soulagé. Il fallait que je m'y mette. Heureusement, j'avais mon après-midi de libre : une prof est absente.
Ma sacoche sur l'épaule, direction m'installer dans un café pour utiliser du wifi gratuit - je n'ai pas encore installé Internet chez moi. Le Dalty's: voilà comment ce nomme le café. Avant de travailler, j'ai décidé de commander un café et un donut.
- Un café ? Rien de plus traditionnel non ?
Aedan. Toujours, là, quand on s'y attend le moins. La dernière fois au magasin de disque et à ce moment-là, ici.
- Tu comptes toujours arriver en mode furtif ? Tu m'a fait peur. Encore !
- Excuse-moi. Tu fais quoi ici ?
- Je commande un café. Ça ne se voit pas ?
- Si, a-t-il dit en riant. Mais à part ça ?
- Je viens profiter de le wifi gratuit pour faire un devoir.
- Ah oui le devoir en droit civil...
- Comment tu sais ?
- Je suis en droit Ruby. J'ai déjà eu ton devoir. Monsieur Chavez ne change pas ses sujets.
- Comment tu connais mon prénom ?
- Tu poses toujours autant de questions ? Je connais ton prénom, car j'ai récupéré ta feuille d'information que j'ai transmise à Madame Saruezze. Je l'ai lue à ce moment-là.
- Mouais... Désolée, je me méfie des gens que je ne connais pas. Et je ne te connais pas.
- Mais si tu sais que j'aime les bons CD et que j'ai déjà fait ton devoir.. Tu as besoin d'aide.
- Je ne sais pas...
- C'est comme tu veux. Mais je t'assure que je peux t'aider. J'ai le temps.
Je sais que j'aurai dû refuser. Je ne le connaissais pas. Mais une partie de moi m'incitais à dire oui. Et puis n'allons pas se mentir, j'étais au point mort niveau devoir. Ça ne pouvait pas me faire de mal.
- Bon d'accord. Merci beaucoup
- Viens on va s'installer là m'avait-il dit en indiquant une table dans le renfoncement près d'une fenêtre.
Aedan et moi avons passé toute l'après-midi ensemble. Il était vraiment calé dans le domaine du droit. Dans n'importe quelle spécialité d'ailleurs. Il m'a vraiment bien aidé. Et vers 17 heures nous avions terminé.
- Je te raccompagne ? Me proposa Aedan
- Désolée, mais je ne préfère pas. Qui sais-tu es peut être un psychopathe avis-je dit sur le ton de la plaisanterie ?
- Un psychopathe qui t'aide à faire un devoir de droit ? Rigola t-il à son tour
- Merci beaucoup. Sans toi, je ne sais pas comment j'aurais fait.
- Je peux au moins te raccompagner jusqu'à mi-parcours.
- Bien sûr
Nous marchâmes un certain temps. Et finalement, au bout de quelques minutes, Aedan coupa le silence :
- Alors d'où t'es venue ta passion pour les CD ?
- Ma mère me chantait des chansons tous les soirs avant de m'endormir. Ce n'était pas de berceuse pour enfants ni des comptines, c'étaient des vraies chansons. De vraies bonnes chansons. Et quand elle ne pouvait pas être là pour le faire elle me mettais un disque dans la chaîne hi-fi de ma chambre. Je ne m'en suis jamais séparé. Et maintenant je ne me vois pas sans.
- Je comprends. Les Cds me passionnent. Pas pour les mêmes raisons bien sûr. Moi, c'est juste par amour du disque.
Vingt minutes plus tard, nous étions toujours dehors à marcher, à parler et à rigoler.
- C'est encore loin le mi-chemin pour chez-toi ?
- Oh non désolée c'est carrément à l'opposé d'où nous sommes
- Ce n'est pas grave, c'est sympa de traîner avec toi. Tu es aussi mignonne qu'intelligente.
À ce moment-là, j'ai rougi. C'est toujours sympa de s'entendre dire de tels compliments.
- Je vais devoir te laisser, j'ai des choses à faire. Mais on se voit bientôt Ruby.
Sur ces paroles, il voulu m'embrasser sur la joue, se ravisa, me fit un sourire (aussi charmant soit il) et parti. Et moi, après l'avoir suivi du regard, je rentrai chez moi.

La Joie d'un MasqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant