Les pieds dans l'eau

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Le soleil se lève et doucement, la vie reprend son cours. Les premiers rayons s'invitent délicatement entre les rideaux, rythmés par la brise estivale ; ils viennent réchauffer la peau de la petite fille encore endormie, voyageant paisiblement entre quelques coquillages. C'est loin, très loin, qu'elle se voyait tendre les bras, lentement ; sourire au soleil, à l'océan. Elle sentait le doux sable blanc lui chatouiller les pieds ; rencontrait quelques coquillages et galets que la mer lui avait laissé. Là-bas, là-haut, le soleil s'apprêtait à se coucher ; les couleurs se réchauffaient et l'océan s'était calmé. Et ici, tout près, elle sentait comme un bonheur qu'elle n'avait encore jamais espéré.


Tout n'est qu'une illusion, le fruit de mon imagination.


Elle admirait, contemplait. Le tableau sous ses yeux, lumineux, peignait la mer à ses pieds de chaudes couleurs, d'un bel orange qui réchauffait son cœur. Elle soupirait, se lassait. Ce bien-être, écrasé par ce poids qu'elle avait appris à vivre avec, est sur le point de s'évaporer tout doucement sous ses yeux. Sans pouvoirs, sans droits. Elle assistait impuissante à cet éclat de miroir, au reflet de soi. Elle sentit sa gorge se nouer, une boule se former et des larmes lui monter. Serrant le point pour ne pas craquer, elle soupira une nouvelle fois, un sourire léger.


Que le temps s'arrête, que les lumières continuent de m'éclairer.


Elle prononçait ces quelques mots, enfouit parmi toutes ses pensées. La petite fille s'autorisait quelques minutes de plus devant ce spectacle. Elle s'asseyait au bord de l'eau, près des vagues qui s'effaçaient lentement sous ses yeux suppliant le ciel de lui permettre de rester plus longtemps. Quelques éclats de rire résonnaient ; elle se souvenait de lui, de ce nous qu'ils s'étaient promis. Elle se souvenait de ses bras qui l'enveloppaient, de sa voix qui la réconfortait. Elle se revoyait avec lui, tout sourire.


Parce qu'on était plein de rêves et on ignorait la peur.


Là-bas, elle ne se sentait étrangement jamais seule. Elle savait qu'il était là, tout près, qu'il veillait sur elle et qu'il souffrait tout autant qu'elle. Un sourire nostalgique, un sentiment désolé qui pourtant ne peux être réparé. Elle s'allongeait sur le sable, le nez vers ce parfait orange. Les derniers rayons du soleil venaient l'enlacer, l'embrasser ; comme un adieu, un au revoir. Comme si un lendemain n'existait plus, comme si aujourd'hui n'avait jamais été vécu. Elle aurait aimé rester encore plus longtemps, profiter du temps qui semblait être suspendus pendant un moment. Vivre et rire dans ce rêve merveilleux, revivre les jours heureux ; une promesse chuchotée, un pacte qu'elle aurait aimé voir lié.


Le soleil s'élève, plus haut dans le ciel. La brise continuait de faire danser les feuilles et caresser les joues de la petite fille endormie ; elle jouait délicatement avec les cheveux de celle-ci, qui portait cette fois-ci, un sourire paisible, angélique. Et dans ce rêve où elle voyageait, elle oubliait ce bleu océan dans lequel elle s'enfouissait. Et à lui, tout là-haut, elle lui faisait la promesse de revenir pour remettre les pieds dans l'eau.

Voyage entre les pagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant