Voyage entre les pages

Le renouveau

Tes pas s'illuminent dans le noir, quelle jolie mélodie dans cette nuit. La lune se reflète sur l'océan, brumeuse mais étincelante. Les vagues s'écrasent sur le sable puis disparaissent dans une dernière danse. Et tu t'éloignes de moi où seuls nos doigts nous connectent l'une à l'autre. Tu m'avances un doux sourire et je sais que même si les feuilles tombent ou que les tournesols fleurissent, ma main ne lâcherait pour rien au monde la tienne. On pourrait courir à vive allure ou s'arrêter pour prendre notre temps ; on pourrait tendre nos bras et laisser la brise nous caresser, ou crier à plein poumon et profiter de chaque moment. Et j'aurais aimé que l'on reste ainsi encore longtemps.

Mais je te revois, là. Ton regard s'ancre dans le mien, une dernière fois. Ta lumière, tu l'emportes avec toi. Seule, dans l'obscurité, je te vois peu à peu t'évaporer, ne laissant que derrière toi de milliers de poussières dorées soufflées dans un ciel étoilé. Je perds mes repères, j'en perds l'équilibre. Sous mes pieds, tout s'écroule et j'emporte avec moi ton dernier sourire dans cette chute libre. Un dernier soupçon d'amour, d'un cœur aux battements sourds.

Je vois le ciel d'un bleu resplendissant mais j'ai l'impression de m'y perdre, de me noyer dedans. Je vois l'azur m'enlacer, le soleil m'embrasser. Ses couleurs, elles me noient, mais je fais tout pour ne plus replonger. Mon cœur se serre étrangement ; pourquoi t'ai-je de nouveau trahie après tout ce temps ? Je ramène mes genoux à ma poitrine, enlace mes jambes pour me recroqueviller. J'ai l'impression qu'il n'y a que de cette manière que je peux te retrouver. Au fond, je sais, tu n'es jamais bien loin. Et je sais aussi que la faute me revient. J'ai balayé, effacé, refoulé et abandonné. J'ai recommencé, rompu notre promesse. J'ai attendu que les pendules tournent, j'ai laissé au temps cette victoire. Je me suis laissée couler sans jamais y croire. L'infini m'entoure, l'espace me semble si vaste mais si vide en même temps. L'eau m'étouffe, mais je sais que je vis ainsi à présent.

Je ferme les yeux, te revoilà. Tu attrapes ma main, me dit que tout va bien. Tes bras m'entourent et je fonds en larmes ; c'est tout ce dont j'avais réellement besoin. Saurais-tu me dire quand est-ce qu'on s'est lâché la main ? Ton reflet me manque, ce miroir sans fin. Dans un dernier soupir, ce soir j'écris pour toi sur ces pages volatiles où les mots s'empilent. Pour ce renouveau, un simple merci.

À toi, la Vie.