第20章

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   C'est en époussetant ses vêtements que l'adolescent sortit enfin de la maison dans laquelle il avait dû livrer combat. Soulagé d'être de nouveau à l'air libre, ses yeux se levèrent d'eux-mêmes vers la voûte céleste qui planait au-dessus de la ville. La rondeur presque irréelle de la lune et les étoiles scintillantes en toile de fond lui auraient quasiment fait oublier que ses compagnons et lui se trouvaient présentement dans une ville regorgeant de chasseurs de prime prêts à tout pour récupérer leurs têtes. Mais, évidemment, cela ne pouvait pas durer, puisque, à peine deux minutes plus tard, un grand bruit d'explosion trouva écho à travers la ville, atteignant les oreilles du vigile sans aucun souci.
   Inquiété par la puissance qu'il arrivait à ressentir de là où il était, le garçon-ailé ne tarda pas à décoller dans un bruissement précipité, se dirigeant directement vers l'origine du tumulte. Il ne lui fallut que quelques secondes pour apercevoir l'énorme nuage de fumée qui se dégageait très probablement de l'endroit qu'il cherchait à atteindre, ayant un vague sentiment de déjà-vu quant à plus tôt dans la soirée, lorsqu'il était parti à la recherche de Zoro.
   Espérant que cela n'ait rien avoir avec lui cette fois, Sky plana silencieusement dans la nuit, tâchant de ne pas se faire remarquer. En même temps, cela ne risquait pas d'être très difficile : on avait découvert sa présence que parce que les mercenaires avaient dû faire attention aux toits des bâtiments de la ville. Maintenant que la bataille semblait avoir pris un tournant un peu plus calme et resserré, les esprits étriqués des adversaires qui leur restait à affronter ne sentiraient pas le besoin de lever la tête.
   Il ne lui fallut pas plus d'une trentaine de secondes pour distinguer le feu ardent qui venait sans doute de naître. De là où il était, l'argenté aurait presque pu croire que les flammes cherchaient à atteindre le ciel tant leur chaleur s'étendait. Fronçant les sourcils face à ce bûcher infernal, l'Aria fut néanmoins quelque peu rassurer en le voyant perdre en volume pour finalement prendre une forme fumigène plus supportable. Pourtant, son soulagement ne dura pas longtemps.
   À peine l'incendie avait-il disparu qu'une étrange silhouette humanoïde s'éleva dans les airs, obligeant le vigile à s'arrêter s'il ne voulait pas être repéré. Plissant les yeux dans l'espoir de distinguer autre chose qu'une masse noire recroquevillée, il put déduire que ce qui avait bien l'air d'être un humain tenait un parapluie. Plusieurs questions fusèrent dans l'esprit du garçon-ailé, notamment celle qui demandait comment elle pouvait léviter de la sorte sans ailes. À priori, Sky avait toujours cru que seul le peuple Aria avait la possibilité de côtoyer les cieux. Visiblement, cette théorie s'avérait réfutable, bien qu'il ne sache pas trop comment cela pouvait être possible.
   Ne perdant pas une miette de ce qui se déroulait devant ses yeux — il ne pouvait pas se le permettre, peut-être que c'était cette silhouette qui avait déclenché le brasier un peu plus tôt — tout en restant à bonne distance, il put apercevoir la masse commencer à chuter vers le sol, de plus en plus vite, jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière un bâtiment et qu'un énorme fracas retentisse de plus belle. L'adolescent n'eut pas besoin de se creuser longtemps les méninges pour deviner qu'il devait s'agir de la silhouette, le forçant ainsi à se rapprocher pour avoir des explications.
   Dès qu'il eut dépassé un certain nombre d'habitations, le fameux champ de bataille qui avait attiré son attention lui fut enfin dévoilé. Un petit volute de fumée vint caresser ses narines et l'Aria plissa immédiatement les yeux de dégoût, son nez se retroussant. Il reconnaîtrait l'odeur de la chair brûlée entre mille, et ce n'était pas pour lui plaire.
   Maintenant sa stabilité d'un battement d'ailes contrôlé, le blanc examina rapidement ce qui avait été autrefois une rue de la ville, ne discernant pourtant aucun corps calciné. Or, bien que l'absence visible de cadavre le satisfit, la présence de trois autres personnes, bien vivantes, arriva à diriger son attention vers elles.
   À sa gauche se tenait un duo composé d'un homme à la peau noire et aux cheveux complètement ébouriffés, ainsi que de son complet opposé, une femme fine à la peau de nacre et dotée d'un parapluie décoré de fruits. L'esprit vif du vigile associa rapidement la silhouette flottante à cette dame, avant que ses yeux ne reconnaissent avec étonnement la jeune femme aux cheveux bleus que Luffy avait accepté d'escorter jusque-là depuis le Cap des Jumeaux. Cependant, à l'instar de son étrange partenaire couronné, il y avait un canard surdimensionné dont elle se servait visiblement comme monture. Décidément, le garçon-ailé comprenait de moins en moins la situation actuelle. Les mercenaires n'étaient-ils pas sensés chercher à éliminer les Chapeaux de Paille? Pourquoi se gêneraient-ils entre eux?
   Aucune hypothèse potable ne lui venait à l'esprit et Sky sentit l'agacement et l'incertitude monter en lui. Il n'aimait pas ne pas savoir ce que trafiquait l'ennemi. Cela le rendait plus à cran et plus susceptible de se précipiter sans avoir de plan bien établi. Pour lui, la connaissance primait sur l'instinct dans des batailles de grande envergure comme celle-ci, où connaître les intentions de l'adversaire était primordial. Pendant plusieurs minutes, cela avait été de les achever, Zoro et lui. Maintenant, on aurait dit que la fille aux cheveux bleus faisait également partie des cibles à abattre. Pourtant, elle était dans leur camp, non?
   L'adolescent n'eut plus trop le temps de cogiter en voyant le mercenaire à la peau sombre lever son bras gauche, son indexe replié contre son pouce, comme s'il allait donner une chiquenaude. Le geste intrigua l'Aria, sans pour autant réellement l'alarmer : il ne discernait rien de dangereux dans ce changement de position pourtant étrange.
   Or, ce à quoi il ne s'attendait définitivement pas et qui le fit immédiatement écarquiller les yeux, c'était que le minuscule objet que l'homme venait d'expédier vers la bleue provoque une ribambelle d'explosions — qui l'aurait d'ailleurs condamnée si Zoro ne s'était pas pointé pour trancher le projectile.

- Mister Bushido?!
- Argh, bon sang, j'ai tranché sa crotte de nez! se rebuta instantanément l'épéiste.

   Mister Bushido? Sa crotte de nez?... songea l'esprit momentanément H.S. de l'argenté. Il n'y comprenait — mais alors définitivement — plus rien.

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