Yoko s'arrêta en pleins milieu de la foule pour se retourner une dernière fois : elle vit bien Aisha au loin partir vers la station de métro sans arrières pensées. Elle resta un moment, inerte, à la regarder partir avec une étrange sensation qu'elle ne saurait décrire.
Elle soupira finalement en détournant le regard, la mine peinée presque. Jusqu'à ce qu'un coup de vent ne la fasse violemment frissonner. Sa main alla chercher le col de son manteau pour recouvrir sa gorge.
Mais il n'y avait pas de col.
- Aahh ! Misère j'ai oublié mon manteau et mon sac à l'intérieur ! Quelle tête en l'air ! s'exclama-t-elle spontanément en se ruant vers l'entrée de la bibliothèque.
Elle avait été tellement pressée par la marche rapide, ou plutôt fuite, d'Aisha qu'elle en avait oublié tout le reste. Elle n'avait pas voulu la perdre le premier jour, il lui avait fallu une réponse pour clôturer l'entrevue. Quitte à laisser traîner ses affaires dans un lieu qu'elle était loin de bien connaître.
Finalement en arrivant au département historique Humain en petite foulée, elle fut alpaguée par une conseillère de la bibliothèque qui sembla la reconnaître.
- Madame ! Tenez je pense que c'est à vous.
- Ah merci beaucoup ! s'exclama Yoko tout en se fondant en excuses. Je suis vraiment désolée de vous déranger pour ça, je suis vraiment tête en l'air parfois, et il faut que je travaille tout ça pour éviter que ça se reproduise et...
- Pas besoin de vous en faire autant ce n'est pas grave. la rassura l'employée Humaine. Je vous ai vu repartir en trombe du département peu après y être arrivée, vous sembliez très occupée par votre situation. Un oubli ça peut arriver.
- Oui je m'en doute mais...
Yoko croisa le regard bienveillant de son interlocutrice quelques secondes.
- Aahh... merci beaucoup. fit-elle en enfilant son manteau ainsi que son sac en bandoulière.
- À votre service en ses lieux ! Vous comptez rester parmi nous ?
- Oh non à vrai dire je vais rentrer chez moi. J'en ai assez eu pour aujourd'hui bien que cet endroit soit charmant.
- Très bien. Je vous souhaite bon retour et une bonne fin de journée, en espérant vous revoir à la bibliothèque.
- Oui, merci. Au revoir.
Elles se séparèrent après un vague geste de la main. Yoko réajusta la bandoulière de son sac, et noua le nœud de la ceinture de son manteau pour se diriger à son tour vers une station de transport. Elle n'en avait certes pas pour longtemps dehors, mais elle était horriblement frileuse.
***
Sur les quais, une petite foule s'était amassée au niveau des portiques d'accès au métro aérien. Les petites balises au sommet de chaque poteau disposé au bord du quai étaient encore illuminées de rouge, et des barrières bloquaient l'accès aux rails suspendus au-dessus du vide. Les voyageurs, plus ou moins pressés, fatigués, ou juste habitués s'étaient regroupés après l'annonce vocale, et encore plus lorsqu'on entendit l'air siffler à l'approche du train.
Humains et Androïdes rentraient chez eux, ou partaient ailleurs. Une sorte de monotonie de la cité, qui pourtant respirait toujours une vitalité : celle du mouvement. Et cette vitalité avait toujours le don de redonner de l'énergie à certains, dont Yoko. Elle ne se pressait pas aux portes lorsque les premiers étaient déjà à l'intérieur, elle se faisait même bonne dernière parfois. Elle aimait voir ce monde, et en faire partir comme une unité.
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HumandroiD
Science FictionEn 920 de l'ère Androïdienne Humains et Androïdes vivent en droits égaux. La vie commune de ses deux races est le résultat de presque un millénaire de remise en question de la vie sur Terre, et de la création du peuple Androïde. Cette égalité fut fo...