HumandroiD

Besoin Spirituel Entaché par une Réalité Judiciaire

La pilote fixait le plafond de sa chambre. Allongée dans son lit, comme incapable de s'en sortir. Ses paupières tremblotantes, sa bouche entrouverte, et son corps ne bougeant que sous les mouvements répétitifs et monotones de sa respiration.

Elle avait oublié depuis combien de temps elle s'était réveillée. Le jour était levé depuis longtemps, et sa chambre baignée de lumière. La ville n'était plus qu'une ambiance sonore au loin, peu bruyante.

Jamais elle ne s'était sentie aussi perdue. Le temps et la vie avançaient, mais elle avait l'impression d'avoir manqué un instant, comme si le reste était ailleurs tandis qu'elle avait pris un chemin déviant. Elle était plongée dans l'incertitude, et ne savait comment s'en sortir. Dans l'instant présent, son corps refusait de bouger. Dormir lui avait fait du bien, certes, mais dès le réveil ses pensées intrusives et confuses avaient refait surface et l'aspiraient à nouveau. À quoi allait rimer cette journée ?

La réalité lui était si déplaisante. Mais elle devait faire face à ses actes, et elle n'échapperait pas aux procédures. Et pourtant lorsqu'elle se refaisait le film de la soirée de la veille, tout lui semblait si rapide et impossible à cerner. Comme un moment qui essaillait de s'échapper de sa mémoire. Et pourtant la vision restait elle parfaitement nette : le visage de l'Androïde déchiré. Le paroxisme d'une violence injustifiable, de véritables actes de barbarie. Mais la pilote ne pouvait plus rien y faire, aussi repenser à ce souvenir ne lui proccura que la sensation de son sang circulant dans ses veines, comme si son corps allait bondir de lui-même pour détruire tout ce qu'il voyait.

Un son la sortit pourtant de sa bulle : son Hologramme. Il bipait vite en continue, ce n'était pas courant, c'était urgent. Elle eut un moment de flottement, le temps de rassembler ses esprits, puis se tira enfin de ses couvertures. Dévala les escaliers et en un battement de cil trouva l'emplacement de son moniteur, dont elle avait cru avoir oublié l'emplacement. Le symbole en projection lumineuse émit depuis l'écran n'était pas courant, mais sa signification plus qu'évidente.

Une figure de blason, troué par une étoile à six branches. Formel, assez démodé, mais qui se veut clair et net tout comme la section qu'il représente : l'ordre.

La pilote n'avait jamais imaginé voir un jour le blason de la police flotter au-dessus de son Hologramme. Mais aujourd'hui elle savait pourquoi il était là, malgré tout cela lui proccura un drôle d'effet. À son approche le moniteur réduisit le volume sonore de l'alarme jusqu'à s'éteindre de lui-même. La pilote resta là, un moment à le regarder, souffla un bon coup puis pressa l'écran pour débloquer le message. Finalement ce fut une annonce sonore qui sortit du moniteur.

<<Aisha B06.5, les représentants de l'ordre procéderont à votre interrogatoire quant à votre implication reconnue dans l'affaire d'une agression sur Androïdes, allant à l'encontre de la première Loi de l'Humanité et la Robotique. Veuillez répondre présente à votre domicile à 15h20 pour les accueillir.>>

La voix synthétique se tut. La pilote n'était pas surprise, juste assurée de savoir quand on allait lui poser les questions. Mentalement elle préparait déjà ses réponses, se refaisait la scène cherchant n'importe quel souvenir clair pouvant aider. Mais un mauvais pressentiment s'empara également d'elle : des Humains allaient venir. Elle allait devoir supporter leur spontanéité, leur technique de pression de groupe et leur manque de compréhension sentimentale.

La police était en cruel manque de membre Androïde, le secteur n'attirait pas. Pourtant beaucoup d'éléments de la profession nécessitait une bonne approche sociale, avoir un bon dialecte et de l'empathie était cruciale autant que l'efficacité lors d'enquêtes et éventuellement d'arrestations. Mais cela faisait des années que cette branche de la protection essayait tant bien que mal à maintenir une réputation rassurante. Car comme dans tous les domaines où Humains il y a : des bavures existent.