Un Monde qui Tremble, puis s'Effondre

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Besk ne répondit pas tout de suite. Il laissa un moment de flottement dans l'air. Comme s'il calculait encore ce qu'il allait dire. La pilote ne pensa cependant pas qu'il hésitait : sa position pouvait le lui permettre certes, mais Besk ne semblait pas être hésitant de nature mais plutôt réfléchit.

Venant de se rendre compte qu'elle était encore un peu bouche bée, elle ravala immédiatement sa salive et essaya bêtement de se repositionner dans sa chaise. Comme un pur prétexte pour subvenir à des pulsions purement superficielles. Elle avait l'impression d'être ridicule face à la stature sans défaut de l'Androïde.

– Aisha j'aimerais te réquisitionner comme soutien à la protection des Lois.

Ses yeux furent transpercés d'un étrange éclat. Qui ne dura qu'une fraction de seconde. Avant de disparaître dans l'obscurité de la pièce. La pilote fut à moitié surprise de ce sursaut d'organisme dans l'être artificiel : cela ne pouvait être qu'un reflet venant d'une source de lumière qu'elle n'avait pas vu ; ou alors venait-il de l'intérieur même de l'Androïde.

Sa déclaration l'intrigua tout de même, elle décida de ne rien dire et le laissa continuer.

– De manière personnelle.

Le corps de l'Humaine fut traversé d'une sensation inexplicable. Elle se redressa d'un coup mais au-delà de cette réaction purement physique son visage trahissa également son interrogation et surprise. Sa bouche s'entrouva à nouveau, et elle fronça les sourcils rendant ses yeux noirs encore plus perçants.

D'officielle, sa déclaration venait de s'écarter drastiquement de ce qu'elle pensait entendre.

– Mais pour cela je dois avoir ton accord.

– Mon accord ?

Elle le fixa profondément quelques secondes. Elle garda son calme alors qu'elle commençait à fulminer de l'intérieur. Mais se rendant compte de son attitude, elle détourna le regard et baissa les yeux au sol. Elle avait dit qu'elle était prête à tout : pourquoi cette déclaration la secouait autant ? Avait-elle parlé trop vite ? Était-elle vraiment en train de perdre la face au moment cruciale ? Son habitude passive encore et toujours la retenait d'entreprendre quoi que ce soit. Et pourtant elle voulait agir, peu importait l'échelle, mais lorsqu'on venait le lui donner l'occasion elle se rétractait. Presque trop effrayée de changer son quotidien insignifiant. Lâche envers elle-même.

Mais là il ne s'agissait plus de volonté ou manque d'audace. Cette proposition dépassait l'entendement !

– Je ne te tends pas de piège. Tu peux refuser.

Elle releva la tête. Malgré ses yeux attristés, Besk esquissait bien un sourire, comme si son masque de formalité c'était ésquinté.

– Ma proposition sonne assez immorale, j'en ai conscience.

"Mais vous avez autre chose derrière la tête c'est ça ?" demanda-t-elle avec colère dans sa tête. "C'est presque trop évident. Cessez toutes ces formalités et dites ce que voulez de moi."

– Mais de mon point de vue, tu es la seule qui pourrait accepter.

Elle sourcilla. Le discours qu'elle entendait ne lui plaisait pas. Le personnage en face d'elle changeait.  Elle avait l'impression que Besk s'amusait à l'infantiliser pour se fourrer son accord dans la poche. Se trompait-elle ? Peut-être, peut-être pas. Dans le doute elle resta silencieuse et attendit des arguments. En faite elle s'était trompée : les yeux de Besk n'étaient pas attristés, ils émettaient la pure malice.

Au fond d'elle, l'issue lui était déjà évidente. Il ne lui restait plus qu'à savoir comment elle allait se profiler.

– Je te considère pleinement Aisha. Je sais que tu penses beaucoup dans ta tête et que tu ne me dis rien. Mais je vais être honnête avec toi : oui, il est vrai que j'ai appris à tourner la situation en ma faveur, et celle-ci ne fait pas exception. À vrai dire ton silence me donne le champ libre.

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