L'académie des Colombes //en cours d'écriture//

Chapitre 9

   L'année commence bien pour les trois jeunes adultes, nouveaux à l'Académie. Ils ont adopté une routine et ont dorénavant leurs petites habitudes d'élève dans la plus grande école du royaume.
Théa s'est rapprochée des deux meilleurs amis, tellement qu'ils forment maintenant un trio.

Amélie repense souvent à la fête. D'abord, car la gueule de bois qu'elle avait reçu s'est gravée dans son esprit. L'insupportable mal de tête lui revient presque lorsqu'elle repense à ce dimanche matin, même le lundi avait été une épreuve. Ensuite, sa première soirée en société n'était oubliable en aucun point. Elle avait fait nombre de rencontres mémorables.

Ce qu'Ulysse lui avait dit est resté gravé dans se tête, elle se doutait qu'il avait très peu connu son père, le général étant mort quand elle avait 6 ans, Ulysse devait en avoir 7 ou 8. Mais l'idée que Théa et lui n'aient jamais connu leur mère ne lui était jamais passée par l'esprit.
Qui les avait donc élevé ? Leur mère était-elle morte ? Ou bien elle était tout simplement partie ? Ulysse la connaissait-il ? Ou il ne savait même pas qui l'avait mit au monde ?

La jeune femme avait revu Louis quelques fois, elle se sentait extrêmement bien avec lui. Pas autant qu'avec Charli, mais la joie communicative du garçon lui faisait du bien, elle riait de bon cœur en sa compagnie.
Cependant, elle n'avait revu aucun des autres jeunes qu'elle avait rencontrée lors de cette fête. Amélie avait appris, un peu plus tard, que ce groupe d'amis s'était créé grâce au club de combat magique de l'Académie : le CCM.

Amélie s'est fait la certitude de ne jamais approcher ce club, de loin autant que de près. Elle n'en récolterait que blessures ou découragement. Découragement car la jeune femme sent que, jours après jours, le ravin entre elle et les autres élèves de première année se creuse un peu plus. Elle arrive systématiquement dernière dans le classement de la classe et, à chaque correction elle se rend compte qu'elle réfléchit souvent à côté de la plaque. Elle ne se sent pas à sa place parmi ces étudiants qui ont suffisamment de puissance pour créer un feu seulement avec leurs mains. Elle se sent intruse de ce monde, dirigé entièrement par les plus riches et les plus puissants.
Malgré ça, Amélie ne perd pas espoir : elle travaille sans relâche, jour et nuit, autant la semaine que le week-end. Des cernes commencent d'ailleurs à apparaître sous ses grands yeux, et Charles les a bien remarquées. Il ne s'inquiète pas pour autant, il était conscient, dès le début, qu'Amelie aurait à se dépasser pour arriver au niveau des autres, mais, il n'a aucun doute sur le fait qu'elle réussirait. C'est une jeune femme forte qui sait quelles sont ses priorités. Il n'hésiterait pas à l'aider si elle en avait besoin mais il doutait qu'Amélie le laisse faire. Elle avait la fâcheuse habitude de ne pas accepter l'aide facilement.

Ce qu'Amelie ne sait pas c'est qu'il n'y avait pas que le prince qui avait remarqué son changement physique. Certains s'inquiètent : Théa, Yuli, Ulysse et Austin avaient noté son air fatigué, la couleur pâle de son visage et les poches bleutées sous ses yeux.
Certains professeurs ont aussi remarqué cette dégradation, mais Amélie sourit toujours autant. Elle n'a pas l'air aussi fatiguée que le montre son physique : tout exprime chez elle le désir de réussir. Ils ont la certitude qu'elle y arriverait.
Pour cela, les enseignants ne l'accablent pas de reproches sur son incapacité à égaler le reste des étudiants. Ils observent petit à petit ses progrès et ses faiblesses pour l'aider à se dépasser et réussir.
Contrairement à ce que les élèves pourraient penser, les professeurs de l'Académie des Colombes n'ont pas pour but de les rabaisser, malgré leur tendances tatillones et sévères. Ils aiment leur métier et sont choisis et embauchés pour ce si singulier critère : ils ont pour devoir d'aider et de faire réussir les étudiants, pas de les accabler encore et encore.

Les élèves de première année sont entrés en cours il y a une petite heure. Ils commencent la journée de ce jeudi par deux heures de Développement Des Pouvoirs. Amélie ne se retrouve avec aucun de ses amis, les étudiants étant séparés suivant leur élément. Le professeur leur a donné plusieurs exercices, Amélie n'en a réussi aucun, depuis le début du cours elle fait tourner une ridicule toupie sur la table en bois grâce à son pauvre pouvoir, lui permettant de contrôler le peu d'air présent autour de la toupie. Elle commence à se décourager, elle s'ennuie et n'a rien d'autre à faire que de penser. Néanmoins, penser est la mauvaise chose à faire lorsque l'on risque de tomber au plus bas. La plupart du temps, la jeune femme essaie de s'occuper pour ne pas avoir à réfléchir, elle travaille, s'amuse, passe du temps avec Charles, Austin, Théa ... mais en cours, alors que les autres progressent à vue d'œil, activité après activité, elle s'ennuie et ne peut rien faire d'autre que de se morfondre.
Elle porte sa main à sa bouche et coupe des lanières d'ongles à l'aide de ses dents, arrêtant d'un coup la toupie qui tombe sur la table. Elle plante son regard dehors. Et si elle n'y arrivait pas ? Et si elle était tout simplement nulle ? Et si elle était destinée à se morfondre sur elle même devant son incapacité à être normale jusqu'à la fin de ses jours ? Qu'avait-elle fait à l'univers pour être si peu puissante ?
Amélie secoua la tête, faisant voler ses boucles rousses autour de son visage pour éloigner ses tristes pensées.
Non ! Elle ne pouvait pas se permettre de penser à cela. Elle ne pouvait se permettre aucun écart de son but. Elle allait y arriver. Elle devait y arriver.

Le bruit de trois coups cognés contre la porte fit sursauter Amélie. Mme Cyrus, leur professeure principale, entra dans la salle et hocha la tête en saluant les élèves. L'assemblée d'étudiants répondit en chœur et retournèrent à leurs occupations.

Mme Cyrus ce dirigea vers le professeur de Développement Des Pouvoir et posa quelques dossier sur son bureau.

- Tout va bien ? lui demanda-t-elle par pure politesse.

Le jeune enseignant, assez apeuré par la sévère Mme Cyrus hoche la tête. Les deux professeurs tournent la tête d'un même mouvement en direction d'Amelie qui n'entend rien à leur discussion. Elle est accoudée sur la table et à recommencé à faire tourner la toupie.

- Elle ne progresse toujours pas n'est-ce-pas ? Demande la plus vieille professeure connaissant déjà la réponse.

- Non, repondit le plus jeune. Mais, je trouve qu'elle a quelque chose. Je ne sais pas comment l'expliquer. Elle n'arrive à rien, elle est clairement faible mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elle, qu'elle...
Expliqua-t-il reprenant de l'assurance face à la professeure d'Histoire d'Helarya.

- Ne fait qu'une avec son élément. Fini la femme pour lui.

Les deux n'ont pas lâché Amélie des yeux, celle-ci relève la tête en direction des deux enseignants, se sentant observée.
Elle fronce les sourcils en croisant le regard de son professeur. Elle ne comprend pas pourquoi elle est fixée ainsi. A-t-elle fait quelque chose de mal ? Elle n'a pas le temps de réfléchir un peu plus que ses enseignants détournent leurs regards de la jeune femme.

- C'est cela. Valide le plus jeune. Exactement.

En effet, même avec toute l'expérience qu'ils ont les deux instituteurs ne peuvent pas mettre de mots sur la manière dont Amélie se sert de son don. Elle utilise le si peu de puissance qu'elle a si parfaitement que ça en paraît presque irréel. Pourtant, ils ne peuvent qu'admettre qu'elle est tout sauf puissante. Elle a autant de maîtrise qu'un élémentaire tellement âgé qu'il aurait des dizaines d'années d'expérience mais, toujours dans la force de l'âge.
La majorité des jeunes élémentaires est dirigés par leurs dons et pas l'inverse. Seulement dans le cas précis d'Amelie, c'est bien elle qui commande.

- Elle a du potentiel, mais je ne sais pas comment l'exploiter. Je ne sais pas comment l'aider.
Je ne peux rien pour elle. 

Mme Cyrus fixe du regard le jeune professeur, réfléchissant comment aider le jeune femme.

- Il lui faudrait peut être des cours particuliers ? Propose sans conviction l'homme.
- Mais j'ai beau me creuser l'esprit je ne vois aucun professeur qui aurait la puissance et l'expérience pour aider cette jeune femme.

Mme Cyrus ce redresse d'un mouvement brusque et se tourne. Elle se dirige vers la porte et sors sans demander son reste. Laissant la classe à son professeur et le professeur à sa classe.

Peut être n'est ce pas l'expérience le plus important.