Chasseur de primes

Chapitre 16.

- Attendez une seconde... Comment savez vous tout ça ? 

Le choc passé, je me rendis compte que la question ne m'avait avant même pas effleurée l'esprit.

Mais toutes ces informations... Elles étaient incroyablement précises. Peut-être trop pour juste de la déduction.

Le policier se caressa le menton, puis une ombre de sourire passa sur son visage. Mais ce n'était ni un sourire heureux ni rassurant. Son expression hésitait entre la gêne et la pitié, mêlée d'une petite pointe de victoire. Je compris avant même qu'il ne prononce les mots. Car c'était la seule solution.

- Nous l'avons capturé. 

Je fermai les yeux sous la douleur. 

Parce que ça ne représentait ni pour moi une victoire ni un soulagement, mais une terreur sourde qui m'emplit de l'intérieur et commença à me faire trembler violemment. 

- Pardon ? Il... il est là ? Il est emprisonné ? Où...où est-il ? 

L'homme acquiesça lentement, semblant prendre mon ton sur le compte de la nervosité et de la joie. 

- Il est au poste. Le premier interrogatoire a eu lieu ce matin. Nous lui avons dit ce que nous pensons. Il a confirmé la plupart de nos dires. Nous le réinterrogeons cet après midi.

- Vous... vous voulez dire que... Il vous a dit que c'était exactement ce qu'il avait fait ?! Il.. il a avoué ?

Je suffoquais presque, pourtant c'était la seule explication possible.

- Oui. Je sais que ça doit être pour vous...

Je me tournai alors vers lui avec un regard horrifié, incapable de prononcer un son. Il cessa aussitôt de parler et haussa les sourcils sans comprendre. De toute les émotions par lesquelles j'aurais pu passer, il ne s'attendait certainement pas à voir mon visage afficher de l'horreur. Pourtant c'est ce qui se passait. 

- Qui a t-il mademoiselle ? 

Il ne comprenait pas ! Personne ne comprenait ! C'était impossible. Ils ne saisissaient donc pas que cet homme leur mentait ? Ça ne leur avait pas même traversé l'esprit ? 

- Tout va bien ? s'exclama l'homme en me regardant fixement. Que ce passe t-il ? Pourquoi est ce que...

Je n'entendis pas la suite. J'étais trop occupée à essayer de contrôler les spasmes qui m'agitaient.

Il allait revenir. Je le savais depuis toujours, mais sa capture et sa proximité allait tout rendre encore plus rapide. 

Cette fois il reviendrait et m'achèverait une bonne fois pour toutes.

Il allait finir le travail. 

*

L'homme commença tout d'abord à paniquer en voyant le visage de la fille virer progressivement au blanc puis au bleu, puis son professionnalisme revint aussitôt à la charge. Il appela les infirmiers, qui accoururent pour s'occuper d'elle.

Il se rapprocha de la porte, se tenant la poitrine comme si son cœur allait exploser. Dès que les infirmiers lui assurèrent qu'elle ne risquait rien, il sortit  dans le couloir et s'assit sur un banc, soufflant bruyamment. 

Le regard de cette fille exprimait une terreur si profonde que lui, inspecteur de cinquante-six ans assez inébranlable d'habitude pour ce qui concernait son métier, s'était senti terriblement secoué. 

Elle n'avait plus rien. Et le monstre qui l'avait kidnappé avait même réussi à transformer les derniers jours de sa vie en un enfer encore pire. Elle avait une telle terreur de cet homme que dès qu'elle avait apprit qu'il avait été arrêté, elle avait fait une véritable crise de panique. Il avait bien vu son regard. Dès qu'elle avait su que c'était de lui que venaient plusieurs de ces informations, son expression avait changée, indiquant clairement qu'elle ne pensait qu'a une seule chose. D'abord que l'assassin mentait, et ensuite qu'il allait certainement revenir pour elle. Et la folie et la peur qu'il avait lu en elle lui avaient fait l'effet d'un coup de poing dans l'estomac.

Cette fille était détruite. Littéralement. Et rien ne pouvait la sauver de la folie dans laquelle elle était désormais plongée. 

*