Chapitre 1.

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Elle essayait vainement de s'endormir quand elle entendit la porte grincer sur ses gonds.

- Vous êtes venu me chercher ? s'enquit-elle dans le noir.

- Je suis venu t'achever.

Elle resta silencieuse.

7 mois plus tôt.

Ma deuxième année d'université se passait assez bien et j'allais mieux. Après tout, j'avais déjà connu bien pire. Mais ça faisait déjà quelques temps que je m'inquiétais, et lorsque tout avait réellement dérapé, c'était ce jour là. 

Je sortais d'un magasin quand j'avais aperçu quelque chose qui avait attiré mon attention. Et pour cause : une petite fleur étonnante poussait tout en bas d'un mur à quelques mètres de moi. Je m'étais avancée et accroupie pour mieux voir, stupéfaite. A première vue et pour ce qui était de sa forme, c'était une pâquerette en tout point normale. Mais il y avait sa couleur. Elle était rouge. D'un rouge vermeil, velouté. 

Semblable à du sang. 

D'ailleurs, la comparaison m'avait aussitôt sauté aux yeux, à l'époque. A croire que j'avais presque eu une vision prémonitoire.

Quoi qu'il en soit, j'avais sorti mon portable pour prendre une photo. Peut-être était-elle en fait fausse ? m'étais-je dis alors que le clic retentissait. Mais elle paraissait si réelle que c'était peu probable. J'avais rangé mon téléphone et l'avais observé de plus près. L'éclat délicat de ses minuscule pétale m'hypnotisait et j'avais l'irrépressible envie de l'effleurer.

J'avais donc approché une main de la fleur, dans l'espoir de me conforter dans l'idée qu'elle était bien réelle et que je ne rêvais pas.

Mais à la place de la douceur que j'attendais, la fleur s'était flétrie dès l'instant où mon doigt l'avait effleuré. Elle s'était recroquevillée sur elle même, était devenue aussi noire que du charbon, et à ma grande stupéfaction, s'était réduite en cendres en l'espace de quelques secondes. J'étais restée là, interdite, à contempler l'endroit où elle se trouvait un instant auparavant.

Et, comme si son autodestruction avait ébranlé la terre, le ciel s'était assombri au dessus de ma tête. Les nuages s'étaient accumulés dans le ciel bleu jusqu'alors, et un vent violent avait emporté les quelques poussières qu'il restait de l'étrange petite fleur.

La pluie s'était mise à tomber elle aussi, et je m'étais réfugiée sous un porche, avant de me mettre à courir et de traverser tout le quartier jusqu'à mon appartement.

Lorsque j'étais rentrée, j'avais aussitôt allumé mon portable et cherché dans l'album l'image de la pâquerette. Mais sur la photo prise, il n'y avait que le mur, gris et en mauvais état.

En y repensant, c'est comme une longue nuit sans étoiles qui a débutée ce jour là. Mais le soleil n'est jamais revenu. 

Je suis dans le noir depuis si longtemps... Les gens disent qu'on s'habitue peu à peu à l'obscurité, mais ce n'est pas vrai.

Ce qui est vrai, c'est qu'on perd rapidement la tête sans lumière.






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