Chapitre 12.

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Dis, tu sais ce qui se passe quand on meurt ? Du néant ? Du vide ? De la douleur ? On voit sa vie défiler devant soi ? 

Moi je vois juste ça comme si un rideau se fermant pour ne plus jamais se rouvrir. Comme à la fin d'un spectacle. Tu ne crois pas  ?

C'est joli comme métaphore.


 Un mot. Un seul.

Qui aurait cru que ça pourrait tout changer ? Que tout basculerait dès lors que je l'entendrais ?

Et pourtant c'est ce qui se passa.

Au fond j'aurais du m'y attendre. J'aurais du comprendre ce qu'il se passait.

*

Ce jour là était pire que les autres. Cette douleur sourde, dans mon crâne, elle s'intensifiait encore.  Presque impossible à supporter, malgré tout ce qu'on me donnait. Écrasante malgré tout. Souffrir. Ce mot était devenu mon quotidien. 

Souffrir en attendant la fin.

Heureusement que j'avais une raison de survivre. Celle de comprendre. Tout comprendre. 

Vous savez, ces choses horribles qui n'arrivent qu'aux autres ? Eh bien on répète souvent que quand c'est à vous que ça arrive, ce n'est pas pareil. Moi je ne vois pas les choses de cet angle là, et je pense que la nature humaine y est pour quelque chose.

Vivre dans le dénigrement, c'est beaucoup plus facile.

Vivre en se disant chaque jour, chaque secondes, que ce n'est qu'un mauvais rêve. 

Et quand c'est à vous que ça arrive, cette envie d'oublier est de plus en plus forte. Jusqu'à ce que vous arriviez à vous convaincre vous-même que vous n'allez pas mourir.

Je ne sais pas si je suis différente. Ce que je sais c'est que la mort se rapprochait de moi dangereusement. Et  j'avais envie de croire qu'elle ne m'aurait pas. Même si je le savais, une infime partie de moi continuait d'espérer. Espérer qu'au dernier moment on vous disent : "On va vous soigner, ne vous inquiétez pas. Bien sûr que non, vous n'allez pas mourir !" 

Cet espoir jusqu'alors encore intact grace à la haine que je vouais à cet homme, et bien il diminuait de jour en jour. Depuis ce jour où je criai sur ma mère en lui déballant ce que j'avais sur le coeur, cette réalité m'explosa soudain à la figure. Au fond, peut-être que je me parlais à moi même, que je me disais d'arrêter de me faire des illusions, même si elles étaient infimes. 

Lorsque ma mère fut descendu et que je n'entendis plus ses pleurs, je m'enfouie dans ma couette, essayant de passer outre la douleur qui se pressait dans mes tempes. 

Le soir, un homme que je ne connaissais pas entra dans ma chambre. Il m'observa une seconde, les bras ballants, une profonde lueur de pitié dans les yeux. Mais je ne voulais pas de la compassion des autres.

- Partez, s'il vous plait. Partez

Ma voix cassée ne montrait aucune émotion. C'est peut-être pour ça que ces quelques mots le firent  imperceptiblement reculer. Mais il se ressaisit vite. Il s'avança vers mon lit et désigna d'une main son insigne de police.

- Je suis l'officier Gerald, mademoiselle. Et je suis sûr que vous allez vouloir m'écouter.

Et bien justement, non, je n'en avais aucune envie. Je fermai donc les yeux sans rien répondre. Ça n'aurait servit à rien.

- Depuis le début je travaille sur cette affaire, poursuivit-il. Je suis l'un de ceux qui vous ont cherché sans relâche durant ces six mois. J'ai également appris que vous étiez malade.

Chasseur de primesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant