Chapitre 22.

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Il saisit la lettre d'une main rageuse et la serra dans son poing.

Si elle croyait avoir réussi, elle se trompait. Il s'en sortirait. Il s'en sortait toujours ! Et ce n'était pas elle qui allait l'en empêcher, encore moins au fond d'une tombe.

Il contempla une dernière fois les mots tracés à la va vite et s'apprêtait à chiffonner la feuille quand une soudaine pensée arrêta son geste.

Il reposa la lettre sur la table et s'approcha de la fenêtre en souriant. Oui, il allait la garder précieusement.

Le ciel était d'un bleu éclatant. Il passa doucement ses doigts sur les barreaux qui entravaient l'ouverture.

Il serait bientôt libre.

*

L'officier Gerald fut l'un des derniers à partir. Il salua les parents de défunte d'un signe de tête, puis, sans se retourner, rejoignit sa voiture. Une fois à l'intérieur, il s'épongea le front et se laissa aller contre le siège, soupirant bruyamment. Il avait l'impression de venir de vivre les pires heures de sa vie, et en y réfléchissant bien, c'était sans doute le cas. Tous ces gens en pleurs, tous ces visages à l'expression de dégoût et de fureur quand la vie de cette pauvre fille avait été contée, de la mort de sa meilleure amie à la sienne. Sa courte vie n'avait été qu'une suite de malheurs ininterrompue.

Il repensa au visage de son assassin et frémit silencieusement. Comment pouvait-on commettre tant d'atrocités sans en payer le prix ?

Comme pour chasser ces idées noires de sa tête, l'officier s'essuya le visage et démarra en trombe. Il devait s'éloigner du cimetière, et vite.

En arrivant devant commissariat, il eu pincement au cœur. Dans cette même voiture, devant cette même maison, il avait conduit la fille devant celui qui avait détruit sa vie. Cela avait-il joué dans sa mort ?

Car elle s'était couchée, au retour de l'interrogatoire, et lorsque l'infirmière était entrée dans sa chambre, une heure plus tard, c'était déjà fini.

On l'avait aussitôt appelé. Bien sûr, tous s'y attendaient, tous savaient que la fin était proche, qu'elle n'en avait plus pour longtemps, et c'était arrivé brutalement, comme prévu.

Mais pourquoi avait-il été si profondément choqué en apprenant sa mort, il y avait de cela une semaine ?

Peut-être parce que l'annonce de celle-ci semblait n'être qu'un lointain rêve qui ne se réaliserait jamais, ou bien parce qu'il ne voulait tout simplement pas y penser...

Il avait pourtant passé des heures assit devant sa fenêtre au commissariat, à réfléchir à la vie de cette fille, à essayer de retrouver son assassin. Plusieurs fois il avait pensé au fait qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps et qu'elle allait mourir. Il s'était préparé du mieux qu'il pouvait !

Quand ils l'avaient trouvé, elle était allongée sur le lit, encore plus pâle qu'à l'accoutumé.

Deux feuilles couvertes d'une écriture rapide étaient posées sur la commode. Il les avaient prises et retourné la première, sans comprendre. Il était marqué qu'elle les lui confiait, et qu'elle comptait sur lui pour les remettre au monstre. Il les avait parcouru, le visage décomposé par la tristesse. Cette fille était émouvante, sa façon de rester forte malgré tout ce qui lui était arrivé, sa vie rendue chaotique par un monstre sans cœur ni âme.

Elle était morte, certes, mais elle avait trouvé la force de rédiger cette lettre. Alors, oui, il avait aussitôt tout fait pour la transmettre à son destinataire.

L'homme détacha enfin sa ceinture et descendit de la voiture.

Une grosse journée l'attendait.

Chasseur de primesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant