6 Christelle est malade

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Christelle fut réveillée bien avant que le jour ne se lève. Elle avait mal au ventre. Ses intestins se tordaient et des gargouillis se firent entendre. Avant même qu'elle puisse réagir, elle sentit qu'elle se vidait dans sa couche. Elle avait une diarrhée carabinée. Elle se leva, mais dû marcher doucement, en se pliant en deux tant la douleur était insupportable. Elle ne fit que trois pas dans le couloir quand elle sentit un nouveau jet incontrôlable. Mais là, elle sentit que du liquide coulait le long de ses jambes. Elle n'osa plus bouger et émit un petit couinement en fondant en larmes. Elle se sentait bien seule dans ce couloir que seule une veilleuse éclairait péniblement. Elle resta ainsi un bon quart d'heure sans savoir quoi faire. C'est Pauline qui la sauva. La fillette était sortie du sommeil quand Christelle était passée près de son lit. Quand elle entendit le couinement de Christelle, Pauline hésita mais finalement, elle sentit qu'il fallait qu'elle aille voir ce qui se passait.

Quand elle vit Christelle au milieu du couloir, Pauline comprit de suite qu'il se passait quelque chose. Elle s'approcha et vit la flaque brunâtre s'étendre aux pieds de Christelle. Elle comprit immédiatement le problème et se dirigea sans un mot vers la porte de l'une des chambres des animatrices. Elle frappa et attendit. Comme personne ne réagissait, frappa avec plus d'insistance.

Christelle se sentait humiliée de se trouver dans cette situation devant Pauline. Mais la compassion de celle-ci effaça ce sentiment pour faire place à de la reconnaissance. Au lieu de rire de la situation, Pauline avait pris tout bonnement la seule décision à prendre : appeler un adulte.

Ce fut Karine qui ouvrit la porte.

- Qu'est-ce que tu fais là Pauline ?

- Christelle est malade. Annonça Pauline en montrant de la tête son amie qui continuait à pleurer en silence.

- Oh, mon cœur, viens. Je vais te soigner.

Mais Christelle n'osait pas bouger. Elle fit un pas en écartant les jambes. Karine la souleva de terre et la porta jusqu'à la salle de bain. Pauline les suivit timidement et resta à la porte. Karine déshabilla entièrement Christelle et voyant que Pauline les avait suivies, s'adressa à elle :

- Tu n'es pas retournée te coucher ?

Comme Pauline s'apprêtait à obéir, Karine se ravisa :

- Attends. Tu veux bien aller réveiller Solange ou Joe, s'il te plait ?

Pauline fit oui de la tête.

- Tu sais où ils dorment ?

- Joe, oui. Solange, je m'en rappelle plus.

- C'est pas grave. Va chercher Joe. Va bébé, fais vite. Dis-lui que Christelle est malade.

Puis se tournant vers Christelle, tandis que Pauline s'élançait dans les escaliers, elle tenta de la rassurer :

- Pleure pas ma puce. Ça peut arriver à tout le monde. Même aux grandes personnes. Je vais te nettoyer et Joe va arriver avec un médicament pour enrayer ta diarrhée. On va peut-être t'envoyer finir ta nuit à l'infirmerie.

Christelle était tellement confuse qu'elle ne réagissait pas.

Joe entra dans la salle de bain, suivi de Pauline. Karine était en train de laver Christelle.

- Dès que tu as fini, tu la couches à l'infirmerie. On ne sait jamais si c'est une gastro, il ne faudrait pas qu'elle la refile à tout le monde.

- Non ! s'écria Christelle. Je ne veux pas être toute seule.

- Tu es malade ma puce. Il faut qu'on te mette à l'infirmerie.

- Nooonnn !!! Se plaignit Christelle.

- Je peux aller dormir avec elle. Proposa Pauline, dans sa compassion.

- C'est gentil mais tu dois dormir dans ta chambre. Il ne faudrait pas que tu sois malade aussi. Les gastros, c'est contagieux.

- J'ai dormi toute une nuit à côté d'elle. Je suis peut-être déjà contaminée.

Joe et Karine restèrent stupéfaits devant la réplique de Pauline. Elle qui était si effacée d'habitude ! Finalement, Joe accepta la proposition :

- Bon. Ce n'est pas dans mes habitudes mais, exceptionnellement, je veux bien. Mais je t'interdis de tomber malade toi aussi. Et ce n'est que pour la fin de la nuit.

Pauline se dirigea vers sa chambre. Joe en la voyant lui demanda :

- Où vas-tu ? C'est pas par-là l'infirmerie !

- Je vais chercher le doudou de Christelle.

Joe et Karine se regardèrent en souriant. C'est haut comme trois pommes et demi et ça pense à tout ! pensa Joe.

Karine venait d'achever de nettoyer Christelle et l'enveloppa dans un drap de bain. Elle la porta jusqu'à l'infirmerie et la posa sur la table de soins.

Joe les rejoignit avec un bol fumant :

- C'est quoi ?

- Du bouillon de riz. On n'a pas de médicament contre la diarrhée.

- Pas de médicament ? Et voilà ! Un enfant tombe malade et on n'a même pas de quoi le soigner !

- Tu sais, les parents aiment de moins en moins qu'on « drogue » leurs enfants sans voir de médecin auparavant. L'autre jour, je discutais avec l'inspecteur, il me disait que bientôt les médicaments sans ordonnance seraient interdits en collectivité.

- C'est du n'importe quoi !

- J'suis d'accord avec toi. En attendant, ce remède de grand-mère n'est pas interdit. Tiens, bois. Ajouta t'il en s'adressant à Christelle. Attention c'est chaud... Karine.

- Oui ?

- Je ne sais pas ce que tu en penses, mais on devrait peut-être lui mettre une protection, au moins pour la fin de la nuit. Il y aura moins de dégâts dans une couche que dans un lit.

- Tu as raison. Je m'en charge.

- Très bien. Conclut Joe en s'en allant.

Karine prit le bol de bouillon des mains de Christelle et lui dit :

- Allonge-toi Bébé. Je vais te mettre une couche en attendant que tu retrouves le contrôle.

Christelle laissa Karine lui prendre le bol et s'allongea sur la table de soins.

- Ce n'est pas une punition. C'est juste pour la fin de la nuit. Dès que tu iras mieux, on te l'enlèvera. D'accord ?

Christelle fit un oui de la tête. De toute façon, elle n'avait pas trop le choix. Elle avait bien vu tout ce que la couche avait absorbé avant de déborder. Elle aurait fait dans son lit si elle n'avait pas eu sa couche.

Bientôt, elle fut portée jusque dans la chambre d'à côté. Pauline avait tiré les draps du lit à côté de celui qu'elle avait choisi et y avait posé le doudou de Christelle. Karine posa Christelle dans le lit ouvert et regarda Pauline qui, bien qu'elle eût lutté pour ne pas s'endormir avant l'arrivée de Christelle, avait déjà entrepris de finir sa nuit.

- Tu as trouvé une super copine. Tu sais ?

Christelle approuva de la tête, et se lova sur le côté pour voir sa nouvelle amie, serrant son doudou contre elle, tandis que Karine la bordait.

Alors que Karine éteignit la lumière, Christelle lança un faible :

- Pardon.

- Quoi ?

- Pardon de t'avoir réveillée.

- Tu n'as pas à me demander pardon, à moins que tu aies fait exprès de tomber malade.

En quittant la chambre, Karine lui fit un petit clin d'œil.

Christelle ne mit pas longtemps à se rendormir...



La première colo de ChristelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant