Obviously

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Le ciel londonien tournait au gris et le jeune homme soupira avant de reporter ses yeux sur son cahier, ouvert devant lui. Il était trois heures de l'après-midi mais les gros nuages qui roulaient à plusieurs centaines de pieds au-dessus de sa tête privait la capitale anglaise des rayons du soleil qui pourraient réchauffer l'atmosphère ou ne serait ce qu'apporter de la lumière. Tout était triste aujourd'hui et il aurait préféré avoir du soleil plutôt qu'un ciel menaçant. Avec la chance qu'il avait, il allait pleuvoir d'ici quelques minutes et alors il saurait que la journée est vraiment ratée.

Les mois avaient passé depuis le dernier concert du festival Coachella. Camille avait fini par descendre des épaules de Dougie et elle dansait avec son amie aux cheveux violets, en rythme avec la musique. Si Camille arrivait encore à paraître classe, sa copine avait l'air ridicule et Harry l'avait vannée en la comparant à un petit singe, ce à quoi Camille avait rétorqué qu'au moins, son amie était un joli petit macaque tandis qu'Harry ressemblait à un gros gorille tout moche. Et ensuite elle avait tiré la langue. Et Dougie avait explosé de rire. Retrouver Harry n'avait pas été compliqué, il était resté à côté du bar, à discuter avec la fille aux cheveux violets, comme Camille l'avait prévu. Ils avaient passé la soirée ensemble et s'étaient retrouvés le lendemain, quand Dougie avait cru drôle de se faire passer pour une bête sauvage en secouant la tente des filles, au petit matin. Ils avaient fini le festival au bar réservé aux VIP où ils avaient retrouvé Joe Jonas, au plus grand bonheur des filles qui sirotaient leurs tequilas et avaient fini par se séparer vers quatre heures du matin. Ils avaient simplement échangé leurs numéros de téléphone et depuis, Dougie attendait les notifications de SMS de Camille comme un assoiffé attendrait la fin du désert dans sa traversée du Sahara.

Ils avaient discuté quelques fois, Dougie avait appris qu'elle avait quitté sa Normandie natale pour rejoindre la capitale anglaise pour ses études et ils avaient décidé de se revoir, un peu sur un coup de tête. Pour éviter les paparazzi, Dougie lui avait donné rendez-vous dans un café, sur le coup de vingt-et-une heures et ils avaient fini devant une assiette de fish'n'chips et un verre de coca dans un petit resto qui ne payait pas de mine. Dougie avait proposé de lui offrir un verre de vin ou même une bière mais la jeune Française avait trouvé plus correct de se contenter du coca cerise devant un jeune homme qui était sobre depuis quelques années et qui s'était battu pour s'en sortir. Il ne faisait des exceptions que dans des soirées vraiment posh ou comme cet été, pour Coachella.

Depuis, c'était habituel, Dougie et Camille se retrouvaient toutes les deux semaines environ, au même restaurant. C'était tellement loin du reste de l'agitation citadine qu'ils n'avaient jamais été découverts par les photographes et c'était tant mieux ainsi. Ils discutaient de tout, surtout de leurs vies et de ce qu'ils avaient fait durant ces deux semaines loin l'un de l'autre. Ainsi, pour Camille, cela représentait surtout ses cours, ses études, les quelques élèves qu'elle encadrait dans l'apprentissage du Français et sa vie dans son petit appartement, dans un petit immeuble.

Tout était petit, dans la vie de Camille, c'était quelque chose que Dougie avait remarqué. Elle avait des petites mains et un petit sac à mains (la taille standard, dirons-nous, mais Dougie n'était pas vraiment pro du sac à mains féminin). Elle habitait dans un petit appartement, dans un petit immeuble. Elle encadrait un petit groupe d'étudiants. Elle portait la plupart du temps des petits bijoux (sauf ce collier argenté qui faisait comme un col de tee-shirt et qu'il trouvait plutôt sympa). La seule chose qui n'était pas petite, chez Camille, c'était son sourire et ça, Dougie le savait parfaitement. C'est justement pour cela qu'il faisait en sorte de le provoquer le plus possible.

La dernière fois qu'ils s'étaient vus remontait à deux semaines, ce qui voulait dire que leur rendez-vous bimensuel n'allait pas tarder à arriver. Et Dougie avait affreusement hâte. Cela avoisinait le niveau de hâte de Tom qui comptait déjà les jours jusqu'à Noël (sérieusement, on était en octobre, c'était ridicule). Alors en attendant, il restait avec Danny et essayait d'écrire la fin de cette chanson qu'ils avaient commencé il y a plusieurs jours et qu'ils n'arrivaient pas à boucler. Les quelques rimes qu'ils trouvaient n'étaient pas vraiment à mettre dans leur chanson (non, ils ne chanteraient pas qu'ils trouvaient le derrière de Kim Kardashian aussi gros qu'un derrière d'éléphant) et ils tournaient en rond. C'était une chanson plutôt banale, dans la lignée de Love Is On The Radio et ils pensaient sincèrement qu'elle ne donnerait rien, dans le meilleur des cas, il la filerait à un autre artiste ou un autre groupe qui en voudrait, dans le pire des cas, ce serait une énième chanson sans avenir. Au moins, ils avaient passé le temps.

OverjoyedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant