Overjoyed

Down At The Lake

Dix minutes. C'était le délai qu'il restait à Camille pour finir son devoir. Un éclair de panique la tétanisa pendant quelques secondes quand elle réalisa qu'il lui restait une bonne part de sa dernière partie à recopier puis sa conclusion. Plus le temps de bien former ses lettres, tant pis pour les yeux du correcteur, elle s'acharna comme une folle pour finaliser son dernier devoir. Elle en savait l'importance, elle savait à quel point c'était important pour elle de le finir à temps. Elle savait également que dès qu'elle lèverait les yeux de sa feuille, quelque chose la déconcentrerait donc elle s'appliquait à ne pas le faire. Et dès que le surveillant donnerait le clap de fin, elle devrait poser son stylo, sous peine d'être pénalisée.

Un rapide coup d'oeil à sa montre : deux minutes restantes. C'était jouable, serré mais jouable.

- Fin du temps imparti, posez vos stylos et rendez vos copies.

Camille profita de la cohue pour terminer sa phrase et se leva pour ranger ses affaires. Elle avait pu terminer son dernier mot et poser son point final. Elle n'était pas très sure de la lisibilité de sa conclusion mais au moins elle en avait une et le correcteur n'aurait qu'à plisser un peu des yeux s'il n'arrivait vraiment pas à voir où elle voulait en venir. Elle enfourna ses feuilles de brouillon un peu à la va-vite dans son sac, ne s'attardant pas pour les ranger soigneusement dans sa pochette et s'assura que sa copie était correctement anonymée. Elle émargea la liste et passa la porte, un immense poids retiré de ses épaules. C'était son dernier partiel. Le dernier du semestre et elle avait droit à une semaine de pause avant de retourner en cours.

Pour être tout à fait honnête, elle ne savait pas encore ce qu'elle allait faire de sa semaine. Depuis que Dougie avait franchi le cap et avait avoué ses sentiments, tout était confus pour Camille et elle n'était pas totalement sûre de savoir ce qu'elle voulait.

C'est sûrement pour cela qu'elle fronça des sourcils quand elle discerna la silhouette du SUV du bassiste et le blond à la place conducteur qui tapotait sur son iPhone, ses lunettes de soleil aviators sur le nez. Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que Camille sente son portable vibrer dans la poche de sa veste.

Tu en es où ? Je t'attends près du bâtiment d'Histoire. Du moins je pense que c'est celui d'Histoire.

Camille secoua la tête. C'était le bâtiment de psychologie. Il avait essayé. Elle ne prit pas la peine de répondre au texto de l'anglais et tenta une approche plus intéressante qui consistait en toquer à la vitre de la portière de Dougie sans se faire voir. Et au vu du bond que le musicien sur le siège de sa voiture, Camille considéra sa mission comme réussie. Elle n'attendit pas qu'il réponde et contourna le capot de la grosse voiture pour ouvrir la portière passager avant de s'installer sur le siège.

- Tu m'as collé les jetons, grogna le blond.

- C'était le but, rit-elle. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Ah donc j'ai plus le droit de venir chercher mon étudiante préférée après ses partiels ? fronça-t-il des sourcils.

- T'es bête, soupira-t-elle en bouclant sa ceinture. Merci d'être venu me chercher, j'avais pas envie de prendre le bus pour rentrer.

- Pas de soucis, sourit le blond. Ça s'est bien passé ?

- J'espère, je sais pas trop. J'ai eu le temps de finir, en tout cas.