Chapitre 25

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Nahel était parti depuis quelques heures, emportant avec lui un peu de la colère que je ressentais. Un bout de cette colère lui était destiné. Je continuai d'alimenter le reste de cette émotion afin qu'elle devienne un élément moteur plutôt qu'entravant. Je retrouverais ma sœur quoi qu'il en coute. Cela incluait de mentir une fois de plus à ceux que j'aimais. Je me décidai à descendre retrouver mes parents, ma mère était en cuisine et mon père se chargeait de mettre trois couverts sur la table. Je n'avais pas faim mais je comptais les accompagner. Je ne souhaitais pas leur laisser un sentiment d'abandon. Sans grand besoin de parler je me mis à aider mon père. Ma mère arriva quelques secondes après avec le plat. Nous nous installâmes et mangeâmes toujours dans le silence. Que cette situation était pesante... Mais que dire ? Quels mots pourraient être prononcer pour soulager nos peurs et nos douleurs ? Je devais tout de même laisser des mots sortir pour leur dire que je ne resterais pas avec eux.

- Je pense ne pas être là ce soir, annonçai-je.

- Tu vas chez Mégane ? Me demanda ma mère.

- Oui, c'est ça, je vais chez Mégane, mentis-je délibérément et pathétiquement.

Bien sûr je ne la regardai pas en face sinon elle aurait tout de suite cerné le mensonge. Je m'estimai heureuse qu'elle m'ait ouverte la porte de cette affabulation. Nous finîmes notre repas puis j'aidais au débarrassage. Dès que je le pu je m'éclipsai. Non sans un dernier baiser pour eux, bien entendu. Je sortis de la maison et me stoppai net une fois la porte franchie. Je n'avais pas pris les clés de la voiture et comment expliquer à mes parents que j'avais besoin du véhicule pour me rendre chez Mégane qui habitait à quelques pas de chez nous ? Peut-être pourrais-je prétendre faire une course pour elle ? Je regardais mon téléphone il était déjà vingt et une heure, tout était fermé. Cela ne collerait pas. Je me décidai donc de m'y rendre à pied. J'allais en avoir pour une bonne demi-heure si ce n'était plus. Je venais de partir quand mon téléphone sonna. Je décrochai immédiatement en voyant le nom de l'appelant :

- Oui Még.

- Tu... ça va ?

- A ton avis, soupirai-je.

- C'est une question vraiment idiote... dit-elle d'une petite voix.

Le silence retentit.

- Je suis déso... commença à s'excuser Mégane.

- Non, ne t'excuse. C'est inutile. Je sais que tu veux seulement être gentille et présente pour moi.

- Et tu oublies que je m'inquiète pour toi.

- Il n'y a pas lieu.

De nouveau un silence. Je frappe de mon pied dans un cailloux qui ricoche et termine sa course dans un lampadaire. Le bruit métallique des deux rencontres résonna.

- Qu'est-ce que c'était ? Demanda Mégane.

- Un caillou.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je marche.

- Tu vas quelque part ?

- Non Még je marche juste.

- Tu... tu veux venir à la maison ?

J'inspirai profondément. Comment refuser sans lui faire de peine ? Peu importe la formulation, de la peine je lui en ferais, c'était indéniable.

- Ecoute Még, c'est compliqué... tant que je n'aurais pas... tant qu'Hélèna ne sera pas retrouvé je ne pourrais pas être moi-même. Je ne pourrais pas me détendre et penser à autre chose. Même si je sais que toutes tes intentions sont bonnes je ne pense pas pouvoir y arriver. Je suis navré mais je vais devoir mettre tout le reste en pause.

Amélia Shadow - Tome 2 - Sombre EtreinteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant