Chapitre 35

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Je poursuivis le véhicule à travers les rues pendant de longues minutes, de très longues minutes. Des gens se retournaient sur notre passage mais aucune bonne conscience ne viendrait me briser les pattes et le souffle. Je continuerai quoi qu'il m'en coute je ne l'abandonnerais pas. Je commençai doucement à perdre en allure, ce fut alors qu'une lueur de lucidité me frappa. Ils ne s'arrêteraient pas tant que je les suivrais. Je finirais par m'épuiser tôt ou tard, eux ne se fatigueraient pas de rouler. Et même s'ils devaient s'arrêter ils repartiraient avant que je puisse faire quoi que ce soit. Dès lors je pris des rues adjacentes et continuai de les suivre le plus rapidement et discrètement possible. Ils devaient croire que j'avais perdu leur trace. Ils me conduiraient plus que sûrement jusqu'à leur repère et je pourrai libérer Mégane. Après de longues minutes de poursuite dissimulée la camionnette prit des routes moins fréquentées, plus campagnardes. Je les suivis de loin jusqu'à arriver à la lisière d'une forêt. Ils prirent plusieurs sentiers boueux. Et grâce à mon aisance pour cet élément je parvins à les rattraper. Je ne tardai pas à tomber sur une grande bâtisse qui semblait à une entreprise, sur trois étages entourés d'une clôture surmontée de fils barbelés. On ne voulait pas que qui que ce soit pénètre cet endroit visiblement. Une entreprise cachée au cœur de la forêt ? Il devait s'y trouver des choses louches. J'avais le même présentiment que pour ce maudit sous-sol. Je me tapis derrière un buisson non loin de la clôture. Le véhicule passa une barrière sécurisée et descendit une rampe qui mena sous le bâtiment. Bien, comment je devais m'y prendre maintenant pour entrer là-dedans... ? Sous forme de loup je ne parviendrais pas à ouvrir les portes ou tout un tas d'autres choses d'ailleurs. Je me transformai en sens inverse et me retrouvai dans le plus simple appareil derrière le buisson. Je me sentais vulnérable mais tant pis je n'avais pas d'autres choix. Tandis que mon cerveau était en ébullition mes oreilles, elles, étaient aux aguets. Et elles perçurent un son dans mon dos. Un bruissement dans les feuillages et un craquement sur le sol. Je me tournai pour observer ce qui avait causé ces sons. Prête à me défendre. Mais la stupeur prit la place de la peur. Un loup gris anthracite sortit du camouflage de la forêt. Un loup que je connaissais bien.

- Lee ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

Il courut vers moi et vint caler sa tête dans mon giron. Je la lui caressai pour le réconforter. Une voix s'ajouta aux bruits de pas que j'entendais sur ma droite.

- Il est venu à ton appel. Tout comme nous.

Je levai mes yeux sur Zack et Mia. Tous deux sous forme humaine. Mia portait une tenue de sport et Zack une sorte d'uniforme avec une casquette de la même couleur. Je lui adressai un regard les sourcils froncés.

- Je viens de dégoter un boulot en tant que garde forestier.

- Bravo, je suis contente pour toi.

- J'aurais voulu t'en tenir informer mais nous ne te voyons plus.

- J'en suis désolée.

Lee me lécha généreusement la joue. Je tournai ma tête vers lui et lui déposai un petit bisou sur le bout de la truffe. Je l'octroyai de quelques gratouilles derrière les oreilles. Lee était constamment en recherche d'affection.

- Pourquoi tu nous as appelé ici ? Finit par demander Mia en s'accroupissant à son tour.

- Je ne vous ai pas appelé.

- Si. Nous avons senti ta détresse et ensuite tu as hurlé dans nos têtes. Nous avons été obligés de te rejoindre. Lorsqu'un alpha émet ce genre de son, de cri, nous ne pouvons pas résister à l'envie d'être auprès de lui. Notre soumission, loyauté, respect nous force à te venir en aide.

Amélia Shadow - Tome 2 - Sombre EtreinteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant