XVI

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« J'ai une tumeur pulmonaire, ce qu'on appelle plus communément un cancer des poumons.

_ Et c'est grave ? Tu vas t'en sortir ? »

Il ne me répondit pas tout de suite, m'alertant encore plus.

Pourquoi est-ce qu'il évitait mon regard ? Pourquoi est-ce que j'avais plus que peur maintenant ?

Je voulais lui hurler dessus, lui demander tout de suite si c'était très grave, s'il était à un stade mortel.

Mais il n'y avait pas qu'à lui que je voulais hurler.

Non.

En fait, je voulais hurler au monde de me faire ce genre de choses ! De me faire ce genre de coup bas.

J'avais enfin l'homme de ma vie dans les bras, le plus beau cadeau que l'on ne m'a jamais offert.

Et voilà que maintenant, j'apprenais qu'il était malade. Et vu la tête qu'il faisait, vu la peine qui se lisait dans ses yeux. Ce n'était rien de très facile, il était vraiment malade, il n'allait pas bien. Et qui sait ? Peut-être qu'il était à un stade très grave ?

Mais pourquoi maintenant ?! Hein ? Le monde dit le moi !

J'avais tout pour être heureux, tout à perdre aussi. Mais je l'avais lui et c'était tout ce qui comptait plus que tout au monde à mes yeux.

Mais apparemment, toute bonne chose avait une fin.

Pas maintenant, pas tout de suite, pas à moi. J'avais encore besoin de lui, je ne voulais pas le perdre. S'il vous plaît !

Il me prit dans ses bras, voyant la détresse dans mes yeux. Et cette fois des spasmes incontrôlés sortaient de ma bouche, faisant trembler tout mon corps.

Il me serra fort contre lui, je reniflai dans son cou. Il me caressait les cheveux, je m'accrochais à son t-shirt. Il me chuchotait des mots réconfortants, je criais de douleurs.

A travers toute cette nouvelle, une douleur irréprochable s'imbibait dans mon cœur. J'avais mal, terriblement mal. J'avais l'impression qu'on avait arraché mon cœur de ma cage thoracique et qu'on l'avait lancé par terre comme un vulgaire objet de merde, la rage dans les yeux.

Et je n'imaginais même pas la réaction de son petit frère, de sa petite sœur, de ses parents... Ils devraient être dans le même état que moi.

Depuis quand savaient-ils cette mauvaise nouvelle ? Cela faisait longtemps que mon petit ami me mentait ? Pitié, dites-moi que non. Dites-moi que tout ira très bien. Dites-moi que ce n'était qu'un mauvais rêve. Dites-moi que je vivais encore dans mon plus grand cauchemar et que je n'allais pas tarder à me réveiller.

« Tobie, dis-moi que je rêve et que tout ira bien, que ce n'est rien de grave.

_ Arès... Je vais partir en soin intensif dans deux jours, on verra les résultats d'ici là. »

Je me détacha de lui et remarqua qu'on était tous les deux assis par terre à cause de moi. Autour, quelques gens nous dévisageaient, mais je n'en avais de toute manière rien à foutre. Le plus important, c'était que ce sourire soit sauvé par tout cela.

« Et tu l'as su quand ?

_ Depuis la fin des vacances de noël, à peu près...

_ Aussi longtemps ? Et tu ne m'avais rien dit ? Vraiment ? Tobie ! Je pensais qu'on se disait tout !

_ Je sais, et je voulais te le dire des milliards de fois. Même que des fois, Agathe me lançait des signes pour que je le fasse ! Mais j'avais trop peur que si tu l'apprenais, tu ne veuilles plus de moi. Notre relation était encore trop fraîche, j'avais peur que tu m'abandonne. Un début de relation est toujours trop fragile, tu sais. Et qui sait ? Peut-être que tu ne voudras plus de moi maintenant que tu sais tout.

_ Mais t'es dingue ou quoi ? Jamais je te larguerai parce que je viens d'apprendre que mon petit ami est atteint d'une maladie qui pourrait le tuer ! Je vais rester avec toi jusqu'à la fin, peu importe les conséquences. Je te le promets. Jamais je ne t'abandonnerais, jamais ! Tu m'entends ? »

Il hocha la tête tristement et je me releva, tendant une main vers lui pour qu'il suit mon rythme.

On se dirigea vers nos sacs de cours et nous avions emballé nos affaires, avant de commencer à nous en aller, main dans la main.

Je n'allais pas l'abandonner ! Peu importe s'il perd ses cheveux. Peu importe s'il n'est plus capable de vivre comme tous les adolescents de notre âge. Peu importe s'il pouvait faire peur avec ses crises ou je ne sais quoi d'autre.

Ce garçon, je l'aimais et jamais je ne le laisserais parce que la peur de perdre un être cher m'effrayait.

Rien n'était encore perdu, il n'avait pas encore commencé son vrai traitement, peut-être que tout allait bien se passer et que je n'avais pas besoin de m'en faire ?

Je priais fort pour que ça soit le cas. Je le voulais. J'en avais besoin.

« Tobie ?

_ Oui Arès ?

_ Sache que tu es la plus belle chose qui ne me sois jamais tombé dessus. Je sais, je suis mauvais avec les déclarations et tout ce truc ennuyant. Mais, je voulais te remercier pour tout le bonheur que tu m'as procuré et que tu me procureras plus tard encore. Et- et, enfin, oui. Et je t'aime à la folie. Je t'aime ! Merci, merci, merci. »

Encore une fois, des larmes venaient de s'abattre sur mon pauvre petit visage et je me jetai dans les bras de celui que j'aimais.

C'était la première fois que je le lui disais réellement et je m'en fichais de savoir s'il ne l'avait pas encore fait. Je m'en fichais de savoir que c'était moi qui le disais en premier. Je voulais juste avoir le temps de le faire avant qu'il ne soit trop tard.

« Je t'aime encore plus Arès, je t'aime tellement. Merci d'être là. »

Il passa ses mains dans mes cheveux et s'amusa avec, reniflant en même temps.

Je ne pouvais pas voir son visage, mais je sais qu'il pleurait lui aussi et ça me détruisait encore plus.

POURQUOI ?!

Il m'embrassa dans les cheveux et me retira de son étreinte. J'ai pris cette occasion pour goûter ses lèvres, encore et encore.

Arès - TOME 1 [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant