XVIII

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Une heure, deux heures, trois heures, quatre heures, je ne sais plus combien d'heures !

Voilà combien de temps j'attendais qu'il revienne de son opération, que les médecins nous disent que tout s'était bien passé et que tout allait mieux maintenant.

Ça me tracassait plus que tout. Je n'avais pas l'habitude de stresser autant et la panique qui se lisait sur le visage de ses parents ne me calma pas du tout.

Ça devait prendre autant de temps que ça ? Ou est-ce qu'en réalité je n'attendais seulement que deux heures, mais la panique, le stresse et l'anxiété m'avaient empêché de réaliser les choses correctement ?

dix-huit heures et il était ici depuis ce matin à huit heures !

C'était normal que ça prenne autant de temps ou est-ce que je devais encore plus m'inquiéter ?

Je ne pouvais pas rester au même endroit aussi longtemps, il fallait que je sorte prendre l'air, j'en avais grand besoin. J'étouffais là à attendre que mon petit ami m'appelle pour me dire qu'il était vivant et en meilleur état qu'avant son opération.

« Je vais acheter de l'eau, je reviens », dis-je à l'encontre des parents de Tobie.

Mais ils ne me regardaient même plus, se soutenant physiquement l'un l'autre et peut-être même mentalement. Les pauvres, je n'imagine même pas la douleur que c'est d'avoir son fils aîné à l'hôpital à cause d'un cancer. Ça ne devait vraiment pas être facile pour la conscience.

Ça ne l'était pour personne, d'ailleurs.

Je quittai la salle d'attente et me dirigeai vers la cafétéria, un coin que j'avais pu apercevoir quand on avait déposé ce matin Tobie.

Devant le distributeur, un garçon se servait lui aussi quelque chose. Il prenait tout son temps et ça m'énervais fortement. Pourquoi est-ce qu'il avait besoin de prendre dix ans pour choisir entre des barres de chocolat, une boisson ou des chips ? Ce n'était pas si difficile et les gens attendaient derrière !

« Est-ce que tu peux te grouiller un peu s'il te plait ? Il y en a qui attendent leur tour. »

Le garçon se retourna vers moi et me fit presque peur.

Des cernes violettes et énormes étaient aplatis sous ses yeux bleus aussi clairs que de l'eau, aussi froid qu'une pierre.

Je connaissais ses yeux, mais là tout de suite, je ne pouvais dire de qui ils provenaient.

Il n'avait vraiment pas l'air dans son assiette et je m'étais tout de suite senti coupable de lui avoir mal parlé.

C'était évidemment qu'ici, il y avait très peu de monde qui était de bonne humeur ou qui se sentait heureux. Cet endroit transpirait la tristesse, la fin d'une vie, le vide, l'angoisse et tout ce que je détestais plus que tout.

« Je suis désolé, je ne voulais pas-

_ Ce n'est pas grave. De toute manière, finalement je ne prends rien. »

Il lâcha le distributeur et s'en alla en sens inverse, essayant à tout prix d'éviter une nouvelle interaction avec moi. C'était nul de ma part.

Une bouteille à la main, j'étais revenu en salle d'attente. Avec surprise, ses parents n'y étaient plus et je commençais à paniquer de nouveau, me demandant si quelque chose de grave ne s'était pas encore passé.

Avec soulagement, une des infirmières se rapprocha de moi et m'indiqua une pièce où je pourrais les retrouver.

Mon sang ne fit qu'un tour et mon pouls s'accéléra, m'imaginant dans les bras de mon petit copain, souriant comme jamais ou du moins, en chair et en os.

Je couru jusqu'à la chambre et ouvrit la porte en grand, avant de croiser le regard de celui que j'attendais.

Je ne pris pas une seconde de plus que j'étais déjà dans ses bras, manquant de l'étouffer, remerciant je ne sais qui pour lui avoir laisser la chance d'être encore en vie après tout ça.

« Tu m'étouffe gros bêta !

_ J'avais tellement peur. J'ai cru que tu n'allais pas survivre, c'était horrible !

_ Toujours pessimiste avant l'heure.

_ Ne dis pas ça Tobie, avec ta mère, on s'est aussi inquiété. »

Le père de Tobie me prit par le bras et m'éloigna un peu de son fils pour que je ne l'étrangle pas plus que cela, sous les rires endiablés de mon blond. Même après une opération aussi lourde, il ne s'arrêta pas de rire.

Mais sa joie communicative ne fut que de courte durée, puisqu'il recommença de nouveau à tousser, une main sur la bouche.

Encore une fois, il essaya de cacher ce qu'il avait recraché, mais ma curiosité était piquée au vif et sans que je m'y attende moi-même, je m'étais avancé vers lui et avais retenu sa main pour voir ce qu'il voulait dissimulé.

« Pourquoi est-ce qu'il crache encore du sang ? Je-

_ Tobie Huet est encore à sa première opération, les améliorations de son état ne sont pas pour tout de suite. C'est pour cela qu'il doit encore rester ici pendant quelque temps pour qu'on puisse évaluer son état. D'autant plus qu'à son âge, son suivi médical doit être plus minutieux. Voilà pourquoi, votre a-

_ Petit ami. Je suis son petit ami, coupai-je au médecin qui nous dévisagea longuement avant de poursuivre comme si de rien n'était.

_ Votre petit ami est malade et les progrès de la science ne vont pas le guérir en moins d'un jour. Alors, soyez patient. Il est bien plus fort que vous ne le pensiez, ce n'est qu'une question de temps avec que sa maladie s'en ira. »

En même temps que son temps de parole, la respiration de mon Tobie se faisait plus sifflante et bruyante, nous affolant tous les trois sous le sang froid du docteur.

Quelques secondes plus tard, des infirmières entrèrent en trombe et s'actionnèrent pour enfiler un fil transparent dans le nez de mon copain, tandis que les autres transportèrent une énorme bobine où devait se stocker un grand nombre d'oxygène.

L'une des infirmières retira ma main de celle de Tobie et celui-ci me lança un sourire qui se voulait encourageant, mais je paniquais énormément devant toute cette agitation.

Après avoir vérifié sa respiration, son pouls et son rythme cardiaque qui reprenait un rythme normal et soutenu, elles prirent la porte et s'excusèrent du dérangement.

Je me précipita une nouvelle fois sur celui qui était allongé dans son lit et regardais si ce qu'on lui avait mit dans le nez ne le faisait pas trop mal.

« Est-ce que ça t'aide à mieux respirer ?

_ Oui. Ne t'inquiète pas, ça va aller pour moi. »

Il était fort alors que je voulais juste m'effondrer.

Je pense que si aucun de nous n'était comme lui, on serait plus que foutu. Il avait une prise de contrôle surdéveloppée que ça m'en étonnait tellement.

Je ne savais pas comment il y arrivait, mais je pense qu'on en avait tous besoin d'une certaine façon. Il fallait une tête brûlée pour cacher le mal être des autres.

Arès - TOME 1 [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant