Chapitre 2

86 4 2
                                    


Lorsque je me réveillai, je ne saurais dire combien de temps plus tard, je faillis pousser un cri d'effroi. J'étais attachée sur une chaise dans un endroit qui ne ressemblait nullement à un aéroport, un mal de tête atroce m'empêchant d'avoir les idées claires.
Mais où étais-je ? Avais-je raté mon avion ? Que dirait ma mère si elle ne me voyait pas rentrer à la maison ?

Les évènements précédents me revinrent en mémoire et c'est à ce moment là que la lieutenant entra dans la pièce, accompagnée de deux officiers qui portaient le même insigne qu'elle : Un blason sur lequel le drapeau français était surmonté de deux « S » et d'un « F » rouges.
Je l'interrogeai du regard, trop de questions se bousculant dans ma tête.

- Vous vous trouvez actuellement dans le quartier général des services secrets de l'État Français, proche de la frontière espagnole. Nous avons pour habitude d'utiliser l'abréviation QG pour en parler, pour aller plus vite et aussi pour ne pas attiser la curiosité des gens. Je suis la lieutenant Marshton et voici deux de mes officiers : Smith, avec qui vous avez déjà eu l'occasion de faire connaissance, et voici Dawson. Nous avons un effectif de cinq cent trois espions pour le compte de la France, dont cinq dirigeants et dix lieutenants moi y compris, affectés respectivement aux États-Unis, au Japon, en Italie, en Argentine et en Afrique du Sud [...]

Elle semblait tellement absorbée par son flot de paroles que j'hésitais à l'interrompre. Mais une question me brûlait les lèvres, alors je la coupai :

- Excusez-moi, mais pourquoi me racontez-vous tout cela ?

Elle me lança un regard dédaigneux mais répondit tout de même à ma question :

- Eh bien, ce que vous avez entendu tout à l'heure, à propos des Clandestins, vous n'auriez jamais dû l'entendre. Ce ne sont que quelques informations qui peuvent vous paraître dépourvues d'importance, mais elles en ont tout de même.
L'officier Smith est novice et aurait dû faire plus attention en me fournissant ces informations. En aucun cas nous ne pouvons nous permettre que des oreilles étrangères aux SSF (n.b : Services Secrets Français) aient connaissance de ce genre de données. C'est pourquoi nous ne pouvons vous relâcher.

- Mais c'est inadmissible ! criai-je en essayant de défaire les liens qui me brûlaient les poignets. Vous n'avez pas le droit de m'enlever comme ça ! J'ai une famille et des amis qui m'attendent ! Est-ce que je pourrai au moins un jour rentrer chez moi ?!

- J'ai bien peur que ce soit impossible, déclara la lieutenant d'un ton neutre. Vous compromettriez nos plans, même si vous savez peu de choses. Smith, Dawson, dit-elle à l'intention des deux officiers, détachez-la et emmenez-la dans la chambre-

Elle s'interrompit et consulta l'énorme montre tactile à son poignet avant de hocher la tête :

- Chambre 83, elle est libre. Je vous rejoins dans dix minutes, j'ai une affaire à régler. Surveillez-la bien, dit-elle en me jetant un dernier coup d'œil avant de sortir.

Les deux officiers me lancèrent un regard compatissant et délièrent mes mains.

- Allez, suivez-nous, me dit Smith d'un ton las avant de m'empoigner le bras, d'un geste presque doux.

Je fus obligée d'avancer en même temps qu'eux le long d'un large couloir où nous croisâmes quelques personnes, essentiellement des hommes, tous l'air pressés.
Arrivés devant une grande porte métallique, Dawson décrocha le badge à sa ceinture et le passa devant un détecteur, à sa gauche. La grande porte s'ouvrit et je pus apercevoir une immense pièce, beaucoup plus chaleureuse que celles que j'avais pu voir précédemment. De nombreux canapés ainsi que des tables basses et des écrans plats étaient disposés un peu partout, ce qui m'étonna d'autant plus.

Ça va, il a pas l'air d'avoir trop la pression l'État français, pensais-je malgré moi, ce qui me fit sourire.

- Nous nous trouvons dans le salon commun à tous les espions affectés en France. Il est rare que nous ayons du temps pour nous, mais quand cela arrive, c'est ici que nous venons nous détendre.

Ne comprenant toujours pas pourquoi ils s'acharnaient à me donner toutes ces explications, je lâchai un soupir et nous traversâmes la salle, avant d'arriver dans un long couloir avec de nombreuses portes, portant des numéros.

Smith s'arrêta devant le numéro 83. Elle était entrouverte et nous entrâmes.
Je crus rêver devant ce que je vis.

C'était une chambre plutôt normale, mais ce qui m'interpella directement étaient les murs, si on pouvait les appeler comme ça. Ceux-ci étaient recouverts de grandes baies vitrées derrière lesquelles on pouvait voir... De l'eau ! De l'eau partout, ainsi que des poissons et des coraux !

Je fis le rapprochement : Les services secrets étaient une organisation qui devait rester cachée, voilà donc pourquoi le QG se retrouvait dissimulé sous la surface de la mer ! Je restais bouche bée encore une minute, lorsque Smith me demanda de m'asseoir.

- Est-ce que vous travaillez ici depuis longtemps ? demandai-je à l'égard des deux hommes.

- Ça va faire trois ans, répondit Dawson, et ce qui est sûr, c'est qu'il y a toujours autant de boulot qu'au départ...

- Moi ça ne fait que deux mois que je suis ici, déclara Smith.

Je ne pus m'empêcher de les détailler l'un après l'autre. Les deux semblaient jeunes, surtout Smith à qui j'aurais donné à peine vingt ans, et Dawson peut être quelques années de plus. Ils arboraient tous les deux un uniforme, que je conclus être celui des SSF, un revolver à leur ceinture, ainsi que le même insigne que la lieutenant. Une nouvelle question refit surface dans mon esprit : Comment s'étaient-ils retrouvés ici ? Avaient-ils été choisis ou bien s'étaient-ils portés volontaires ?
Je m'apprêtais à leur demander lorsque la lieutenant entra dans la chambre.

- Bien, je vois que vous vous êtes tenue tranquille, dit-elle en me toisant de haut en bas. Maintenant, il va falloir que je vous explique encore quelques petites choses. Smith, Dawson, vous pouvez sortir, merci.

Les deux s'exécutèrent et je me retrouvai seule avec la lieutenant.

- Comme je le disais tout à l'heure, continua t-elle, vous en savez trop et nous allons vous garder ici. Mais vous ne vous ennuierez pas puisque vous allez intégrer notre organisation et-

- Pardon ?! m'insurgeai-je à nouveau. Vous ne pouvez pas m'obliger à travailler pour vous, je ne sais même pas en quoi consiste votre métier et je vous rappelle que ma mère m'attend chez moi !

- Je suis désolée, mais nous sommes dans une situation très délicate. Si vous refusez de vous joindre à nous, nous serons dans l'obligation de...

Elle marqua une pause, me jetant un coup d'œil.

- De faire quoi ? demandai-je.

- De vous supprimer, termina t-elle tout en gardant un visage dépourvu d'émotions.

Mon sang se glaça. Ils ne pouvaient tout de même pas ...?
Il ne s'agit pas de n'importe quelle organisation, me rappela mon subconscient, ce sont les services secrets. Si quelqu'un risquait de compromettre leurs plans, ils ne pouvaient pas le prendre à la légère.
Et les quelques personnes que j'avais pu voir jusqu'ici au sein des SSF étaient bien trop armées pour n'être que de simples gardiens de la paix en quête d'une infraction à sanctionner.

Non, ils étaient prêts à tuer pour garder leurs secrets.

--------------------

Bonjour !
Je poste aujourd'hui car je ne suis pas sûre de pouvoir le faire la semaine prochaine...
Je voulais aussi vous dire qu'il n'y a pas énormément d'action dans ces premiers chapitres, car il faut le temps que l'histoire se mette en place... Mais patience ça va venir ;)

Hidden [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant