1
A trois heures de Castle Rock, au Maine, installée contre le dossier ferme du siège sur le vol qu'elle s'était dépêchée d'attraper, Penelope Garcia avait l'impression qu'autour d'elle, le monde entier se figeait d'anticipation. Alors que l'avion filait le long de la piste de décollage, Garcia posa son ordinateur sur ses genoux et jeta un œil vers le hublot, de l'autre coté de son voisin. Elle discernait un ciel clair au-dessus des arbres distants, lesquels disparurent au fil de leur ascension. Un ciel clair, calme.
Quiconque l'aurait regardée, assise là, ne songerait pas à s'interroger sur la pâleur de son visage, ou sa prise déterminée sur l'ordinateur. Ils pourraient cependant remarquer ses vêtements, plus vifs que d'ordinaire et étincelants de mille feu, avec davantage d'accessoire que ce que Quantico lui permettait, même dans son bureau personnel. Et ils pourraient aussi relever l'attention particulière portée à ses cheveux attachés, les faisant ressembler aux plumes de la queue d'un superbe oiseau en parade. Une personne particulièrement observatrice pourrait également penser qu'il s'agissait d'une femme dans un costume : ces habits représentaient un bouclier plein de personnalité et de couleurs, face à quelque chose de si sombre, qu'y pénétrer sans armure équivaudrait à accueillir la mort à bras ouverts.
Avant la fin du vol, son voisin —un homme de vingt-sept ans en route pour Bangor afin d'assister à la naissance de sa nièce— lui offrira, après avoir vu les larmes couler sur ses joues maquillées avec soin, un mouchoir et une épaule sur laquelle pleurer, en cas de besoin. Elle déclinera. Elle avait une mission à accomplir.
L'ordinateur était à présent ouvert, et le dossier retrouvé avait été transféré dessus dans le but d'utiliser ces quelques heures avec sagesse : elle comptait entamer ses recherches parmi les informations que la Penelope passée avait jugées importantes pour la confrontation à venir.
Régulièrement, elle pressait une des touches d'appel rapide sur son téléphone, et son oreillette l'informait que les lignes s'avérait occupées, qu'aucun appel ne pouvait être passé. Il s'agissait là d'un rappel ferme que si elle avait réussi à joindre son équipe plus tôt et se trouvait dans cet avion, c'était uniquement car Grippe-Sou l'avait permis : il voulait que la totalité de ses petits agneaux reviennent à la maison pour le massacre.
Mais pas le temps de s'attarder dessus. Garcia expira profondément, lança un sourire empli de larmes à son voisin inquiet, et se concentra à nouveau sur les schémas du canal de Dark Score. Au même moment, dans son oreille, la voix l'informait que JJ n'était pas disponible, merci de réessayer plus tard. Il existait une connexion, dans ces plans, une pièce importante du puzzle et, si elle ne parvenait pas à la trouver, Garcia savait que Reid réussirait.
Il fallait simplement qu'elle puisse le rejoindre.
2
L'explosa secoua Castle Rock jusque dans son cœur, l'onde de choc se propageant bien plus loin que dans les alentours directs de l'hôpital. Les quelques oiseaux qui se pensaient à l'abri de la tempête dans leurs nids et leurs arbres commencèrent à remettre en question cette supposition dès que l'odeur de fumée envahit l'air. Des chiens hurlèrent avec l'écho du boum. Les gens demeuraient silencieux. Une alarme retentit à la caserne de pompier locale, toutefois une étrange indolence semblait s'être emparée des hommes présents, lesquels continuèrent l'activité entamée avant que l'alarme ne hurle urgence urgence urgence. Sur les lieux de l'explosion, où une foule muette aux regards vides restait sous les trombes d'eau à observer la fumée tournoyer. Personne ne courait, ne paniquait ou remontait en hurlant la rue de boutiques aux vitres étincelantes, à l'intérieur desquelles la vie continuait comme si le cœur de la ville ne venait pas de partir en fumée.
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Nous (Esprits Criminels & Ça)
FanfictionUn vent sombre souffle depuis Derry jusqu'à Dark Score Lake, en passant par Castle Rock. Le Camp Moribond est perché près du lac et attend un air plus clair. Les enfants d'ici sont prudents ; contrairement aux adultes, ils savent ce qui se terre sou...