⚜ Chapitre 3 : Les bruits du monde ⚜

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 Aux alentours de Paris, mois de juillet

Céleste

Je poussai un long soupire quand je remarquai qu'il était déjà le soir. J'avais donc passé une journée entière à découper et ramener le cadavre de l'ours jusqu'à la maison ? Mais il fallait dire que c'était une énorme bête, et que j'aurais à manger pendant plusieurs jours, si ce n'était plusieurs semaines.

Un raclement de gorge me tira de mes pensées. Je relevai la tête vers l'inconnu qui me regardait, appuyé à un mur de la maison.

- Vous avez fière allure, fit-il d'un ton tranquille, et je me demandai s'il venait de plaisanter.

En effet, j'avais accroché la carcasse à un poteau, et j'étais en train de lui retirer méthodiquement sa peau. Mon visage était donc sale, mes cheveux hirsutes et mes mains pleines de sang.

- Je n'ai plus l'habitude de vivre avec des gens, répondis-je en haussant les épaules.

- Je pars dès maintenant, si cela peut vous rassurez, dit-il. J'ai déjà pris assez de retard pour ma mission.

Je secouai la tête.

- Non, vous restez dormir, fis-je en me dirigeant vers le petit puits pour m'y laver les mains. Je ne vais pas vous laissez repartir alors que votre pansement n'a pas encore douze heures.

- Je m'en voudrais de m'imposer.

- Et je m'en voudrais que vous mouriez en court de route, ripostai-je.

L'homme eut un grognement... amusé ? J'eus un petit sourire avant de me diriger vers l'intérieur de la maison. Il m'y suivit.

- C'est étonnant, une noble ayant un corbeau apprivoisé, fit-il remarquer en montrant Ikaros.

- Je n'étais pas noble, le corrigeai-je.

Mais je marquai un temps d'arrêt suite à cette information. Est-ce que à l'époque, j'étais noble ? J'étais la fille de la duchesse de Ligueux, mais je ne le savais pas encore. Donc j'étais une orpheline des rues, puis j'étais entrée au service de Richelieu et enfin j'étais devenue fausse comtesse. Alors, avais-je été noble ? Je grognai. Ma situation était bien compliquée.

- Je n'y crois pas un mot, répliqua-t-il.

- Libre à vous de croire ce que vous voulez.

Soudain, d'un mouvement digne de la vivacité d'un chat, l'homme me plaqua délicatement contre le mur. Je ne retins pas un petit hoquet surpris, et le foudroyai du regard. Il était bien trop proche de moi. Le dernier homme à m'avoir tenu ainsi, à avoir été si proche... Non. Non, je ne devais pas pensé à ça. A lui.

- Quel est votre nom ? demanda-t-il en ignorant mes yeux courroucés.

- Et le vôtre ? retournai-je. Je n'ai pas l'habitude de répondre sous la contrainte...

Ses yeux croisèrent les miens.

- Si je vous dis le mien, vous me dîtes le vôtre.

Je le défiai du regard.

- Lâchez-moi. Je n'aime pas frapper ceux que je viens de soigner.

Et il me libéra. Sans qu'il ne s'y attende, je tirai vivement un poignard camouflé dans ma botte et le plaquai contre sa gorge, nous retournant pour que cette fois ce soit lui qui se retrouve dos au mur, faisant trembler la maisonnette.

- La prochaine fois que vous me touchez ainsi, je ne resterai pas aussi passive, l'avertis-je en prenant ma voix la plus menaçante, ma voix dans laquelle on sentait gronder le tonnerre.

Le retour de l'Espionne - Livre IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant