⚜ Chapitre 38 : Le retour de l'Espionne ⚜

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 Paris, mois de septembre

Céleste

- Ma foi, c'est un beau cadeau, estima Porthos en faisant briller les rubis à la lueur des chandelles.

Il s'amusa à éblouir Aramis avec le reflet rouge, qui le fusilla gentiment du regard.

- Porthos, repose ça, grogna Athos.

- Attend, ce n'est pas tous les jours qu'on peut s'amuser avec une fleur de lys en rubis ! s'exclama le grand métis.

- Philippe va pouvoir le faire tous les jours, fis-je remarquer avec amusement en pansant les blessures de Chiron.

- Sauf s'il le perd dès que son oncle aura le dos tourner, se moqua Constance en entrant dans le bureau du capitaine.

Elle se dirigea vers Morel et Rousseau, et leur donna à chacun une miche de pain.

- Tenez, les garçons, sourit-elle tendrement.

Elle se retourna ensuite vers moi pour poser la carafe d'eau qu'elle avait sous le bras à côté de la bassine qui était déjà près de moi. Je la remerciai du regard, et trempait le linge dans l'eau propre, la teintant de rouge.

- Rien de trop grave ? demanda d'Artagnan, assis non loin.

- Il survivra, assurai-je. Cela aurait pu être bien pire...

- C'est pourquoi nous aurions dû rester, grommela Rousseau.

Les mousquetaires se tournèrent, surpris, vers le cadet. En effet, ce dernier était d'habitude connu pour son calme et son stoïcisme à toute épreuve. Mais aujourd'hui... Il avait pris bien trop à cœur la mission.

- Rousseau, grognai-je, il y a un problème avec la consigne « exécuter mes ordres sans réfléchir » ? Il fallait éloigner à tout prix le bijou de cet endroit, sinon nous aurions pu nous le faire reprendre. Morel, lui, m'a écouté, et mieux, il m'a obéit dès la première fois. Quand à vous, cadet Rousseau, si jamais je vous reprends à me désobéir ainsi, vous serez puni en conséquence, est-ce clair ?

J'avais fait gronder ma voix comme le tonnerre, et Rousseau accusa le coup. Morel et Chiron aussi baissèrent la tête ; quand j'utilisais le vouvoiement pour parler aux cadets, cela n'annonçait généralement rien de bon...

Un léger toquement se fit entendre à la porte, et celle-ci s'ouvrit sur Tréville, qui entra en la refermant par la suite derrière lui.

- Tiens, fait le reste seul, dis-je à Chiron.

Et je tendis le linge à mon cadet, qui termina de nettoyer les petites plaies sur son visage et ses bras. Je me levai par la suite, et pris le joyau que me tendait Porthos. Je me tournai ensuite vers mon amant, et le lui présentai avec un petit sourire en coin.

- Et voici le bijou de Féron, récupéré moins de vingt-quatre heure après qu'il nous a donné la mission, souris-je.

Il croisa mon regard, et sourit à son tour. Ses yeux gris-bleu se plissèrent avec malice.

- Garde-le, m'ordonna-t-il. Tu le donneras toi-même à Féron... En présence de tous les cadets, bien entendu.

Il se tourna par la suite vers Rousseau et Morel, et je ne manquai pas le regard attentif de Constance devant notre entente à Tréville et moi.

- Allez vous reposez, messieurs, leur dit-il. Votre camarade ne saurait tarder à vous rejoindre. Et demain, aux aurores, vous rapporterez le bijou au Marquis de Féron.

Les deux cadets hochèrent la tête en silence, puis prirent congé. Mon amant se tourna ensuite vers Chiron, qui soutint son regard avec fierté.

Le retour de l'Espionne - Livre IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant