⚜ Chapitre 46 : Duel ⚜

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 Paris, mois de septembre

Céleste

Marchaux attaqua une fois, Aramis se décala et ne fut pas touché. A la seconde attaque, il arrêta brusquement la lame du capitaine, et profita de l'élan de celui-ci pour bloquer sa rapière, et essayer de passer dans son dos. Marchaux se décoinça à la dernière seconde, et arrêta bien haut la lame d'Aramis pour la redescendre brusquement vers le sol. Il fendit ensuite l'air au-dessus de mon ami, qui se baissa au dernier moment pour éviter la rapière.

Aramis pointa ensuite sa lame vers le ventre de Marchaux, qui recula d'un pas. Les deux hommes se fusillèrent mutuellement du regard, et leur animosité se fit ressentir jusqu'à là où nous étions. Enfin, Marchaux se précipita de nouveau vers Aramis, qui bloqua sa lame en découvrant le bas de son corps. Le capitaine des Gardes Rouges en profita pour projeter sa lame vers la cuisse du mousquetaire, attaque que celui-ci esquiva difficilement.

J'avais amélioré les capacités de Marchaux durant nos entraînements, et cela se ressentait dans le combat. Soudain, Aramis tenta de toucher l'épaule de son adversaire, qui fit un bond en arrière en glissa quelque peu sur l'herbe. Avant qu'Aramis n'eut le temps d'en profiter, Marchaux repris appui sur un de ses pieds, et tenta de piquer le poignet du mousquetaire.

Sous les murmures de la foule qui commençait à parier, Aramis repoussa brusquement Marchaux, et le toucha légèrement au dos. Le capitaine fit volte-face, chassa la lame de mon ami de la sienne, et du affronter deux attaques consécutives d'Aramis, une vers son épaule, une autre vers son genoux.

- Ils se battent bien, marmonna Porthos. Mais pour ceux qui ont l'habitude de le voir à l'entraînement, il est clair qu'Aramis retient certains de ses coups.

Comme s'ils l'avaient entendu, les coups des deux adversaires se firent plus violents, plus brusques, et les bruits de la collision entre les deux fers remplacèrent pendant un court instant tous les cris d'encouragement et les paris.

Je levai un regard vers la tribune des spectateurs. Le roi, la reine et leurs deux fils regardaient avec attention les combattants. Aux côtés de son demi-frère, Féron lui aussi était des plus attentifs. Tréville, du côté de la reine, lui, me cherchait du regard. Quand nos yeux se trouvèrent, je le rassurai d'un mouvement de tête ; Aramis savait ce qu'il faisait.

Quand d'Artagnan siffla légèrement, je retournai mon attention sur le duel. Marchaux venait de coincer le rissaco d'Aramis dans le siens, et assena au mousquetaire un grand coup de coude dans le nez, sous les murmures de la cours et les exclamations des autres Gardes. Aramis recula d'un pas, et porta rapidement sa main ganté à son nez en sang.

- Mes aïeux, s'il est tordu, il va nous en vouloir toute sa vie, ricana doucement Porthos.

Un seul regard sévère d'Athos suffit à le faire taire. Prit d'une nouvelle rage, Aramis se jeta sur Marchaux, lame dressée. Celui-ci l'esquiva, mais ne parvint pas à prévoir le coup de pied d'Aramis, qui le toucha au ventre. Cette fois, quand le capitaine se plia de douleur, ce fut au tour des mousquetaires d'exploser en vivats. Marchaux se précipita vers son adversaire, mais se prit à son tour un coup de poignet dans le nez. Quel imbécile, pensai-je. Il faut qu'il attende que les douleurs soient passées avant d'attaquer de nouveau ! Pourtant, je le lui avais bien indiqué lors de nos entraînements. Les échanges de petites attaques continuèrent, quand soudain je sentis une main me tapoter le dos. Je reculai d'un pas, et me retournai vers Chiron, qui me regardait d'un air préoccupé.

- Qu'arrive-t-il au mousquetaire Aramis ? me demanda-t-il doucement.

Craignant qu'un mousquetaire ne nous entende, j'entraînai Chiron plus loin de la foule, où Rousseau nous rejoignit rapidement.

Le retour de l'Espionne - Livre IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant