⚜ Chapitre 66 : Mariage ⚜

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 Aux alentours de Paris, mois d'octobre

Céleste

J'étais assise sur une des chaises de la sacristie. Mes mains pâles aux ongles soignés étaient posées sur la table, et je les regardai avec attention pour ne pas perdre le fil de la réalité. C'était aujourd'hui. C'était maintenant. J'allais me marier. Avec l'homme que j'aimais.

Je me levai pour commencer à faire les cents pas dans la petite pièce. Nous étions dans l'église de Châtillon, aux alentours de la capitale, et je savais que tous nos invités attendaient dans la pièce principale du bâtiment religieux. Constance et Sylvie devaient organiser les derniers détails, puis elles viendraient me chercher avec Aramis. Mes mains tremblaient, aussi les posai-je doucement sur ma longue robe blanche. Pour me détendre, je passai en revue ma tenue.

Heureusement que j'avais demandé à Anne une robe simple ; elle m'en avait fait une de princesse. Le bustier était de dentelles et de broderies blanches, couvrant mes épaules mais dévoilant un décolleté élégant sans être trop plongeant. La dentelle continuait le long de mes bras, et s'évasaient en manches lâches au niveau du milieu de mes avant-bras. Je savais que le dos du bustier dévoilait mon dos nu et mes cicatrices dont je n'avais pas honte.

La jupe était blanche, toute simple, sans froufrous, et elle tombait élégamment autour de mes jambes entièrement cachées. J'avais juste une toute petite traîne dans mon dos, rien d'extravagant. Il fallait avouer que j'adorai cette robe. Elle était sublime, sans en faire trop. Là où Anne avait exagéré, c'était la parure de diamant qui ornait ma blanche gorge et qui descendait presque jusqu'au décolleté. Elle venait des bijoux qu'Anne avait ramener d'Espagne, aussi ne lui avait-elle rien coûté, et c'était seulement cela qui m'avait persuadé de la garder.

Constance et Sylvie avaient passées une longue heure à préparer ma sublime coiffure : elle partait en tresse sur le côté, pour se rejoindre en une sorte de gracieuse et volumineuse queue de cheval qui descendait au moins jusqu'à la moitié de mon dos. Mes cheveux derrières avaient étés laborieusement bouclés en accentuant leur ondulation naturelle à l'aide d'un fil de fer chaud. Et enfin, mes deux demoiselles d'honneur avaient glissées des fleurs des champs aux teintes roses, blanches et pastel dans la coiffure, rendant le tout exceptionnel.

Je ne savais pas comment était décorée l'église. Tout ce que j'avais vu d'elle était le parvis devant, à l'ombre des châtaigniers, aménagé pour la fête qui viendra, ainsi que la sacristie où je me tenais actuellement. La cérémonie devait commencer vers midi ; cela ne saurait tarder. Je prenais sur moi pour ne pas passer mes mains dans ma coiffure et ainsi ruiner tous les efforts de mes amies quand soudain la petite porte s'ouvrit pour laisser entrer celui qui me mènera à l'autel.

- Oh, Aramis, je ne sais pas ce que je dois faire, comment je dois faire... paniquai-je tandis que mes mains de crispaient et se décrispaient sur la jupe de ma robe.

Mon ami eut un petit sourire, puis s'approcha de moi pour me prendre les mains, son regard débordant de tendresse. Il s'était lavé pour l'occasion, et sur sa peau toute rasée apparaissait ses cicatrices qui faisaient son charme. Sa tenue officielle des mousquetaires, avec sa cape turquoise sur son épaule gauche, avait elle aussi eut droit à un nettoyage soigné. Aramis semblait briller.

- C'est très simple, ma sœur, me sourit-il d'une voix pleine d'émotions. Tu vas entrer dans cette église, tu vas avancer jusqu'à l'autel à mon bras, puis tu vas dire « oui » à l'homme que tu aimes.

Je faillis défaillir de bonheur à l'appellation « ma sœur ». Le regard d'Aramis était si confiant, si heureux... Il se pencha doucement pour m'embrasser sur le front.

Le retour de l'Espionne - Livre IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant