~Chapitre 02~

1.1K 100 131
                                    

~Chapitre 02~

(ou comment sombrer par gentillesse)

~~~

Une semaine s'était écoulée depuis cette fameuse nuit. Atsushi n'avait pas recroisé le mafieux aux yeux d'acier et il ne savait si ça l'embêtait ou le soulageait. Mais il ne lui avait toujours pas rendu ce qu'il lui devait. L'occasion se présenta par hasard lorsque, flânant avec Tanizaki dans un quartier de Yokohama, il aperçût une jolie jeune fille à la longue chevelure noire. S'excusant auprès de son ami, il se dirigea vers elle, croisant les doigts pour qu'elle ne s'enfuit pas. Sa prière sembla exaucée bien que la jeune Gin sursauta en l'apercevant.

-Désolé, je ne voulais pas t'effrayer, s'excusa-t-il mal à l'aise. Je... Je voulais savoir si tu pouvais rendre ça à ton frère, il m'a dépanné un jour et je n'ai jamais eu l'occasion de lui rendre...

-Oh... c'est que...

Elle sembla hésiter mais reprit finalement de sa petite voix.

-Je ne parle plus trop à mon frère en ce moment... Même au... travail, on ne se croise pas trop et on évite de se croiser.

-Oh, je suis désolé...

-Tu devrais le croiser...

Elle fouilla ses poches et en sortit un stylo. Puis elle prit la main d'Atsushi et écrivit une adresse dessus.

-Il est souvent là la nuit. Vers minuit en générale.

Elle hésita à nouveau puis regarda Atsushi avec des yeux suppliants.

-Depuis votre marché, il y va sans cesse, j'en peux plus... essaie de faire quelque chose, s'il te plait...

Et elle le laissa en plan au milieu de la foule.

-Bah dit donc, je savais pas que t'avais une copine, rit soudaine la voix de Tanizaki derrière lui. Elle est plutôt mignonne !

Atsushi bégaya soudain, se rendant compte de l'ambiguïté de la situation.

-N-N-N-Non non non ! C'est pas ce que tu crois !

-Éclaire ma lanterne alors, parce qu'une fille ne t'écrit pas son adresse sur la main sans raison.

-Son adresse ?

Il fixa le dos de sa main et envia Kyôka qui connaissait Yokohama par cœur.

-Ah non, c'est l'adresse d'une boite de nuit. Un rendez-vous ? Bah dit donc, quel succès !

-Mais non !

Tanizaki continua ses taquineries tant et si bien qu'Atsushi ne pu lui expliquer le contexte de cette discussion (même si pour rien au monde il aurait dévoilé son identité).

Il se retrouva donc le soir même appuyé à la rambarde de la dernière fois. Le vent le faisait frissonner mais il attendit. Une heure. Il avait froid, et le mafieux n'était toujours pas là. Il pensa à rentrer quand une illumination se fit. Akutagawa était peut-être déjà dans la boite de nuit ? Le jeune détective soupira et fixa l'entrée tristement. Il s'était promis de plus y mettre les pieds... Ce fut donc mal à l'aise qu'il entra.

Il dut se rendre assez vite à l'évidence, le mafieux n'était pas là. Ou alors il était sacrément aveugle mais dans cette semi-pénombre, avec toute cette foule, sachant qu'il cherchait une personne tout de noir vêtu, cela était excusable. Il regarda sa montre et décida d'attendre jusqu'à deux heures. Il commanda donc un truc à boire pour ne pas avoir l'air d'un imbécile et pour s'occuper les mains, et s'assit dans un coin de la pièce pour boire et observer, sans savoir que commander cette boisson avait signé l'arrêt de toute tentative de suivre ses bonnes résolutions. Une fille lui demanda s'il voulait bien danser avec elle, ce qu'il accepta. Il dansa, il bu, et il oublia presque la raison de sa venue. Il s'amusait, le reste perdait son importance face à l'euphorie qui le gagnait. Cette sensation grisante qui l'effrayait lorsqu'il était sobre l'envahi et il profita de l'instant présent. Il ne réagit qu'à peine lorsqu'il sentit une main lui tirer le poignet. Et sans savoir ni pourquoi ni comment, il se trouva face à ce regard acier qu'il fuyait autant qu'il le cherchait. Son cerveau eut quand même la bonne idée de le prévenir que quelque chose clochait lorsque le brun lui attrapa la taille.

Pour oublierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant