Il tenait fermement ma main, je me souviens que ma paume paraissait minuscule au creux de la sienne. Ses doigts étaient calleux et mes phalanges étaient endolories lorsqu'il s'arrêta sur le palier d'une chaumière.
La nuit était froide, j'étais encore ensuquée de sommeil, il n'y avait aucun bruit à part celui de nos pas sur la route boisée.
Il frappa trois coups sur la petite porte en bois, quelques lambeaux de peinture bleutée atterrirent sur le sol.
Un bruit de verrou interrompit le silence oppressant de la nuit. La porte s'ouvrit de quelques centimètres, assez d'espace pour que le visage d'une femme ridée fasse son apparition.
Elle ne dit aucun mot, son regard se posa sur moi pendant quelques secondes. La porte se referma brusquement. L'espace d'un instant, j'eus l'impression que nous avions effrayée l'occupante des lieux. Puis un bruit de verrou à chaîne me fit changer d'avis. Elle leva le second verrou pour cette fois-ci ouvrir la porte en grand. Elle s'avança sur le palier, ne fit pas attention à l'homme qui m'accompagnait et s'agenouilla pour se mettre à ma hauteur.
Ses cheveux grisonnants étaient regroupés en chignon, son visage était marqué par le temps. Je me souviens alors combien son visage m'avait été réconfortant, il était sûrement le visage le plus bienveillant que j'eus croisés depuis un moment.
« - Tu as de magnifiques cheveux ! » Dit-elle en passant sa maigre main dans mes cheveux lâchés.
L'homme se racla la gorge comme pour faire rappeler sa présence à mes côtés. La vieille dame releva le regard, et se remit debout.
« - Tout est bon pour vous ? Dit l'homme, sa voix était grave et inquiétante.
Il lâcha ma main, mes yeux s'embuèrent alors, des larmes roulèrent sur mes joues.
La dame acquiesça et demanda :
- Qu'avez-vous dit à cette enfant ? Elle semble terrorisée !- Rien. Elle n'a rien besoin de savoir. Elle entamera sa seconde année de vie dans quelques jours, elle ne se souviendra jamais de cette nuit. Vous recevrez des consignes quotidiennes. Suivez-les assidûment, ce n'est ni une menace ni un conseil, c'est un ordre. Répond-il »
L'homme s'en alla rapidement sans même me jeter un regard. Comme avalé par la brume entourant le chemin que nous avions emprunté il y a peu.
La vieille dame me prit alors dans ses bras et me serra si fort que j'eus le souffle coupé.
« - Tout ira bien. » Avait-elle chuchoté au creux de mon oreille.
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Le serpent de Rosaceae
خيال (فانتازيا)Il existait un monde où le mal portait une couronne : Rosaceae. Luxure, Violence, vice animaient créatures démoniaques et autres bêtes de l'Ombre. Un soir de pleine lune, alors que le temps était brumeux, un homme frappa à la porte d'une chaumière...