Je manque de me faire renverser par un troupeau de Satyres lorsque j'arrive aux abords du château. Créatures difformes aux jambes et cornes de bouc mêlé à un buste humain. Leurs cornes sont plus lacérées que n'importe quelle hache présente dans le royaume.
- Fais attention où tu mets les pieds..Mortelle. me dit l'un d'eux, en me toisant méchamment.
J'ignore son commentaire de barbare sans cervelle et continue ma route.
Il faut me rendre en direction du grand château pour rejoindre Sohann. Sa famille travaillant pour le Roi, ils logent dans une petite maisonnette en pierre, accolée au château; Comme tous les serviteurs de la famille royale.
Sur le chemin, je remarque une dizaine de Nymphes prenant le soleil, allongées sur le muret des douves qui entourent le chateau. Elles sont tout ce qu'il y a de plus magnifique. Leurs cheveux se reflètent parmis la lumière et volent au gré du vent. Leurs peaux ont dorées à force de passer leurs journées près des cours d'eau. Elles portent en collier, une couronne tressée de reine-des-prés, petite fleur blanche délicate qui sublime leurs poitrines. Le Royaume n'est pas leur territoire habituel, il est d'ailleurs tout à fait différent de celui des Abimes des Ames.
Les plus juvéniles des nymphes passent leurs journées à se prélasser près des douves du château afin de tenter de séduire le jeune prince du Royaume. Encore faut-il qu'il se montre, il est aussi légendaire que son père. Je n'ai vu que des peintures à l'aquarelle de lui, lors des festivités mondaines notamment. Sohann m'a également parlé de ses expériences auprès de la famille royale. Il paraitrait que le prince serait maussade et froid.
Lorsque je m'avance vers le château, je relève la tête vers le ciel pour laisser mes joues se réchauffer au soleil.
La tour principale de l'édifice vînt me cacher de la boule de feu se tenant face à moi. J'ouvre les yeux et essaie d'habituer mon regard à la pénombre naissante. Je remarque alors les détails sur le bois du pont-levis, il est usé, il a dû engendrer bien des attaques et des trahisons. Brillent au gré du soleil, de fines ronces d'or forgées à même le bois. Leurs trajectoires font croire que le pont-levis ne se baissera jamais pour vous accueillir. Le château est constitué de pierres noires, il pourrait paraître l'endroit le plus effrayant de Rosaceae. C'était sans compter les fleurs roses pâles d'églantier courants sur les murs de la forteresse, lui donnant alors une ambiance étrangement romantique.
Les fenêtres à meneaux divisant la façade, possèdent des vitraux colorés, vert scarabé. Aucune lumière ne dépasse de ces ouvertures, comme si le lieu était abandonné. Pourtant y résident les plus dangereuses bêtes de Rosaceae, le Diable en personne et sa famille.
Je contourne l'édifice pour me diriger dans la ruelle où habite Sohann. Le lieu est tout de suite moins magestueux et brillant. Les rues sentent la liqueur croupie accompagnés de cadavres d'Incubes tentant de retrouver la raison face à la quantité d'alcool ingéré la nuit précédente.
J'enjambe l'un d'eux et arrive enfin devant le cottage de Sohann, je frappe timidement sur la porte d'entrée en acajou.
J'entends deux pas puis la porte s'ouvre face à un Sohann des plus souriants. Ses cheveux roux en bataille dénote de l'obscurité de la ruelle. Son visage fin le rend plus juvénile qu'il ne l'est réellement. Ses tâches de rousseur s'assombrissent au fil des années mais lui donnent toujours autant de charme.
Ses pupilles sombres sont ma piqûre de rappel pour m'avertir qu'il n'est pas différent des habitants de Rosaceae. Il a juste décidé d'agir autrement que par la violence et le mal.
Je lui rends son sourire et profite de l'accolade qu'il m'offre. Il sent bon l'herbe fraîche, son contact m'apaise. Il se recule pour crier bien trop fort : "Joyeux anniversaire Angie !", en me tenant par les épaules.
VOUS LISEZ
Le serpent de Rosaceae
FantasiaIl existait un monde où le mal portait une couronne : Rosaceae. Luxure, Violence, vice animaient créatures démoniaques et autres bêtes de l'Ombre. Un soir de pleine lune, alors que le temps était brumeux, un homme frappa à la porte d'une chaumière...