Être nymphomane, les secrets d'Émilie Anderson

Secret N°6 : la communauté LGBTQ

Emilie sourit en contemplant dans son grand miroir rond le pendentif qui ornait désormais sa poitrine. Elle serra la petite pierre bleue entre ses doigts pâles, sentant son cœur empli d'une satisfaction nouvelle. Elle n'arrivait pas à croire que James lui avait offert son collier, lui qui ne l'avait pas quitté depuis des années.

Malgré le fait qu'elle avait peu dormis, la jeune Anderson se sentait extrêmement satisfaite ce matin là. Personne n'avait remarqué son excursion de la veille, et un domestique était venu lui dire qu'elle devait désormais retourner à l'école mais que ses leçons au dojo étaient toujours suspendues (ce qui était pour elle un énorme soulagement). Elle ne pouvait s'empêcher de se dire que, malgré tout, les choses semblaient, pour une fois, bien aller. La vie était belle. Elle avait eu plus d'orgasmes au cours de la semaine précédente que dans toute sa vie réunie, et la simple idée d'en ravoir encore la mettait de bonne humeur.

Ce fut donc avec une mine plutôt joyeuse et définitivement épanouie qu'Émilie rejoignit la table du petit déjeuner. Son père avait le nez plongé dans son journal et l'ignora royalement lorsque Émilie salua sa famille. De même, sa mère esquissa à peine un petit « bonjour ». En fait, à la grande surprise de la jeune fille, la seule personne à lui répondre ce matin là fut sa petite sœur.

Le bonheur d'Emilie s'en retrouva perturbé c'était le monde à l'envers et ça lui rappela que quelque chose n'allait pas. William était de marbre et n'avait pas donné le moindre signe qu'il avait remarqué sa présence, alors que, polis comme il était, il ne la laissait jamais sans son « bonjour, as-tu bien dormi » matinale.

Et au contraire, pour une fois, Mia lui fit grâce d'enlever un de ses écouteurs pour lui dire bonjour.

Emilie ne savait pas ce qui la perturbait le plus l'indifférence de William ou le soudain intérêt de sa petite sœur. Elle s'assit donc à table en tâchant de se faire la plus silencieuse et discrète possible, reprenant ses vieilles habitudes.

En se levant pour quitter la table, juste avant d'aller mettre ses chaussures, le cœur d'Emilie rata un battement lorsqu'elle se trouva nez à nez avec William et qu'elle vit les yeux opaques du jeune homme descendre sur sa poitrine. Elle sentit le rouge lui monter aux joues et il lui fallut de longues secondes avant de réaliser que ce n'était pas son anatomie qu'il regardait...

En effet, les longs cheveux noires d'Emilie, coiffés en deux couettes bien lisses, glissaient sur le blanc de son uniforme, encadrant son nouveau collier.

À ce moment précis, Émilie n'osa plus respirer. Elle vit dans le regard de William qu'il avait remarqué quelque chose. Il devait probablement savoir d'où venait ce collier... Même s'il ne fréquentait pas James, ce collier qu'il avait porté quotidiennement pendant des années le définissait au moins autant que le blond de ses cheveux et que l'azur de ses yeux.

La jeune fille se prépara donc à une remarque acerbe, à une mise en garde, à un grognement... N'importe quoi ! Mais William ne broncha pas d'un cil. Il se contenta de regarder le pendentif pendant de longues secondes, ses iris brûlant au passage la poitrine d'Emilie. Tétanisée, elle se sentait soudainement emprunte de sentiments confus et perturbant. Dans sa panique, elle décela une sensation qui s'apparentait à... De l'excitation sexuelle ? Elle n'arrivait pas à y croire et pourtant ses tétons qui pointaient désormais sous son chemisier (et elle était presque sûre que William pouvait les voir à travers son soutien gorge) témoignaient de la chose.

Lorsque celui détourna enfin son regard, Émilie resta figée un moment, prise entre frustration, dégoût et peur... Pourquoi William ne lui avait-il rien dit ? Pourquoi ne lui avait-il pas adressé la parole de la journée ? Et pourquoi diable se sentait-elle toute chamboulée lorsqu'il était dans les parages...