Secret N °4 : cunnilingus

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Partie 3/3

Dimanche, fin d'après midi, et Émilie était tout bonnement exténuée. Elle prenait le thé dans sa véranda en compagnie d'Aloïs. C'était probablement la dernière fois qu'ils feraient une chose pareille. Non pas que ça lui manquerait... C'était quelque chose d'extrêmement rare, et puis Émilie apprécierait de ne plus avoir à constamment porter le poids de deux familles sur ses épaules.

Aloïs regardait par la fenêtre. Ils ne se parlaient pas. Comme d'habitude.

Non. Ça ne lui manquerait pas. Pourquoi est-ce que ça lui manquerait ?

Dès le lendemain matin, Aloïs et James se battraient, et elle annoncerait à sa famille la rupture des fiançailles. Tout serait derrière elle les soirées mondaines des Freeman, le goût écœurant du champagne et du vin blanc, la laitue et les conversations ennuyeuses sur l'économie. Alors... Pourquoi est-ce que son cœur était lourd ?

Émilie jeta un coup d'œil vers l'horloge qui indiquait 18 heure moins 5. C'était les dernières cinq minutes en compagnie d'Aloïs. Elle pensait les passer en silence, mais pour la première fois depuis très longtemps, le Freeman lui parla : « Tu sais... Quand je t'ai rencontré pour la première fois, je n'aurais jamais pensé que tu puisses être aussi perverse... »

Émilie tressaillit et faillit en faire tomber sa tasse de thé. Bon d'accord, ils étaient seul tous les deux, mais ce n'était pas une raison pour lui dire une chose pareille. Les joues rouges, elle porta un mouchoir à ses lèvres pour en essuyer le thé qui y résidait.

« Je ne le suis pas, » protesta-t-elle, « j'écoute mon corps, c'est tout. »

« Dans ce cas ton corps te dicte de drôle d'envie, » répondit Aloïs, « tu sais que ça a un nom ce que tu as... »

Émilie tritura son mouchoir entre ses doigts avec un air gêné. Le Freeman regardait toujours par la fenêtre avec un air neutre. Il ne semblait pas ennuyé par sa présence comme il en avait tant de fois eut l'air auparavant.

« Je vois pas de quoi tu parles, » répliqua Émilie avec une voix un peu sèche, montrant son désir de couper cours à cette discussion.

C'était le monde à l'envers. Maintenant Aloïs voulait discuter, et elle ne le voulait pas. Ils ne trouvaient jamais l'équilibre.

« Ça va me manquer... » murmura pensivement le Freeman.

Émilie déposa son mouchoir, sa gorge se serrant pour une raison qu'elle ignorait. Elle n'était pas sûre de savoir de quoi Aloïs parlait. Est-ce que c'était du sexe ? De sa compagnie ? Du fait qu'elle lui apportait des tomates ?

« Ça va vite passer, » répondit-elle, sans même savoir de quoi elle parlait exactement, « tu vas retrouver ta liberté. »

Aloïs eut un rire triste. Il posa son regard onyx sur Émilie, ses yeux noirs contrastant avec le bleu de ceux de la jeune fille.

« Émilie... Toi comme moi, on ne sera jamais libre. Ça va durer quelques mois, et puis nos parents vont trouver quelqu'un d'autre... »

Elle resta silencieuse, baissant les yeux sur sa tasse. Il avait raison. Au fond d'elle, elle le savait. Mais elle voulait croire... Elle voulait croire que dès le lendemain, elle serait un peu plus libre qu'en se désastreux dimanche. Elle voulait croire qu'elle pourrait avoir une vie d'adolescente normale, et peut-être même coucher avec d'autres garçons sans avoir le sentiment affreux de tromper quelqu'un.

Il était presque l'heure.

Aloïs aurait dû s'apprêter à partir, mais au lieu de ça, il restait dans son fauteuil de velours vert, dans cette petite véranda, les yeux fixés sur cette fille qu'il n'avait jamais vraiment regardé avant.

« Tu sais... » commença-t-il, « peut-être que tout ça c'est une mauvaise idée. Peut-être qu'on devrait rester ensemble... »

Plusieurs émotions contraires se bousculèrent dans le cœur de notre pauvre Anderson. Aloïs était en train de lui dire qu'il voulait rester avec elle... Qu'il voulait d'elle... Il était beaucoup plus tolérant que ce qu'elle croyait. Il avait l'air de l'accepter telle qu'elle était, avec sa libido démesurée, son caractère peu sûre d'elle et tous les autres côtés de sa personnalité...

Ou alors il avait juste peur du changement.

Quoi qu'il en soit, Émilie avait déjà pris sa décision. Elle secoua doucement la tête de gauche à droite, tâchant d'ignorer la lourdeur qui pesait sur son cœur.

« Toi et moi... Ça ne peut pas marcher, Aloïs, » souffla-t-elle.

« Pourquoi ? » demanda-t-il.

« Parce que... » Elle redressa légèrement sa tête, ses cheveux lisses se mouvant légèrement autour d'elle. Aloïs la regardait, avec le même air semi-triste, semi-heureux sur le visage, le coin de ses lèvres toujours recourbés...

« Parce que je ne t'ai jamais fais sourire, » dit-elle finalement.

Le coucou de l'horloge se manifesta. Émilie poussa sa tasse de thé et se leva afin de raccompagner Aloïs. Celui-ci reprit un air neutre et saisit son manteau que l'on venait de lui apporter. La jeune Anderson le suivit jusqu'à la sortie du salon. Sa poitrine était serrée, et elle ne réfléchissait plus vraiment, marchant comme un robot.

Aloïs ouvrit la porte et se retourna vers elle pendant un cours instant et la regarda intensément, comme pour lui redemander si elle était bien sûre de ce qu'elle faisait. Émilie plaça sa main sur le pas de la porte. Elle en était sûre. Levant les yeux vers Aloïs, elle laissa quelques secondes s'écouler avant de dire très distinctement :

« Je ne t'aime pas. Au revoir. »

Être nymphomane, les secrets d'Émilie AndersonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant