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Enfermée dans mon mutisme, je ne parle plus à personnes, personnes n'a l'honneur d'entendre le son de ma voix, est-ce une chance ou un déshonneur pour eux?

Parents mort à l'âge de mes 7 ans.

Toute mon innocence, mon enfance, et mon adolescence s'est envolée en même temps qu'ils ont rejoint le paradis. D'orphelinats en familles d'accueils, de familles d'accueils en familles d'accueils, j'ai été trimballé de toute les sortes et les façons possible, il y a-t-il pire chose au monde que de ne pas avoir de repère ? Y a-t-il pire chose au monde que d'enlever son innocence à un enfant de 7 ans ? Je pense qu'il y a pire mais ça reste l'une des choses les plus horrible qui puissent exister !

Je me rappelle de quelques bref souvenirs de mes parents, ma mère était une femme pieuse elle me disait tout les jours : «benti, ne pleur jamais sur ton sort, il y aura toujours pire que toi dans se bas monde, alors profite de chaque instant et n'oublie jamais de remercier chaque jours ton créateur en étant pieuse et en disant el hamdulilah ». Les autres souvenirs sont moins claire que ces paroles, mais je sais que nous étions une famille soudée qui riait beaucoup.

J'ai aujourd'hui 21 ans.

Je me suis longtemps éloigné de ma religion, mais el hamdulilah aujourd'hui je suis proche de mon créateur.

Je vis au milieu de tours plus hautes les unes que les autres.

Les cheveux volant de part et d'autre de mon visage je marche, les mains dans les poches de mon sweat, les écouteurs aux oreilles. Des paroles véridiques, qui me laissent croire que je n'étais pas seule dans la merde, que nous étions presque plus nombreux que toutes les voitures qui font le tour de l'arc de triomphe à Paris. Nous étions seulement trop égoïstes pour soulever les yeux de notre vie morose et regarder les gens qui nous entour !

Quand je rentre enfin chez moi, je vais dans la salle de bain et regarde la fille que je laisse transparaitre aux yeux des gens.

Un nez fin. Des yeux noirs. Une fine bouche rosée. Des pommettes rehaussées. Des cheveux noir, lisse, court qui doivent arriver au niveau de ma poitrine .

Un sourire faux qui fait office de réponse au gens, je ne parle plus depuis l'âge de mes 17 ans traumatisé par une scène à la cruauté frappante.

Les gens de ma cité n'essaient plus de me parler depuis bien longtemps, seul une mama persiste, je l'aime beaucoup, elle a le coeur sur la main, je vis au dessus de chez elle depuis 2 ans, je ne parle pas avec elle mais elle me raconte ses anecdotes du bled et ça m'enchante de pouvoir "échanger" autant avec. Elle me parle de ses enfants qui sont mariés ou qui font des études, elle vit seule, je n'ai même pas du voir la moitié de ses enfants, ils sont 6 d'après ce que j'ai compris, elle m'écoute beaucoup jouer du piano, ce n'est que comme ça que je dévoile mes sentiments. Avec le regard aussi, mais il faut savoir le déchiffrer pour me comprendre.

Ce soir Zineb était chez moi pour prendre le thé.

Après avoir joué un morceau de piano qu'elle écouta, absorbée par les notes qui s'en découlait. Elle finit par sortir de sa contemplation et me dit :

"Ma fille tu devrais en faire ta carrière."

Elle reçu un sourire de ma part, un vrai sourire celui que je n'adresse qu'à très peu de gens. Et je lui fit comprendre que je ne pouvais pas et ne voulais pas. Les gens pourraient alors comprendre mon manque d'assurance en moi même .

"Benthi, écoute moi, tu pourrais aller loin! Tu pourrais aller jouer dans la salle du quartier quand tu gardes les petits hafrite, et leur jouer un morceau, juste un seul, tu fais passer tellement de sentiments dans ce que tu joues, peut être pourrais tu les guider ! "

Comment guider de simples enfants quand moi, une adulte, est tellement perdu dans ce que je suis ?

"On va faire quelque chose d'accord benti ?? -elle ne me laissa pas répondre, chose que je n'aurais pas faite, et continua - on va aller à cette salle demain et tu vas jouer, demain c'est mercredi, on va y aller ensemble, tu vas jouer le morceau que tu veux et on verra si ils aiment ! "

Mais si ils n'aiment pas ?

"Ne t'en fait pas Ilham, ils aimeront, sois en sûre !"

Dans sa bouche, ça sonnait comme une promesse ...

Je me demande encore une fois comment elle fait pour lire en moi. Personnes ne peut -ou n'essaie- de me comprendre, c'est triste mais c'est la réalité. Je me contente d'acquiescer de la tête. Ce qui lui fit retenir un hoquet de surprise et de me prendre dans ses bras. Elle me dit toute heureuse

"C'est merveilleux, depuis le temps que je veux que tu joues devant les gens de cette ville!"

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Le stress monte. Je ne joue que devant des enfants et pourtant je suis stressée, mais pour une personne qui a si peu de confiance en elle et qui habituellement ne joue que devant kahlti (tante) Zineb, on peut me comprendre. Enfin je l'espère.

Tenant bien fort la main de kahlti et avançant à petits pas nous arrivons devant l'étage où un appartement entier a été rénové et mis à la disposition des éducateurs de la cité pour accueillir les enfants. Un piano à queue surplombe la grande pièce, et je soupçonne Zineb d'y être pour quelque chose. Elle me regarde malicieusement et me dit:

"Va faire tes réglages au lieu de me regarder comme ça! Je reviens."

Je la regarde s'éloigner et vais au centre de la pièce. Du bout des doigts, je touche cet instrument presque neuf, contrairement au miens qui date des années 80. Il appartenait à ma mère. De plus, c'est avec ce piano que j'ai appris à jouer dès mon plus jeune âge, d'abord avec ma mère puis ensuite seule, dans tous les déménagements effectués pendant ma jeunesse je l'ai emporté et je ne compte pour rien au monde le vendre ou le jeter.

Perdu dans mes pensées, je ne contrôle plus mon corps, tous ces souvenirs qui remontent, il faut qu'ils sortent en musique, fermant les yeux et me concentrant seulement sur les notes qui s'entrechoquent dans ma tête, je laisse mes doigts virevolter sur les touches lisses créant comme à mon habitude un nouveau morceau qui représente un souvenir de plus. Pour une fois, c'est un souvenir joyeux, donc un morceau joyeux. Ce n'est seulement qu'après une dizaine de minutes que je m'arrête, reprend mon souffle et ouvre les yeux.

«Quatre ans sans parler.»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant