No Body Guard Anymore [Tome 2]

1

RAFAEL

- Raf ! Ramène-toi !

Je grommelle en rangeant mon téléphone dans la poche de mon jean.

- Sérieusement, on peut pas rester ici ? Je demande avant d'attraper la main de Jess pour l'attirer sur mes genoux. On pourrai s'amuser là. C'est le moment parfait.

Elle sourit et m'embrasse langoureusement. Je la resserre un peu plus contre moi, mais elle fini par s'écarter et se lever:

- Pas le temps. Je te l'ai dit, j'ai des courses à faire.

Je grogne et m'enfonce sur le canapé de son appartement.

Jess et moi, ça fait dix mois. Elle aime gueuler qu'on sort ensemble mais moi, j'évite. Je l'aime bien. Genre... Vraiment bien. Avec elle, rien n'est compliqué. On fait la fête, on baise ou on reste chill dans son appart à regarder des films. Mais de toute manière, je ne suis pas prêt pour une relation sérieuse.

On se voit une fois par mois. Elle fait des études en pharmacie et je fais les miennes en Droits. Seulement elle, est à l'université de Puebla qui est à sept heures de routes en voiture. Mais quand on est pas d'humeur économique, il peut nous arriver de prendre l'avion pour rejoindre l'autre.

Je sais qu'elle tient à notre relation. Ça se voit. C'est pour ça que j'essaie d'être le plus sérieux possible. Même si je ne dors pas aussi bien contre Jess que contre elle.

- Rafael ! Gronde Jess.

- J'arrive !

Je me redresse et la rejoins devant la porte. Je déteste l'accompagner au marché. C'est naze et rares sont les jeunes là-bas. On y trouve généralement des vieux ou des parents venant à la recherche de quoi remplir le ventre de leurs gosses. Mais bon. Jess est un peu... Différente. J'ai beau lui dire que c'est la honte d'être les seuls moins de trente piges là-bas, elle persiste à dire que ça n'a pas d'importance. Cette insouciance est aussi quelque chose que j'apprécie chez elle. J'essaie de me persuader que ce n'est pas parce que elle l'était aussi.

***

Je marche nonchalamment le long de l'allée. J'ignore les types qui insistent pour me faire acheter leurs fruits, leurs chocolats... Mais bon, rien de tout ça ne me donne bien envie.

J'ai perdu quelques kilos cette années. Je suis toujours aussi sportif mais c'est plutôt l'appétit, les troubles nocturnes et le travail qui me font cet effet. Mais heureusement pour moi, je suis en vacances pour l'été. Je vais enfin pouvoir me détendre avec Jess ici, à Puebla.

- Merci beaucoup mademoiselle. Dit une femme.

Je fronce des sourcils. C'est moi où je viens d'entendre une femme parler anglais avec un accent mexicain ?

Je réprime un sourire et cherche du regard la femme. Ça me fait toujours rire d'entendre les gens parler aux touristes.

Je vois alors une mendiante par terre un goblet à la main, et une blonde devant elle. Elle est de profil, alors je ne vois pas son visage. Mais...

Mais...

- De rien. Vous savez où je peux trouver l'hôtel La Estrella, par hasard ?

- No lo sé... Désolée...

- Oh c'est pas grave.

Je m'avance, et je lance sans réfléchir:

- Avery ?

Mon cœur bat si vite que j'ai peur qu'il me lâche, là, maintenant. J'ai l'impression d'assister à la scène au ralentit, mais tout se déroule si vite...

Elle relève ses yeux verts scintillants vers les miens, et je crois un instant être en plein rêve. Ça ne peut être que ça. Un rêve. Un putain de rêve de merde !

- Pardon... Hum, Est-ce qu'on se connaît ?

   Je passe une main dans mes cheveux, et tire instinctivement dessus. J'ai besoin d'air. Mais je suis dehors... J'étouffe pourtant.

- ¿ Está todo bien, jovencito ? Demande la femme.

   Je me recule, sentant mes yeux me piquer tout à coup.

- Rafael ?

   Je me retourne et croise les pupilles chocolats de Jess. Elle pose une main sur mon épaule:

- Wow, Raf, ça va ?

   Mon regard se dérive à nouveau vers la blonde. Ça ne peut pas être elle. C'est... Impossible.

- C'est pas vrai... je murmure. C'est pas vrai, c'est pas vrai, c'est pas vrai c'est...

- Est-ce que ça va ? Demande la blonde.

- Rafael, qu'est-ce qu'il se passe ?

   Perdant entièrement le contrôle de mon corps, je laisse mes paupières se fermer et mon corps relâcher. C'est là qu'un trou noir familier s'empare de mon esprit.

   C'est drôle. Je perds toujours conscience à cause de ses jolis iris verts.