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RAFAEL

- Où est-ce que t'étais passé ? Demande Jess, déboulant dans le salon en serviette.

   Je soupire et referme la porte.

- Je prenais l'air.

- Tu prenais l'air ? Vraiment ? Elle croise des bras sur sa poitrine, Raf, tu sais que tu peux me parler.

- Oui...

- Alors qu'est-ce qui se passe ?

   Je ne suis vraiment pas d'humeur à parler. C'est pour ça que je dépose le trousseau de clés et m'avance vers elle.

- Il se passe que là, j'ai grave envie de toi.

- Non. Dit-elle avant de poser une main sur mon torse, on ne va pas faire ça alors que tu me caches des choses.

- Mais qu'est-ce que ça peut faire ? On s'en tape non ?

   Elle me fixe longtemps, alors impatient, j'écrase mes lèvres sur les siennes. Elle réagit de suite en enroulant ses bras autour de ma taille.

   En moins de deux minutes, nous voilà sur le canapé du salon. Je l'aide à retirer sa serviette, chaud bouillant, et elle m'aide à retirer mon haut.

  Je défais ma ceinture, nos lèvres toujours l'une contre l'autre, mais...

Mais...

Avery.

   Son visage réapparaît dans mon cerveau. Ça faisait pourtant un bail. Depuis ma rencontre avec Jess, j'avais réussi à zapper Avery. Enfin « zapper » c'est même un grand mot.

Mais j'arrivais à passer outre de ça. Certes, je faisais des cauchemars, certes, il m'arrivait encore de rêver que c'était ses lèvres au lieu de celle de Jess.

Évidement, j'en rêvais seulement.

- Hey... Ça va ?

Je repousse Jess et me lève. Je me dirige vers la salle de bain, encore ébranlé:

- J'ai besoin d'une douche finalement.

Je sais qu'elle doit se poser des tonnes de questions. Elle ne comprend rien. Après tout, je n'ai jamais énoncé mon passé avec elle. Elle ne sait pas grand chose de moi si ce n'est mes fantasmes au lit et ma couleur préférée.

   Je tiens à Jess. Sincèrement. Et jamais il ne m'a encore traversé l'esprit que je ne pourrais jamais tomber amoureux d'elle. Pas comme avec Avery.

   Bordel je me déteste. Pour une fois dans ma vie, tout roule. J'aurais pu m'ouvrir entièrement à Jess. Je pourrais l'aimer. Peut-être même m'imaginer fonder une famille avec. Je m'étais juré ce jour-là, au magasin vintage de notre rencontre, que je serai heureux. Que j'oublierai toutes ces merdes qui m'ont gâché à vie.

Mais putain elle est en vie.

   Je jette mon t-shirt par terre, et serre les poings. Je laisse glisser mon dos le long du mur et apporte mes genoux à mon torse pour y déposer mon front. Je soupire longuement. Il faut que je me reprenne en main. En vie ou pas, Avery m'a oublié. Et si son foutu père ne lui a rien dit de ce qu'il s'est passé, c'était pour une très bonne raison: il veut la maintenir stable.

   Pourtant, même s'il lui manque les souvenirs des deux mois précédents sa chute, ça ne change rien au fait qu'elle se mutilait. Qu'elle souffrait.

Elle semble heureuse pourtant.

   Je meurs d'envie de passer plus de temps avec elle. Elle est heureuse, a une vie clean. Moi aussi d'ailleurs. Une partie de moi me dit que je suis con. C'est l'été. Elle est ici, au Mexique. L'occasion de traîner plus ensemble se présente comme ça, comme un coup de pouce du destin. Et pourtant... L'autre partie de moi dit que c'est mal. Je pourrais raviver des choses qui sont mortes, et disparues à jamais quand elle n'a pas quitté la vie comme je le pensais.

   Mon regard est soudain attiré quelque part. Là, sur mon bras, se trouve une suite de chiffres. En bas, deux initiales: A. G. Et à côté, un petit smiley qui sourit.

   Putain de merde. Si ça c'est pas un coup de pouce du destin.

No Body Guard Anymore [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant