Chapitre 22

22 3 3
                                    

Voilà déjà deux semaines que mon bourreau avait eu son accident et qu’il avait été évacué d’urgence à la capitale dans une clinique pour ses soins. Deux semaines, que ma mère avait fait des allers retour entre l’hôpital et la maison. Je ne l’ai jamais vu assez dévouée.  Même moi, je n’ai pas eu droit à une telle attention de sa part, quand son homme m’y avait affecté. Ainsi que mon père d’ailleurs, en y repensant. Il faut dire que mon père lui, n’avait pas certes eu d’accident grave comme mon bourreau, mais il était gravement atteint d’un problème de cœur et de tension artérielle, qui nécessitait des soins et une attention particulière. Et triste est de constater maintenant, que mon père n’avait pas eu droit à tout ce dévouement que ma mère octroyait à son amant.

Faut croire, qu’elle n’aimait pas mon père comme elle aimait son amant.

Et ce constat, me rendit encore plus triste. Et dire que mon père a eu cette crise qui l’a envoyé à la morgue, en découvrant son infidélité à elle. Comme la vie peut être injuste des fois. Et pourtant, mon père l’aimait tellement, et ne jurait que par elle, et même jusqu’à son dernier souffle, il l’avait aimé. Alors qu’elle, se souciait de lui comme d’une guigne, et de ce qu’il pouvait ressentir. Me rappeler tout cela, fit remonter en moi des souvenirs que je ne voulus point briser, de toute cette amertume que je ne voulus point revoir faire surface.

J’étais postée devant ma fenêtre, quand je sentis une présence dans mon dos. Quand je me retournai, c’est pour faire face à ma mère. Elle était là devant moi, les yeux entourés de cernes noirs. On voyait bien qu’elle manquait atrocement de sommeil. Cette femme devant moi, était tellement loin de celle qui d’habitude, prenait grand soin de son apparence.

Vraiment maman, tu t’es un peu laissé aller ! Et d’ailleurs, que vient-elle chercher dans ma chambre ?

Comme si elle avait lu dans mes pensées ;

-        Tu dois venir à l’hôpital avec moi aujourd’hui ! m’avait-elle sommé, répondant par la même occasion, à mon interrogation muette.

-        Pour y faire quoi ? je me rebiffai.

-        Comment ça pour y faire quoi ? m’avait-elle fustigé. Pour évidemment rendre visite à ton père, et…

-        Ce n’est pas mon père ! Je rétorquai vivement, la coupant ainsi dans sa parole. Il ne l’a jamais été, et ne le sera jamais. Cet enfoiré ne pourra jamais être mon père…

-        Et moi je t’interdis de parler de mon homme comme cela ! Tu viendras avec moi à l’hôpital aujourd’hui, puis fin mot de l’histoire.

Puis comme elle était venue, elle était ressortie, sans même me donner l’occasion d’en ajouter plus.

Je n’irai nulle part !

Mais, ma détermination n’a pas pu faire le poids face à la tyrannie de ma mère. Elle m’avait entraîné de force avec elle à l’hôpital, et je n’ai point pu faire la star. Une fois sur place, je constatai que c’est l’ami louche de mon bourreau qui s’était occupée de moi après ma séquestration dans la chambre taudis, qui se chargeait également de son cas. A en croire ce qu’il disait à ma mère, le cas de mon tortionnaire était toujours très critique. Aussitôt, ma mère s’était écroulée en larmes dans les bras de ce dernier. Et moi qui croyais qu’il avait repris des couleurs, raison pour laquelle la daronne m’avait entrainé à sa suite.

Vraiment maman ; tu fais chier !

-        Tu entends ça Assia ? Ton père risque de mourir.

Et puis quoi ? Et aussi, qu’elle arrête avec cette histoire de père, car sérieusement, elle commençait par me gonfler avec son cinoche à deux balles.

Tour d'Ivoire T1: UNE AFFLICTION SOUS SILENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant