Chapitre 14

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Comment ne pas se réveiller avec le sourire aux lèvres, et pétiller d’une joie légendaire, quand on sait qu’à la fin de la journée, on retrouvera une personne qui vous est chère au cœur ?

Le jour de départ pour Défalé arriva enfin. Aujourd’hui, j’allais revoir ma mamie après tout ce temps de séparation. J’allais pouvoir la serrer une fois de plus dans mes bras, et le plus important, revoir la dernière demeure de mon père, et l’inonder de fleurs. Je n’arrivai toujours pas à croire à un tel miracle. Je ne réalisais toujours pas, que monsieur Nicolas me faisait don, d’un cadeau pareil. J’étais tellement plongée dans un état de béatitude ces derniers jours, que j’en ai même oublié mes tumultes passés.

-        On part dans 5 minutes Tina ! avait crié monsieur Nicolas, depuis la mezzanine.

Son ordre aussitôt émis, que je me pressai de descendre ma valise. Une fois en bas des marches, je vis quelques personnelles de maison ainsi que ma génitrice, m’y attendre.

-        Je vous prends votre valise mademoiselle ? me proposa Damien.

-        Avec plaisir ; merci ! le remerciai-je.

Ce n’était pas lui qui allait nous conduire, et je trouvais cela bien triste. Je m’étais habituée à sa conduite. Il y avait toujours un truc d’apaisant avec lui, quand c’est lui qui est au volant. Je me tournai vers ma mère, mais aussitôt que mon regard entra en contact avec le sien, qu’elle avait déjà détourné sa tête. Elle ne venait pas avec nous, et même si cela m’attristait un peu, ce n’est pas pour cela que je m’y attarderais. De toutes les façons, ce n’est pas comme si mon sort et mon avenir lui avait importé réellement.

-        Je m’en vais maman ! murmurai-je.

-        Ouais c’est ça ! avait-elle répondu de cette manière évasive propre à elle, avant de me tourner le dos pour s’atteler à faire je ne sais quoi.

J’avais certes mal, mais elle ne gâcherait pas ma journée. J’allais dire au revoir à Djeth et aux autres. C’était peut-être la dernière fois que je les verrai. Après les adieux, je sortis rejoindre un monsieur dans la voiture. Quelques instants plus tard, monsieur Nicolas nous avait rejoint, et on prit la route. Quand on démarra, ce dernier m’avait aussitôt tendu mon gobelet de chocolat chaud, que Djeth m’avait préparé.

-        Tu l’avais laissé trainé sur la table basse. M’avait-il fait savoir.

Effectivement, c’était le cas. J’étais tellement impatiente de partir, que je l’avais oublié sur la table basse, pour aller dire au revoir aux autres membres du personnel. Je sirotai mon chocolat chaud, l’esprit complètement ailleurs. Il y avait deux ans de cela, j’ai emprunté cette même route pour venir à la capitale, et aujourd’hui, me voilà la reprendre pour un retour au bercail.

A peine quelques kilomètres, que je sentis mes yeux s’alourdir. Je ne suis pas du genre à dormir au cours d’un trajet de voyage, mais là, je me sentais toute lourde. J’étais tellement somnambule, que très lentement je fermai mes paupières, et m’assombris dans un sommeil profond. Combien de temps avais-je dormi ? Je ne saurai le dire. Mais, je sentis une main me caresser le visage, et une voix lointaine me murmurer :

-        La petite marmotte, on est arrivé !

Je battis faiblement des paupières, et quand finalement j’ouvris les yeux sous la caresse insistante de la même main, le premier truc que mes yeux crochetèrent, fut le paysage. Je me redressai assez vivement dans mon siège.

Ah non ; ici n’est point Défalé !

Ce n’était pas mon village, ni son paysage d’ailleurs. Je me tournai alors aussitôt vers mon voisin.

Tour d'Ivoire T1: UNE AFFLICTION SOUS SILENCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant