Tour d'Ivoire T1: UNE AFFLICTION SOUS SILENCE

Chapitre 1

Avril 2012, Lomé-Quartier administratif, Togo…

Premier jour de procès…

«Il me vient continuellement ce besoin inassouvi de  constamment me blottir sous ton aile protecteur père céleste. Te confier à chaque instant de ma vie, tout ce que je traverse comme tumultes !»

A genoux, les yeux fermés et les mains jointes en signe de prière, Assiatina fredonna d’une voix légère et douce, ̋ With Everything ̋ de Hillsong Worship. Après avoir fredonné la chanson, elle inspira longuement, avant de prononcer d’une voix calme ;

  - Bénie sois-tu mon créateur, celui par qui je vis et je respire. Aujourd’hui est une journée décisive dans le cheminement de ma destinée. Alors, je te prierai ardemment d’intercéder, afin de me donner ce courage et cette force dont j’aurai besoin, pour aller au bout sans flancher. J’ai besoin de m’ouvrir à quelqu’un, de partager dans les moindres détails, tout ce qui a été le cheminement tragique de ma vie depuis ces cinq dernières années, (…)

Elle venait à peine de finir sa prière, que la gardienne de prison débarqua.

  - Numéro matricule 9401, il est l’heure d’y aller ! balança  celle-ci, en ouvrant sa cellule.

Assiatina fit un autre signe de croix, se leva, puis s’approcha d’elle les mains tendues.

  - Aujourd’hui c’est le grand jour n’est-ce-pas ? dit la gardienne à la jeune fille, en lui passant les menottes.

Cette dernière lui répondit juste d’un oui timide de la tête.

  - Te sens-tu prête à faire face ? continua la gardienne.

Elle répondit une fois de plus de la tête, mais cette fois ci, de manière négative.

  - Ne t’inquiète pas ! la rassura-t-elle. Tout ce que tu auras à faire, c’est de laisser ton cœur parler, et de ne dire strictement que la vérité.

Assiatina acquiesça d’un battement de cils, avant d’être entrainée hors de sa cellule, puis être confier aux gendarmes, chargés de son transfert de la prison au tribunal.

Il ne leur fallu que quelques minutes pour arriver à destination, vu que le tribunal se trouvait juste à côté. Quand elle franchit le seuil du tribunal, elle ressentit une angoisse subite et profonde s’emparer de son être. Toujours les mains liées, les gendarmes dirigèrent la demoiselle vers son siège. Dans son ascension, elle remarqua sa grand-mère ainsi que ses amis, installés tout juste sur le premier banc, derrière son avocat. Sa grand-mère lui murmura sur le bout des lèvres :

  - Ne t’inquiètes pas ; je suis là, et tout ira bien !

Quand elle prit place enfin au côté de son avocat de probation, ce dernier  l’accueillit directement avec un sourire rassurant aux lèvres.

  - Comment va ma spéciale cliente aujourd’hui ? entama aussitôt ce dernier. Tu sais que tu vas devoir parler, si tu veux te sortir de ce merdier ? (Il la  fixa.) On est d’accord ?

Encore une fois et comme à son habitude, Assia lui répondit de la tête. Elle la baissa ensuite pendant quelques secondes, avant de la relever pour regarder autour d’elle.

Malgré l’agitation et le brouhaha autour d’elle, Assiatina avait l’impression d’être seule au monde, malgré la présence de sa famille. Aujourd’hui elle fête ses seize ans, et aujourd’hui, débute son procès. Pendant 3 longs mois, elle a prié, patienté, et attendu ce jour, avec un espoir mêlé de crainte.