barcelona [matthijs&frenkie]

4. j'ai eu une copine

– happier, olivia rodrigo

— Quoi ?

— T'as bien entendu Frenk.

Frenk. Tant de familiarité dans une nouvelle qui.. il ne sait pas comment se sentir.

Ils sont dans sa voiture, à l'arrêt sur un parking devant une plage, du sucre cristallisé plein les doigts. Des churros qu'ils ont pris en fin de balade. Ils ont passé un bon moment.

Frenkie suppose que c'était plutôt apaisant de flâner comme un inconnu dans une ville aussi grande, après tous ces médias qui prennent d'assaut la nouvelle et tant attendue recrue du FC Barcelone. Ils sont bien évidemment passés par la Sagrada Familia – Matthijs n'a jamais rien vu de tous les monuments que Frenkie lui a présentés, sont passés par des avenues noires de monde et des petites venelles où le calme et cette atmosphère de vieux quartier traditionnel fait le charme de l'étroitesse, longé le littoral tant prisé par les touristes et puis ils sont arrivés là, fin d'après-midi colorée au bord d'un sable fin, des churros et du chocolat dans leurs mains.

Et discussions, discussions, bavardages, taquineries. Matthijs lui a fait remarquer sur un ton narquois à quel point Frenkie semble aimer Barcelone. Il parle de tous ces monuments avec une culture acquise avec soigneux intérêt, raconte des tranches de vie qu'il ne peut vivre qu'ici, dans l'espoir de faire oublier à Matthijs le charme indéniable de la Vieille Dame. Et ce dernier l'aura sans doute remarqué.

Alors ils s'amusent, s'épuisent, se retrouvent avec la complicité qu'ils dispensent pour le professionnalisme de leur métier.

Il y a parfois un peu de silence. Cette fois, Matthijs a décidé de le briser.

— T'as vraiment eu une copine ? Frenkie demande pour être sûr, la voix serrée.

De tous les sacrifices que le football les contraint à faire, celui-ci semble être celui qui lui fait le plus de mal. Être adulte à un âge de jeunesse pure et quitter prématurément sa famille ? Il a eu le temps de s'habituer et d'oublier le manque. Voir son cher et tendre dans les bras d'une autre personne, quitte à briser cette promesse qui résonne chaque jour en lui ?

— J'ai surtout eu peur.

Il sait que Matthijs ne l'a pas voulu. Il le sait, sinon il l'aurait difficilement confié. Et il ne lui en veut pas. Il ne lui en veut pas... mais son visage se décale lentement vers le côté où Matthijs ne peut pas le voir dans ses émotions.

— Je comprends.

Moui. Las. Frenkie comprend seulement qu'on lui a volé – et il se fiche de pendant combien de temps – son copain. Que celui-ci a toujours le nez fourré dans des conversations qui leur nuisent. Que c'est le seul moyen de réparer ses bêtises. Et pourtant.. personne ne se doute de rien ?

— C'est mon agent qui voulait ça. Que j'aie l'air plus proche d'une fille que de toi.

Ah, oui.. son agent. Frenkie ne l'aime pas beaucoup. Il suppose que c'est réciproque s'il a voulu que Matthijs s'éloigne de lui. Avare, opportuniste, la négociation a l'air d'être sa seule qualité. Peut-être est-il même en train de les espionner et qu'ils sont sur écoute et que.. non. Non, ça n'irait pas aussi loin.

Les lèvres de Frenkie sont pressées en une moue. Il sent le regard de Matthijs le brûler. Il sait qu'il va lui lancer une pique.

— Tu boudes.

— Je boude pas. J'avale la pilule.

— Oui. Tu boudes.

Frenkie lui répond d'un signe de la main ennuyé. Il n'a plus très envie de sourire, ni de se prêter à son jeu.