– three little birds, bob marley
24 mai 2017
Stockholm, Suède— Arrête de pleurer, ça te va mal.
Facile à dire. Frenkie pose ses yeux larmoyants sur ceux de Matthijs, qui l'observe tristement. Il ne le comprend pas. Lui n'a pas lâché une larme, seulement un air touché tire les traits de son visage.
Non, c'est normal. Matthijs est bien plus fort que lui. En plus, il a joué. Alors qu'il a été sur le banc pendant presque toute la rencontre.
À la première larme qui a roulé sur sa joue, il s'est senti.. Ridicule. Con. Bête. Fragile. Déchu. Il est le seul à pleurer. Mais c'est bien au-dessus de lui. Il n'a pas empêché la défaite de son équipe, dans le match le plus important de la saison. Un trophée vient de leur filer entre les doigts. Encore une fois. Après la coupe des Pays-Bas, et certainement le championnat.
Ce trophée, il est entre les mains du capitaine de Manchester United. L'Europa League. Il le regarde, pris de regrets et de frustration. Impuissant, c'est ce qu'il est.
Impuissant de les voir tous mélangés dans leur maillot rouge, cette immense coupe de plusieurs kilos aux détails intéressants qui les surplombe, se dresse fièrement au-dessus de leurs têtes. Leur médaille est en or, brille sous le feu des gros projecteurs du stade. Ils rient, ils sautent, chantent.
Un soupir échappe à Frenkie. La fatigue est en train de l'engourdir.
— Arrête de regarder ça, souffle Matthijs en l'enlaçant. C'est déjà bien d'être ici.
— C'est mieux d'être sur le podium.
Frenkie réduit ces quelques mots en un murmure. Toutes ses forces se sont comme envolées, il ne peut que tenir sur ses jambes, lourdes et tremblantes. Il n'a qu'une seule hâte : quitter ce stade et essayer d'oublier un peu. Le temps d'une nuit, quelques heures, une poignée de minutes. Il lui faut juste un peu de repos, de recul. Juste de quoi lui faire espérer qu'il vivrait des jours encore plus magiques que lorsqu'ils ont atteint cette finale à Stockholm. La fête à Lyon lui a fait penser, naïvement, qu'ils étaient bien trop bons pour Manchester. Et il en oublie que ce même soir, ils ont perdu trois buts à un. En un mois, ils sont passés d'un bonheur ivre et contagieux à une cruelle désillusion.
Lessivé. Sa tête se laisse tomber contre l'épaule de Matthijs. Les doigts de ce dernier effleurent son front quand ils traversent ses cheveux. Ce n'est rien de vraiment révélateur, mais cet élan de douceur et de réconfort le calme, et il arrête de mordiller sa lèvre pour contenir ses larmes.
En ces temps-ci, cette épaule est son plus grand réconfort. Non. Matthijs est son plus grand réconfort. Pourtant, il n'a jamais vraiment été le meilleur pour consoler. Pas vraiment doué pour les beaux discours. En fait, c'est sûrement son silence qui l'apaise. Parce que Matthijs sait que Frenkie aime son silence, ce silence qui les laisse contempler la vie qui afflue en eux.
Frenkie revient sur Terre lorsqu'il sent un doigt caresser sa joue et rattraper une larme solitaire. Un frisson dévale son échine. Tellement délicat.
— Et... Et ta jambe, ça va ? il demande pour éviter de fondre une nouvelle fois en larmes.
Matthijs se sépare. Il retrousse sa chaussette, laissant voir à l'intérieur de sa cheville des traces pourpres de crampons, du sang qui commence à sécher. Ses épaules se haussent nonchalamment. Frenkie se mordille nerveusement la lèvre. Son camarade a beau avoir l'air à peine impressionné, lui l'est. Depuis le banc, le tacle a été plutôt sec. Heureusement que ses protège-tibias semblent avoir encaissé le choc.
— Je m'en remettrai, il répond avec un léger sourire, réchauffant de tendresse et d'optimisme. Tu t'en remettras aussi.
Cette fois, c'est Frenkie qui hausse les épaules. Il en est certain, mais il est aussi convaincu qu'il va en garder une trace. Il va sûrement avoir du mal à oublier ce stress si inhabituel qui l'a torturé sur le banc, ces larmes qui ont piqué ses yeux à peine après les trois coups de sifflets finaux... Tout ce mois, finalement.
Une dernière fois, les bras de Matthijs l'enveloppent, d'une délicatesse rare. Frenkie se demande si lui aussi a besoin d'être enlacé de la sorte. Avec une telle étroitesse.
Frenkie ne sait pas vraiment comment décrire le sentiment qui imprègne son corps, mais il le sait très fort. Tellement fort que ses lèvres se courbent en un sourire. Maigre sourire. Comme un sentiment de plénitude au milieu de tout ce chaos. Qu'il se sent bien, contre le défenseur.
Et comme si Matthijs avait remarqué son sourire, il glisse une main dans ses cheveux et lui murmure sur un ton amusé :
— Si t'avais besoin d'un câlin, il fallait me le dire.
— Non, Frenkie souffle dans une bribe de rire. J'avais besoin de toi.
❃
Oui alors je le disais dans la précédente partie mais c'est une bribe que j'ai écrite il y a presque deux ans, il est pas forcément rattaché au reste de l'histoire mais je voulais le mettre quelque part parce que sans savoir l'expliquer j'aime beaucoup ce petit morceau.
J'avais prévu ces derniers jours de le prolonger parce que dans l'histoire c'est cette soirée où Matthijs et Frenkie découvrent que leurs sentiments sont réciproques mais dès les premiers mots je me suis dit que c'était absolument de la merde donc j'ai préféré laisser :)
Encore merci d'avoir lu cette fanfiction totalement close maintenant, c'était un plaisir à l'écriture (les nuits blanches c'est vraiment cool) et avec le recul au final je trouve qu'elle est vraiment bien, donc je suis contente de la laisser sur cette note :)
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barcelona [matthijs&frenkie]
ФанфикMatthijs débarque enfin à Barcelone. Au plus grand plaisir des blaugranas, et de Frenkie. Il lui avait dit qu'il viendrait. Qu'ils se reviendraient. 30.06.2021-19.07.2021