épilogue : reconsidérer

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– tenho você, davi




— T'as été à mon chevet pendant tout mon rhume, t'es vraiment un papa-poule. Je vois pas vraiment ce qui change si on emménage ensemble.

— Frenkie, Frenkie, mon bon Frenkie... ça fait seulement quatre mois qu'on est ensemble. La semaine prochaine tu vas me demander en mariage ?

Est-ce que Frenkie aurait pu ? Il aurait pu.









— Je trouve pas d'appart. Tu penses que ce serait une bonne idée ?

Au loin passée la baie vitrée, Frenkie entend la voix de Matthijs s'élever pour l'atteindre. Concentré sur sa partie de Fifa – qu'il est bizarrement en train de perdre, un sourire en coin trépasse la concentration extrême qui tend son visage. Pendant une seconde, il dirige son regard vers la piscine et il voit Matthijs le regarder avec cette moue interrogée qu'il trouve absolument adorable, son menton posé sur ses deux bras croisés sur le bord du bassin. Il a de vieux souvenirs qui remontent.

— C'est une vraie question ?

— Je demande je demande, Matthijs hausse les épaules. Peut-être que tu préfères rester seul pour pas être déconcentré...

— Déconcentré ? il pouffe de rire avant de vite refermer son visage en voyant qu'il a encaissé un nouveau but. Par quoi ? Tu parles de toutes tes boulettes sur Fifa ? Ou de ton espagnol bizarre ? Non laisse-moi deviner-

— C'est pas très gentil ça.

Il hausse les sourcils en levant les yeux au ciel, soufflant d'une tendre exaspération. Pour le coup, il préfère être déconcentré de cette manière si ça permet de lui faire complètement oublier le match assez catastrophique qu'il est en train de jouer. Il se demande si c'est parce que Matthijs est là, et qu'à force de lui jeter ce regard un peu trop intense pour le laisser impassible il lui a donné le même niveau que lui – c'est-à-dire que là tout de suite il doute même de pouvoir réussir dans un jeu pour enfants – mais si c'est le cas, alors il veut bien réfléchir à sa proposition. Refuser, même.

Finalement, il fait de son mieux pour essayer de recoller au score mais il ne reste que dix minutes au compteur – de fausses minutes, qui plus est. Il entend Matthijs sortir de l'eau et en pensant à toutes les fois où il s'est moqué de lui pour ces défaites lourdes et trop faciles pour lui, il envisage immédiatement de quitter le match pour éviter de se prendre un retour de bâton.

Mais il a les mains étrangement scotchées à sa manette et tant que sa partie ne se termine pas, il reste. Marque un but qui le rapproche d'un match nul mais c'est plutôt mal parti vu la manière dont il se défend. Il sait que Matthijs va se moquer. D'ailleurs, il est là, pieds nus sur le parquet mouillé par ses propres pas.

— Tu comptes salir toute la maison en marchant trempé comme ça ?

— C'est toujours pas la mienne, donc je- Attends t'es sérieux là ?

Il se coupe plusieurs fois avec la même phrase de stupeur en voyant le score sur la télévision. Voir Frenkie s'incliner est une chose rare, à son inverse, et ça le fait rire. L'autre n'a pas l'air de vraiment rire, il joue vainement en se traînant ses petites remarques derrière son dos. Matthijs semble soudainement avoir oublié que le perdant du jour est également son plus grand bourreau. Répartie irrépressible de rivaux.

Quand l'arbitre siffle la fin du match, Frenkie se laisse tomber contre le dos du canapé en levant la tête, apercevant Matthijs et sa casquette à l'envers sur ses cheveux, lui rendant son regard avec un trait narquois.

barcelona [matthijs&frenkie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant