Histoire d'amour sans fin

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Nako serra la main de son frère après que celui-ci ait posé des coraux sur les tombes de leurs défunts oncles et tantes dans le jardin du palais. Ils avaient changé les tombes de place après la mort de Kelda, quelques années auparavant, foudroyée par la maladie. Ç'avait été un grand choc pour tout le monde mais elle était morte heureuse et avait insisté pour que leur vie ne soit pas trop entachée par sa mort. Ils se souvenaient comment leur père était resté jusqu'à la fin. il avait tenu sa main jusqu'à ce que ses yeux se ferment pour ne jamais se rouvrir. Ses derniers mots avaient été pour le remercier de lui avoir donné une si belle vie, ce qui voulait dire beaucoup pour Fukaboshi. Il en rêvait encore. 

Mais sa santé se détériorait à son tour. Et son état ne s'améliorait pas, ces derniers temps. Les jumeaux et leur soeur savaient qu'ils allaient bientôt perdre leur deuxième parent. Heureusement, il avait pu donner sa bénédiction pour le mariage d'Ayumi. Kona soupira, les yeux pleins d'eau. Il était dur, mais sa famille était importante. Il savait tout ce que ses parents avaient vécu et comment ils s'étaient mutuellement aidé à guérir. 

- Kona, Nako !

Leur soeur les appelait. Ayumi était une magnifique sirène et une des meilleures guerrières de Ryugu avec ses frères. Ses yeux froids étaient voilés de larmes. 

- C'est probablement ses derniers moments. 

Kona essuya une larme et Nako soupira. 

- Il va comment ? demanda-t-il. 

- Il dit qu'il a hâte de revoir maman, dit-elle en pleurant. Il dit qu'il peut la voir. 

Nako la serra dans ses bras et il se dirigèrent vers la chambre de leur père. Il était couché et respirait difficilement. Son moral avait dégringolé après la mort de Kelda. En les voyant, il ébaucha un sourire. Ils s'assirent à son chevet. Pendant un moment, il ne prononça que des phrases dénuées de sens. Mais il s'arrêta soudainement et les regarda avec fierté. 

- Si j'avais su qu'on aurait de si beaux enfants, j'aurais demandé sa main à la seconde où je l'ai vue. 

Il ferma ses yeux en souriant. 

- Ne vous inquiétez pas, je lui dirai que vous l'aimez. 

- Papa, dit Ayumi. On t'aime aussi. 

Il y eut une dernière étincelle de vie avant que ses yeux se ferment et que la vie quitte son corps. Ayumi tomba par terre et les jumeaux la soutinrent pour se réconforter eux-mêmes. Le jour suivant, Shirahoshi organisa les funérailles de son frère. Malgré sa tristesse, elle se dédia à réconforter ses neveux et sa nièce. Fukaboshi fut enterré à côté de Kelda, son amour éternel. Les funérailles furent très intimes. Après la cérémonie, Shirahoshi les emmena au Café des Sirènes pour boire du thé et détendre l'atmosphère. Ils s'assirent et elle leur sourit. 

- Aniki était assis ici quand il l'a vue pour la première fois, dit-elle. 

Elle pointa la scène en contrebas. 

- Et Kelda était en train de chanter là-bas, en portant un costume vert extrêmement inconfortable. Elle travaillait ici et guérissait aussi des poissons. 

- Je sais... Souviens-toi, Kona, quand tu as blessé ta queue. C'est elle qui t'as guéri. 

Kona rougi, embarrassé par son frère. Ayumi éclata de rire. 

- Je me souviens quand mon frère avait commencé à sortir tout le temps et on ne savait pas pourquoi. En fait, il allait la voir. 

Les yeux des jumeaux s'écarquillèrent. Leur père avait toujours été très stricte en leur empêchant de fricoter avec de jolies sirènes, alors qu'il l'avait brisé lui-même. 

- Quand votre mère a appris qu'elle était enceinte pour la première fois, on était tous à la Rêverie et elle dirigeait le royaume seule. Elle a gardé le secret jusqu'à ce qu'Aniki revienne. 

Elle sourit avec nostalgie. 

- Je me rappelle à quel point il était inquiet. Il sentait bien que quelque chose n'allait pas, mais il n'arrivait pas à mette le doigt dessus. 

- Quelle a été sa réaction quand il a su ? demanda Nako, anxieux. 

- Kelda a toujours dit qu'il était submergé par la joie et je suis convaincue qu'elle disait vrai. Il prenait grand soin d'elle pendant ses grossesses. 

Ils continuèrent à se dire de petites anecdotes qui allégèrent l'atmosphère et les firent se sentir mieux. La perte de leurs parents était une épreuve, mais les frères et soeurs se soutenaient les uns les autres en espérant que dans quelques siècles, des bébés avec des queues d'orque recommencent à voir le jour autant que d'autres races. Et ils savaient que peu importe où ils étaient, leurs parents étaient heureux ensembles et que la meilleure façon de leur rendre hommage était de vivre leurs vies pleinement. Ce qu'ils firent.    

Les cicatrices de l'océan (Fukaboshi x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant