Chapitre 2 (12) : Wedding blues

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Après trois semaines d'attente, c'est enfin le jour tant espéré, redouté, ou je ne sais trop ce que le reste des Ultimes en pense réellement... Bref, je m'égare, c'est le jour du mariage.

Tout le monde court partout depuis que les sept heures ont été sonnées ce matin. Pas une personne que je croise n'est simplement posée ou assise quelque part, et ceux que je ne vois pas courir partout, je ne les vois pas du tout. J'avoue ne pas avoir trop de mal à comprendre la cause de toute cette effervescence, ni à savoir pourquoi ils s'agitent tous dans tous les sens. Sans doute parce qu'ils veulent oublier qu'après ce mariage, l'évènement qui suivra sera la mort d'au moins un d'entre nous. Ce n'est pas parce que Monokuma ne nous rappelle pas que nous avons toujours un mois de probation qu'il n'est plus en vigueur...

Moi aussi, de toute façon, je bouge sans cesse. Redoutant le concert, j'ai décidé d'accumuler dans la salle dédiée tout ce que je pouvais sortir de mes domaines dédiés en termes d'outils médicaux. S'accumulent dans la salle de concert des bandages, des attelles, de la pommade anesthésiante, des fils pour la suture, du désinfectant... Tout ce dont je pourrais avoir besoin si Ryo se recasse la jambe, ou si on a un autre blessé.

Je n'ai pas dormi depuis deux jours mais bizarrement, je tiens plutôt bien le choc. Sans doute à cause de tout le café que j'ingurgite. Ma mère me gourmanderait si elle me voyait en cet instant... Mais elle ne me voit pas, et je prie pour qu'elle n'ait pas à me voir. Je ne sais pas si je préfère qu'elle me croie morte ou toujours emprisonnée dans cette Tuerie aux mains d'un cruel maître de jeu.

En parlant du maître de jeu. Monokuma me surprend. Depuis que nous l'avons croisée avec Shizuka et Junko dans cette salle au fond du donjon, je ne l'ai plus revue. Elle ne nous a même pas posé le moindre ultimatum. Je me serais posée moins de questions si il ne s'était agi que de moi ; seulement, j'ai questionné Haruko et Sora, puis Michi et Junko, et même Shizuka. Pas un n'a reçu la visite de notre tortionnaire, et selon Haruko elle ne s'est même pas approchée de Yuuki, Junko et Taichi pendant leur préparation. Nous a-t-elle caché une affreuse surprise dont elle a le secret où se tient-elle tranquille, confiante dans la certitude que nous allons de toute façon tous décéder entre ses mains ?

Je préfère ne pas me poser la question.

Mes préparations sont presque achevées, il ne me manque plus qu'à amener un fauteuil roulant dans la salle du concert. Ce qui ne sera pas une mince affaire car il faut lui faire grimper les escaliers, et Monokuma n'a évidemment pas ajouté de rampes dans son donjon maudit. Bien évidemment. Quitte à tous se faire tuer, donnons un avantage aux valides... Le pire, c'est que si Ryo se recasse la jambe, je devrais quand même le descendre à l'hôpital. Donc ça ne fait que me rajouter des embêtements.

C'est en traînant le machin non sans difficultés que je croise Shô au second étage. Iel serre sa clé entre ses mains, les yeux rouges, et ne semble pas avoir de but à se déplacer ainsi en rond ; pourtant, quand iel me voit, un pâle sourire éclaire son visage et iel se dirige vers moi.

« Tu as besoin d'aide, Reina ?

— Je veux bien, je souffle. Ce maudit fauteuil est impossible à transformer, mais je dois le garder plié parce que je n'ai aucune idée de comment le replier et que j'ai encore des marches à passer. À deux, on y arrivera sans doute plus facilement... »

Je n'ai même pas le temps de le formuler de manière plus claire. Shô se précipite derrière moi et attrape un des bouts du fauteuil, me permettant d'équilibrer son poids entre nous et me facilitant drôlement la tâche. Je ne peux que le remercier d'un regard, alors qu'iel me répond par un hochement de tête amical, et nous commençons à marcher vers les escaliers en silence.

« Sacrée journée, hein ? Me demande lae Chimiste alors que nous grimpons les marches.

— En effet, je réponds. Je n'ai jamais vu tout le monde aussi excité. À bien y réfléchir, tu es lae premier.e que je croise qui n'avait pas quelque chose à faire...

Abyss of DespairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant