05 - Kiss me not her

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    La moitié des troisième année étaient réunis chez Suna qui s'était empressé de cacher tous les objets fragiles dans une pièce fermée à clé pour éviter tout incident. Tout le monde s'était - plus ou moins bien - apprêté pour cette fête dont on parlait depuis des semaines.
    J'arrivai vers 20h avec Aran, au milieu des gens bruyants et en sueur. On ne mit pas longtemps à retrouver Suna et les jumeaux qui étaient dans le grand salon.

- Je savais que tu pouvais bien t'habiller quand tu le voulais Y/n, me dit Atsumu avec un sourire moqueur.
- Ouais alors que toi t'as toujours un peu de mal vraisemblablement.

   Il me tapa le derrière de la tête avant de partir se servir à boire.

- Osamu ! Viens danser !

   Une fille aux longs cheveux blonds, certainement celle dont il parlait hier, s'accrochait à son bras en gloussant. Le garçon nous fit un signe de la main avant de partir d'un pas lourd vers le centre de la pièce avec elle.

- Je le comprends pas, lâcha Suna.
- Qui ?
- Sam. Il préfère accepter la demande de la première meuf qu'il croise plutôt que de venir avec la personne qui lui plaît vraiment.
- Alors tu sais qui il aime ?
- Bah oui, tout le monde le sait.
- Bah pas moi ??!!
- En même temps tu réfléchis pas Y/n.
- Dis-moi qui c'est.
- C'est toi.

   Je manquai de m'étouffer avec les chips que je venais d'engloutir.

- Tu te fous de ma gueule ? lançai-je après une quinte de toux.
- Je te jure, et puis ça saute aux yeux sérieux, même Atsumu qui n'est pas une flèche l'a remarqué. T'as beau te disputer tout le temps avec Sam, t'es toujours avec lui. Vous savez juste pas exprimer vos sentiments autrement qu'en vous foutant sur la gueule.

    Je ne répondis rien et regardai Osamu danser avec sa pseudo-cavalière quelques mètres plus loin.

- Et toi alors, il te plaît ? reprit Suna.

    Sa question fit battre mon cœur un peu plus fort et je sentais mes joues se réchauffer. Je tournai la tête vers lui et me contentai d'acquiescer.

- Alors t'attends quoi ?
- La fin de la chanson. Je vais pas débarquer entre eux deux, j'suis pas horrible.

    Au moment où je terminais ma phrase, je vis Osamu revenir vers nous.

- Alors comment ça se passe ? fit Suna en rigolant.
- Elle est cool, on s'est embrassé.

   Le sourire du numéro 10 s'effaça et il passa ses mains sur son visage.

- Putain mais y'en a pas un pour rattraper l'autre, souffla-t-il. Débrouillez-vous tous seuls j'abandonne.

.*•

   Quelques heures s'écoulèrent durant lesquelles j'eus à peine le temps de discuter avec Osamu. Sa blonde ne le lâchait pas, réclamant danse sur danse et plaquant ses mains sur son torse chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Et lui se laissait faire, n'échangeant que quelques mots avec nous toutes les demi-heures avant que sa sirène monstrueuse ne l'accapare une nouvelle fois.

    J'étais en haut depuis vingt bonnes minutes. Le balcon de la chambre de mon ami offrait une belle vue sur la ville illuminée par les gratte-ciels et les voitures qui circulaient encore à cette heure. Space Song de Beach House me parvenait depuis le salon et j'inspirai profondément. J'avais les coudes posés sur la rambarde qui me séparait du vide et mon téléphone vibrait, je n'y prêtais pas attention. J'avais envie de gerber.
    Quelqu'un prit place à côté de moi et posa ses avant-bras sur la balustrade.

- Tu pourrais répondre au téléphone.

   Je me tournai vers Osamu, ce n'était plus la peine de passer par quatre chemins.

- Suna a dit que je te plaisais.
- ...
- C'est vrai ou c'est faux ?
- C'est vrai, fit-il en regardant le centre-ville éclairé.
- Alors pourquoi tu l'as embrassée ? T'es stupide.
- Franchement si c'est pour que tu me parles comme ça je vais retourner en bas.
- Nan tu peux rester, c'est moi qui m'en vais.

    J'allais quitter le balcon quand il attrapa mon bras.

- Lâche-moi Osamu je ne rigole pas.
- Pourquoi tu fuis ?
- Pourquoi toi tu fuis ? Pourquoi t'es venu avec elle ? Pourquoi tu l'as embrassée si c'est moi qui te plais ?!
- Je sais pas !

    Je tirai mon bras en arrière pour me libérer et il finit par me lâcher. Sa perte d'équilibre le força à reculer jusqu'à ce que son corps se cogne contre la balustrade. Je lui répétais qu'il était idiot et il ne résistait pas. Il se contenta de me regarder les yeux remplis de peine.

- J'en peux plus de me disputer avec toi, dit-il si bas que j'eus du mal à l'entendre.

    Une de ses mains se posa sur ma hanche et il me tira doucement vers lui, plaquant mon corps contre le sien. Il passa son autre main derrière ma tête, rapprochant nos visages jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'à quelques millimètres l'un de l'autre. Il s'arrêta là, n'osant pas aller plus loin.
     On était tellement proches que je sentais son souffle sur ma peau. Je me décidai enfin à l'embrasser, effleurant simplement ses lèvres.
     C'était très doux, j'avais l'impression que c'était ainsi qu'auraient dû être les choses entre nous dès le début.

- Qui l'eut cru, hein ? rigola Osamu.
- Tais-toi, ne gâche pas ce moment. Et puis tu l'as quand même embrassée, faudra que tu te rattrapes.

Il rit à nouveau et prit mon menton pour sceller nos lèvres une seconde fois, plus intensément. Je me sentais bien dans ses bras, je voulais y rester encore un peu.

- Tu veux dormir à la maison ? lui demandai-je. Mes parents sont pas là.
- Ok mais je couche pas le premier soir.

Je lui donnai un petit coup dans l'épaule et on alla prendre l'un des derniers bus. J'envoyais un message à Aran et à Suna pour les prévenir que je rentrais, et ce dernier me répondit par un « protégez-vous » qui me fit lever les yeux au ciel.

Le bus était vide et je m'assis côté fenêtre. Je le sentis prendre ma main au bout de quelques minutes et nos doigts s'enlacèrent timidement. On resta ainsi tout le long du trajet.
    Une fois arrivés chez moi, on monta dans ma chambre. On était tous les deux épuisés et la nuit était chaude malgré la saison, alors j'ouvris ma fenêtre. Tout était calme dehors, la lune était la seule source de lumière qui nous permettait de ne pas être plongés dans le noir. Sans un mot, je me glissai sous les draps et attendis Osamu qui déboutonnait minutieusement sa chemise. Malgré la pénombre, je distinguai son buste presque nu.

- Je te vois, fit-il.
- J'ai le droit de te mater maintenant, non ?
- Pourquoi te contenter de ça ? demanda-t-il en souriant.

    J'eus un rire nerveux, je n'arrivais pas à me rendre compte de la situation. Osamu, le garçon avec qui je me disputais tout le temps et que je supportais à peine, était en train de lâcher des sous-entendus salaces torse-nu dans ma chambre.

- C'est vrai que t'as laissé l'autre follasse te tripoter toute la soirée, c'était répugnant.
- Et à chaque fois qu'elle le faisait je pouvais pas m'empêcher de penser à tes mains à la place des siennes, ajouta-t-il d'un ton dramatique en posant sa chemise sur la chaise de mon bureau.
- C'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité.

    Je me décalai pour lui faire de la place. Il s'allongea à côté de moi et me demanda de me rapprocher. J'obéis, laissant ses bras m'enlacer délicatement. Son odeur et sa chaleur rassurantes m'enveloppèrent et un sentiment de bien-être me fit soupirer. Il avait sur moi un pouvoir que je découvrais tout juste, n'ayant jamais connu ce genre de proximité avec Kita.

- Ça va ? chuchota-t-il.
- Oui pourquoi ?
- Tes muscles sont tout tendus. Si t'es mal à l'aise...
- Non, je suis parfaitement bien. T'as pas intérêt à bouger.

    Je devinai son sourire dans l'obscurité et il m'embrassa très doucement. Je sentis mon corps se détendre progressivement et finis par m'endormir dans ses bras.

࿐༉⟡꙳⋆





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𝐓𝐞𝐧𝐝𝐞𝐫 𝐢𝐬 𝐭𝐡𝐞 𝐍𝐢𝐠𝐡𝐭 - 𝗈𝗌𝖺𝗆𝗎 𝗑 𝗋𝖾𝖺𝖽𝖾𝗋Où les histoires vivent. Découvrez maintenant