Partie 1 - Une sorcière pas comme les autres.

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PARTIE 1 - UNE SORCIÈRE PAS COMME LES AUTRES.

I. Une étrange lettre menant à une étrange rencontre.

Les bras croisés sur son minable bureau, elle fixait de son regard émeraude la mouche qui marchait sans crainte à quelques centimètres de son immense main humaine qui pouvait sans difficultés réduire considérablement son espérance de vie, déjà pas très élevée. Pourtant, la demoiselle n'en ferait rien. Elle était plongée dans ses pensées, ou plutôt dans ce qui lui servait de quotidien. Un quotidien ennuyeux, dépourvu de sens, avec un creux à l'intérieur d'elle qu'elle était incapable de combler.

Si Emma devait résumer sa vie, elle dirait tout simplement "ennuyeuse". Elle était une fille à l'esprit vif et au tempérament de feu. Elle détestait être enfermée à l'intérieur et surtout n'était que peu docile. Dans son orphelinat, elle avait un don particulier pour faire tourner en bourrique les bonnes sœurs qui l'avaient accueillies. Elle appréciait ce geste, mais c'était plus fort qu'elle, elle ne supportait pas qu'on lui dise sans arrêt ce qu'elle avait à faire, qu'on lui ordonne des choses à longueur de journée. Surtout, elle détestait qu'on l'oblige à croire à n'importe quoi.

Lorsqu'on vivait dans un orphelinat régi par une église catholique, il n'y avait rien de plus logique que d'être poussé à se lever tous les dimanches pour aller à la messe, de devoir dire les bénédicités pour chaque repas, et de se voir instruit des moindres lignes qui formaient ce livre qu'on appelait le Nouveau Testament, la Bible. Le hic était qu'Emma ne croyait pas à en toutes ces choses. Si elle devait y croire, elle se détesterait. Parce que si elle y croyait, elle serait obligée de dire qu'elle était possédée par le Démon, par le Malin, par Lucifer, par Satan...

Très tôt dans sa jeunesse, elle s'était découverte certains dons. Elle arrivait parfois à lire dans les pensées des gens (elle ne voyait que des bribes, des images au hasard dénuées de sens), était capable de faire bouger des objets par la pensées (même si ce n'était que de petits objets sur de très courtes distances), et une fois, avait même eu l'impression d'avoir volé alors qu'elle dévalait trop vite les escaliers de l'école du coin. Ce jour-là, elle s'était sentie planée alors qu'elle venait de louper une marche. Tous ces pouvoirs, c'était bien la seule chose qui plaisait à Emma dans sa vie et c'était tout ce qu'elle devait garder secret, par peur d'être traitée de monstre par ses camarades, par les sœurs, par la Mère supérieure. Malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle pouvait être folle, qu'elle pouvait imaginer toutes ces choses, justement à cause de cet ennui qui la rongeait...

Emma n'avait jamais connu ses parents. En tous cas, elle n'en avait aucun souvenir. La jeune fille avait à présent onze ans et elle ne savait rien sur son passé, ni sur qui elle était, mise à part un prénom ; Emma. Et encore, est-ce qu'elle était sûre que ce nom était venu du fruit de l'imagination de ses défunts parents ? Elle n'en savait rien du tout. La Mère supérieure lui avait raconté qu'il y avait presque dix ans à présent, elle avait trouvé un petit bébé devant la porte de l'orphelinat. Le bébé devait avoir un an, la nuit tombait, un vent glacial s'était levé, mais le bébé ne pleurait pas. Il était si calme que ce fut un pur hasard si une des sœurs l'avait trouvé en sortant les poubelles. Un bébé dans un couffin bien chaud avec une lettre glissée entre celui-ci et le bébé. Celle-ci parlait de la mort de ses parents et qu'elle devait ainsi rester en sécurité entre les murs du saint orphelinat. Ce bébé, c'était elle, Emma.

Ainsi était constituée l'identité d'Emma ; un couffin et une lettre écrite sur un papier épais et jauni à la manière d'un vieux parchemin. La demoiselle souffla et la mouche s'envola sans hésiter pour s'enfuir par la fenêtre ouverte. Il faisait bon dehors pour un jour d'été en Angleterre. L'été était souvent synonyme de pluie dans le pays. Emma s'étira et toussota légèrement, sans rechigner. Elle était habituée, elle était de nature fragile malgré son expansivité. Une nature qui se transcrivait dans cette silhouette fine, même frêle, aux formes féminine encore inexistantes. Elle mangeait pourtant bien à la limite du raisonnable pour son estomac tout aussi fragile, mais elle ne prenait pas un gramme. Heureusement, elle avait quand même de belles joues roses d'enfant qui lui donnait beaucoup moins l'air d'être malade. Elle bailla et passa ses mains dans ses cheveux.

Dans l'ombre du héros. [ Harry Potter ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant