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La journée était passée rapidement, et le temps s'était amélioré en même temps que la couleur du teint sa mère. En effet, Mrs Davins ne se portait plus pâle, et s'était déclarée, en fin d'après-midi, apte à sortir. Accompagnée, bien sûr de sa chère aimable fille, Natt, dans les jardins derrière l'hôtel.

C'est ainsi, après avoir dévoué déjà toute la matinée à être à son chevet, faire des aller retours entre l'accueil et la chambre numéro 8 à la recherche de verres d'eau ou une couverture supplémentaire, la brune devait supporter quelques heures supplémentaire avec sa mère dans les jardins.

Bien évidemment, sa fille avait gardée ses pensées pour elle. Mais alors que le dîner approchait à grand pas, et qu'elle n'était toujours pas allée voir la mer, Natt s'impatientait. On pouvait deviner par-dessus le bruit des conversations et des fontaines, le flux des vagues qui l'appelaient, ainsi que les goélands et mouettes criant dans le ciel.

Natt mourrait d'envie de se faire remplacer par sa sœur, écouter les conversations sans buts de sa mère la fatiguait plus que le voyage avait pu le faire. Elle parlait uniquement de ce que ses amies lui avaient pu lui rapporté des « ragots » de Londres. Comme quoi, la fille des Jenkins s'était enfin mariée, ou que leur cousine venait d'avoir des triplets, des beaux garçons roux, aux cheveux bouclés. Ou encore Rosemary Hilss, son ancienne camarade de couture, avait déménagée dans le sud de la France et ne correspondait plus avec sa famille depuis quelques mois à présent.

Mrs Davins se plaignait pour les parents de Rosemary, tant dis que Miss Davins, de son côté, enviait la vie de cette jeune femme.

La brune aimait ses parents, mais, parfois être une femme « obéissante et sage » l'épuisait. Alors, elle se mordait la lèvre et prenait sur elle.

Elle laissait les paroles s'imbiber dans son cerveau, incapable de penser de toute façon, et tentait de se distraire à l'idée qu'il restait moins d'une heure à présent avant le souper.

Puis, une fois qu'elle avait réussit à faire abstraction des paroles de sa mère, Natt pu trouver matière à distraire dans sa séance musicale de la veille.

Qui était ce mystérieux pianiste ? Elle commença à regarder chaque personne sur son passage, se demandant si ce n'était pas lui. Si cela se trouvait, elle l'avait déjà vu ! Et peut-être que ce pianiste était une vieille dame, comme un jeune damoiseau. Les possibilités étaient infinies, et cette correspondance mystérieuse lui plaisait. Son ennui s'était troqué pour de la curiosité, et Miss Davins avait remplacé la lassitude qui lui rongeait le ventre par de l'excitation pure. Elle avait la délicieuse l'impression de vivre dans un roman.

Elle sentit le bras de sa mère entre le sien la conduire à travers les bosquets de fleurs au fort parfum. Lorsqu'elles prirent le virage, elles faillirent bousculer une jeune femme qui sentait les fleurs. Natt se stoppa, reconnaissant la femme de la veille : ses cheveux blond aux reflets presque blanc, sa peau luisante comme de l'huile pour soin, et ces lèvres douces rosées comme la fleurs qu'elle sentaient. Mais sa mère continuait à avancer, ne ralentissant point la cadence des flots de ses paroles. Sa fille fut contrainte à suivre, mes ses yeux s'accrochèrent tout de même à ceux de la blonde, qui l'a dévisagea. Natt savait qu'elle se souvenait d'elle aussi.

- Natt ? Vous m'écoutez ??

- Pardonnez-moi mère, répondit-elle.

Sa mère lui chuchota encore un reproche, comme quoi, c'était son devoir de l'écouter et de se montrer attentive à ce qu'elle disait. En l'espace de quelques secondes, elle avait réussi à chasser sa bonne humeur.

Toute sa journée avait été gâché par le mauvais caractère de sa mère. Malgré les remarques, les ordres qu'elle avait pu lui lancer, Natt ne s'était pas montrée moins gentille, patiente et attentive. Comment était-elle remerciée ? En se faisant disputer comme une vulgaire enfant.

Lettre à Louise - histoire originaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant