3-

15 4 2
                                    

Le fait que « chaque action a ses conséquences », Natt le savait. Peut-être trop bien même. Depuis sa tendre enfance, on ne cessait de le lui répéter. Et donc, pour avoir pris la liberté de se promener sous la pluie hier, Natt devait assumer sa punition. Elle prenait la responsabilité de ses actes, comme l'adulte qu'elle était. Mais c'était sa mère qui ne semblait pas accepter le fait qu'elle n'était pas à genoux devant elle, à implorer son pardonner. Enfin, elle était une femme, de chaire et de sang, pas en sucre ! Ce n'est pas la pluie qui allait la tuer. Sa santé était forte, elle n'aurait pas
plus qu'un rhume.

Mrs Davins insista pourtant, avec l'aide de Mr Davins et Miss cadette Davins, pour qu'elle reste alitée dans le lit toute la journée, si elle ne voulait pas qu'un docteur vienne l’ausculter. Et un des trois membres constituant sa famille devait se relayer pour la surveiller et rester avec elle. Natt se trouvait comme enchaînée, mais avec l'aide d'aucun lien. Alors elle fit semblant de dormir pour ne pas avoir à avoir à affronter les fausses conversations, comme le fait que la météo avait encore changée. Ses parents trouvaient toutes sortes d'excuses pour la clouer au lit, et ils se donnaient tellement de mal que, finalement, Natt abdiqua et finit par réellement dormir.

La journée poursuivait son rythme d'une lenteur incroyable, et semblait interminable.
Au final, elle était seule à présent, mais la motivation de sortir dehors avait quitté son corps. De la baie vitrée de sa chambre, elle regardait la mer et les familles se promener sur les plages. Les enfants couraient après les cerf-volants, les familles pique-niquaient ou faisaient un tour... Il faisait beau, et l'eau récoltée de la veille était irriguée droit vers la mer.

La matinée avait succéder à l'après-midi, et un membre du personnel avait apportée une
assiette de soupe de poisson à son chevet. Ça avait été, depuis, son seul déplacement. Puis sa
famille finit éventuellement par s'ennuyer, et vint de nouveau la voir.

- Mère, je me porte bien ! Je ne me sens plus faible ou pâle. Dit elle, en poursuivant
mentalement « si je me suis même sentis telle »

- Bien, j'espère que tu as appris une fois pour toute que « toutes tes actions ont des
conséquences », chérie.

Mrs Davins embrassa son front et caressa ses cheveux affectueusement. Comment Natt
pouvait lui en vouloir maintenant ? Impuissante face à la tendresse occasionnelle que lui offrait
sa mère, elle l'enlaça et soupira en souriant. Elle était faible face à famille, et maintenant, elle
ne lui en voulait même plus pour avoir gâcher deux de ses jours.

- Voyons, tu n'es plus enfant ! Continua la mère en la repoussant, pour ne pas dire qu'elle avait
apprécier ce moment. Joue-nous quelque chose au piano, veux-tu ?

Natt sourit : c'était tout ce qu'elle demandait.

Elle se leva précipitamment et ouvrit le couvercle du piano. Elle s'assit et se positionna, puis attendit que son père et sa sœur s'assied pour l'écouter. C'était son premier récital depuis longtemps. Elle se souvenait encore de quand sa sœur et elle s’entraînaient aux quatre-mains
pour les anniversaires ou fêtes, de sorte à faire l'animation. Son père parfois venait se joindre à elles et chantait en improvisant des paroles, souvent sur une maison à la campagne. C'était les beaux temps, avant que tout ne devienne compliqué entre-eux.

La pianiste de la famille entama donc le même morceau que la veille. La mélodie se répercuta à nouveau sur tous les murs du salon, et les fautes qu'elle avait fait semblait s'évaporer au fur et
à mesure que le morceau évoluait. Bien sûr, tout n'était pas parfait. Natt sentait son cœur
s'emballer à l'idée que plusieurs oreilles prêtait en actuellement attention à ce qu'elle jouait. Les mots « ne pas se tromper » raisonnait beaucoup trop dans sa tête, mais cela ne la laissait pas
moins insatisfaite de sa prestation.

Alors qu'elle s'arrêtait à la fin du morceau, ne décidant de ne pas faire la reprise, le piano
continua de jouer. Mais ce n'était pas celui de la chambre n°6, c'était le piano de la veille ! Le
mystérieux pianiste continuait le de jouer !

- Comment- ? Commença sa mère, mais sa phrase se perdit.

Natt les regarda, aussi intriguée qu'eux, puis se leva de son tabouret. Contrairement à eux, elle
souriait. Elle quitta sa suite en courant sous les regards interloqués de sa famille. Sans s'arrêter, elle s'avança dans le couloir, prenant la cage d'escalier au lieu de l’ascenseur, attrapant sa robe d'une manière pas très convenablement, pour se sentir plus libre de mouvement. Natt arriva enfin à la réception. Le souffle court, elle sautillait sur place, et appuya plusieurs fois sur la clochette. De ses doigts en tapant le bois du comptoir, impatiente. C'était possible que le pianiste avait déjà fini de jouer, et elle ne le trouverait pas. Mais la curiosité était chez elle un facteur moteur, donc elle ne céda pas au doute et prit, en attendant que quelqu'un
ne réponde, un petit carton de l'hôtel pour écrire son message.

- Pas la peine d'appuyer plusieurs fois sur la clochette...bougonna l'hôte. Que voulez-vous ?

- Oui, bonjour, quelles chambres ont un piano ?

- Toutes celles de l'étage supérieure, pourquoi donc ?

Mais Natt était déjà repartit.

Elle courrait, mais manquait d'exercice, donc finit par gravir les marches deux par deux, au rythme de marche.

Revenue à l'étage de sa chambre, elle s'approcha de chaque porte pour coller son oreille. Il
fallait qu'elle trouve d'où venait le son du piano. Elle devait faire vite car elle ne savait pas pendant combien de temps la personne jouerait ! Mais, enfin, dans une satisfaction comme si elle venait de gagner un prix, Natt trouva la bonne chambré.

Natt porta sa main à la porte, encore essoufflée. Elle allait frappée lors que des pensées la
traversèrent. Maintenant qu'elle savait où ce trouvait ce pianiste, que devait elle faire ? Toquer en attendant que l'inconnu lui ouvre la porte, ou alors glisser son message en dessous de la porte pour maintenir une correspondance mystérieuse et à distance. La brune se tint debout, devant la porte, hésitante. Peut-être que le pianiste ne voulait pas la rencontrer ? Après tout, leur échange n'était qu'un jeu, et si c'était en fait une vieille personne, ou au contraire, une jeune personne.

Alors elle resta devant, le souffle chaud encore de sa course, se mordant la langue jusqu'au
sang. Elle jouait avec le carton de l'hôtel dans sa main, entendant le morceau arriver à sa fin.
Que devait-elle faire ? Il fallait qu'elle réfléchisse vite !

Le piano résonna quelques instant avant de se taire complètement. Natt sentait sa respiration
se couper court contre la porte de bois. Elle entendit des pas se rapprocher de la porte d'entrée, alors la brune se baissa, prenant peur, pour éviter l’œil de Juda. Profitant de sa proximité avec le pan de la porte, elle glissa le mot. Ensuite, telle une enfant jouant au jeu des sonnettes, elle courut jusqu'à sa suite, ou enfin, elle se permit de reprendre son souffle.

Ça y était, c'était trop tard pour faire marche arrière maintenant. Natt était appuyée contre sa porte d'entrée en souriant. Ses cheveux étaient défait par la course, mais son visage
resplendissant. Son séjour était bien plus excitant que prévu. Et maintenant qu'elle s'était engagée dedans, elle devait assumer ses actes, car chaque action avait bien a ses conséquences.

Lettre à Louise - histoire originaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant