NÉMÉSIS, LES ROSES DE ROME T.1 | Romantic suspens

17 | Les grands bruns sont des abrutis

JULIA

J- 52

14h01

Villa Spinam, île inconnue, Mer Ligure

   

J'ai eu envie de le jeter par-dessus bord cinq fois. Six, si on compte celle où j'ai imaginé un poison qui lui gobait le crâne et peut-être sept si on ajoute celle où je me voyais le pousser par-dessus bord alors qu'il vomissait ses tripes. Pourtant, je me suis montrée bien sage et serviable et n'est rien fait de tout ça alors que j'en mourrais littéralement d'envie.

Rosalia s'active autour de nous pour amarrer le bateau, guidée par les instructions de ma jumelle à l'avant de la cabine. L'embarcation tangue dangereusement, secouée par les remous de la mer et cogne soudain le mur de l'immense villa avec fracas. J'agrippe le bastingage pour ne pas tomber et je réprime un rire quand je vois Emilio qui chute lamentablement contre la barrière, entraînant alors Alex qui essayait de l'aider à rester stable. Hayden, lui, ne perd rien de son élégance et semble parfaitement maître de la situation, imperturbable quant aux chavirements du bateau. 

Une fois arrimés, Rose traverse le pont et enjambe le bateau pour sauter avec agilité sur l'une des marches de l'escalier en pierre, seul point d'accès du domaine. Hayden et Caleb l'imitent, rapidement suivis de Cece et d'Emilio encore plus paniqué maintenant qu'il est temps de descendre. J'attends mon tour, priant pour le voir tomber encore une fois.

— Putain, pire traversée au monde ! se plaint le brun en passant devant moi.

— J'essayais que tu passes par-dessus bord, connard.

Il se tourne vers moi, surpris de me trouver là et me lance un coup d'œil dédaigneux qui se veut intimidant. Je le fusille du regard à mon tour, prête à en découdre s'il le faut.

— Pourquoi tu me parles, toi ?

— Pourquoi tu me parles, toi ? l'imité-je avec ma voix la plus aigüe.

Il me dévisage de haut en bas et je soutiens son inspection, un sourire placide collé aux lèvres.

— Psychopathe, crache-t-il.

— Trou du cul, réponds-je du tac au tac.

Il fait un pas vers moi et je ne bouge pas car il est hors de question pour moi de céder face à l'ennemi. Il tend sa main pour attraper mon menton mais j'arrête violemment en bloquant son poignet entre mes doigts.

— Tu sors les griffes, bella mia.

— Appelle-moi encore une fois comme ça et je découpe tes couilles pour en faire un ragoût.

Ma répartie fait apparaître un sourire resplendissant sur son visage et je serre les dents pour m'empêcher de le lui arracher de mes ongles. Désormais, j'ai l'impression de ne vivre que pour lui faire ravaler son sourire de merde et les surnoms douteux dont il a décidé de m'affabuler. Il s'approche encore plus près et je me contiens pour ne pas reculer et me dégager de ses yeux noirs qui me scrutent et refusent de me lâcher. Je sens son souffle sur ma peau et son parfum boisé me percute de plein fouet.