EMILIO
J- J
10h13
Quelque part dans le parc de la Galerie Borghèse, Rome, Italie
Vous êtes-vous déjà senti plus fort que tout, comme au-dessus des lois ? Avez-vous déjà ressenti cette excitation furieuse qui vous prend aux tripes, cette adrénaline qui monte en vous quand vous vous apprêtez à faire quelque chose de complètement fou ?
— Emi, tu penses à quoi ?
Je me contente de répondre à Cece par un vague sourire énigmatique dont je suis le spécialiste et bascule d'avant en arrière dans le métallique fauteuil du parc. Les bruits de conversations, au loin, résonnent jusque dans mes os et je laisse la sensation grisante du danger à venir s'infiltrer en moi. Je crois que la vengeance est un poison addictif au goût sucré de la violence et putain, je suis déjà accro.
— Panique pas hein, se moque Alex en me voyant perdu dans mes pensées et étrangement silencieux.
— Dis ça à Hayden, pas à moi, bougonné-je.
Le concerné qui n'étais assis qu'à quelque pas de nous, relève subitement le menton et me dévisage avec un mépris mal dissimulé. Il a l'air terriblement calme, encore plus que d'habitude et il n'y que le fait que ses joues rougissent à chaque fois que les jambes de Rosalia en grande conversation avec cette timbrée de Julia, rencontrent accidentellement les siennes qui trahissent qu'il est toujours vivant. Les petites pâquerettes ne ressortiront pas indemnes de ses pieds qui s'enfoncent dans l'herbe pour contenir les afflux sanguins qui le traversent.
Hayden est sous tension et c'est adorable à voir.
— Je savais qu'on aurait jamais dû vous laisser participer, prend-il quand même la peine de répondre.
Il faudrait qu'il apprenne à mentir un petit peu mieux. Je lui adresse un sourire moqueur mais il préfère continuer de me fusiller du regard. Notre conversation interpelle la grande brune à ses côtés qui se tourne vers moi, amusée par mon hardiesse.
Pourtant l'envie de répondre avec un rire malicieux me passe rapidement. Ses yeux sont redevenus comme lors de cette soirée au théâtre : trop froids pour être soutenus, trop sombres pour être affrontés. Il n'y a plus cette bienveillance étrange dans ces pupilles grises, plus cet humour tordu et violent au creux de ses iris car il n'y a plus que le reflet d'un appel strident à la folie. Je ne savais pas, avant de la rencontrer qu'un regard pouvait faire si peur.
Je me détourne et cherche cet abruti de Cal qui me déteste presque autant qu'il m'adore. J'aperçois sa tignasse noisette près d'un sapin, à quelques mètres de là, et me dépêche de le rejoindre. J'arrive en claquant son dos du plat de ma main et il sursaute comme une fillette alors je me moque ouvertement de lui et il s'assure que je remarque bien le gros doigt d'honneur qu'il m'adresse avant de me laisser voir à quoi ils occupent ces mains.
Je tombe des nues en apercevant la photo de nos deux pères s'enlaçant dans leurs derniers instants. Je relève les yeux, croise les siens qui luisent de larmes salées. Je ne savais pas qu'il l'avait encore avec lui : je pensais qu'elle avait disparu pour de bon quand nous l'avions laissé en Sicile pour nous enfuir.
Il me laisse la lui prendre des mains et mon pouce passe doucement sur les contours de son visage souriant, presque fier. Ils ne méritaient pas de mourir comme des porcs condamnés à l'abattoir. Pourtant, alors que je craignais d'avoir mal en revoyant ainsi le visage de mon père, je n'éprouve qu'une sourde colère qui me consume de l'intérieur.
VOUS LISEZ
NÉMÉSIS, LES ROSES DE ROME T.1 | Romantic suspens
ActionRome, Italie Caleb et Emilio n'ont plus qu'une idée en tête tandis qu'ils s'enfoncent dans les dédales de la cité italienne : fuir. Ils savent que Donato Grimaldi, le lion de Sicile, est à leurs trousses : s'ils sont rattrapés, ils ne donnent pas ch...